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Accusé d'avoir reçu des fonds libyens: Sarkozy enfoncé par un des fils de Kadhafi

par Yazid Alilat

L'ancien président français Nicolas Sarkozy, placé sous contrôle judiciaire et mis en examen, le 21 mars dernier, pour «corruption passive», «financement illégal de campagne électorale» et «recel de fonds publics libyens», à l'issue d'une garde à vue dans l'affaire de financement occulte de sa campagne électorale de 2007, qu'il a remportée, a été encore accablé par de nouvelles révélations. Celles, cette fois-ci, d'un des fils de l'ancien dirigeant libyen, Maammar Kadhafi, Seif El Islam, actuellement détenu à Tripoli. L'ex-chef de l'Etat français est accusé d'avoir reçu de l'argent du dirigeant libyen pour financer sa campagne électorale. Dans son témoignage écrit, envoyé le 10 août dernier, à la Justice française, Seif el Islam Kadhafi détaille les rapports qu'entretenaient les deux chefs d'Etat, notamment le rôle de Maamar Kadhafi dans le financement de la campagne électorale de Sarkozy. Le fils de Kadhafi confirme la remise à Claude Guéant, alors directeur de campagne de Sarkozy, et qui deviendra, par la suite, le SG de la présidence de la République, d'une somme de 2,5 millions d'euros en espèces, par l'ancien directeur de cabinet du colonel Kadhafi, Bachir Saleh, pour soutenir la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2007. Dans une déclaration à une équipe de ?France Télévision', Bachir Saleh, réfugié en Afrique du Sud, confirme: «Oui, c'est vrai!». Il ajoute que «Kadhafi a un budget spécial pour les personnes qu'il souhaite soutenir,» chiffrant l'enveloppe globale à 350 millions d'euros. Dans sa lettre à la Justice française, transmise par ses avocats, Seif El Islam Kadhafi confirme, également, le rôle-clé joué, dans ces transactions, par le Franco-libanais Ziad Takieddine, notamment dans l'acheminement des fonds. Mais, surtout, la promesse d'une grâce de Abdallah Senoussi, beau-frère de Mouammar Kadhafi, condamné à perpétuité pour sa «participation», dans l'attentat, en septembre 1989, de l'avion de l'ancienne compagnie aérienne française UTA après son décollage de N'djamena, au-dessus du désert tchadien. Toujours selon le fils de Kadhafi, des concertations avaient eu lieu pour «débloquer les montants et soutenir l'élection de Sarkozy, à partir des fonds alloués à la politique ou aux honoraires d'avocats, dans les affaires internationales connues». Il confirme, également, toutes les informations concernant le rôle d'Alexandre Djouhri, l'intermédiaire français proche de Dominique de Villepin, actuellement détenu en Grande-Bretagne, dans les pourparlers d'achat des avions ?Airbus' par la Libye, évoquant un financement politique de l'ancien Premier ministre. «Une fois les dossiers des affaires Lockerbie (autre attentat terroriste ayant visé, en décembre 1988, un vol de la ?Pan Am', imputé à la Libye, Ndlr) et ?UTA' clos, la Libye a conclu plusieurs contrats stratégiques, notamment un contrat pour l'acquisition d'avions ?Airbus'. Les instances libyennes, en charge de ce contrat, ont fait l'objet de plusieurs contacts commerciaux de la part d'agents commerciaux, d'intermédiaires commerciaux et de politiques», explique Seif El Islam Kadhafi, qui relève qu'à chaque fois, «Sarkozy proposait avec une étrange insistance à la Libye d'acheter des avions français ?Rafale'. Nous avons appris par la suite que le propriétaire de l'entreprise Dassault était patron d'une puissante institution médiatique qui était l'un des soutiens de Sarkozy». Le fils de Kadhafi a révélé, en outre, que les Qataris ont avancé des fonds, en soutien à Nicolas Sarkozy, lors de l'élection présidentielle de 2007, «en plus des sommes réglées dans l'affaire des infirmières bulgares, à charge pour ce dernier de fournir le feu-vert de la France au Qatar pour l'acquisition d'une part importante de la société EADS.» L'affaire des infirmières bulgares, qui travaillaient en Libye, avaient été accusées, ainsi qu'un médecin palestinien naturalisé bulgare, d'avoir inoculé le virus du sida à des enfants. Elles avaient été libérées, en 2007, après une longue procédure diplomatico-judiciaire par l'ex dirigeant libyen. Par ailleurs, l'ancien président français, mis en garde à vue, en mars dernier, pendant plus de 24 heures, avait demandé à être placé sous le statut de témoin assisté, avant de finalement être mis en examen. Il dément toutes les accusations dont il fait l'objet. Cette mise en examen a marqué une vraie accélération, dans cette affaire de financements occultes de sa campagne présidentielle de 2007, instruite par des magistrats du pôle financier, pendant près de 5 ans. Son avocat, faisant référence à l'affaire ?Bettencourt', a annoncé qu' «il en sera de même dans cette affaire». En 2011, c'est cet ex-président français, qui avait appelé pendant le «printemps arabe», à la chute du régime libyen, pris la tête d'une coalition internationale et sous le parapluie des Nations unies, a envoyé l'aviation française bombarder les villes libyennes et soutenir la révolte de l'opposition.

Aujourd'hui, ans après, il n'existe plus de véritable entité politique libyenne, le pays étant gouverné par des milices militaires, des franchises terroristes, et des seigneurs de la guerre, qui tirent leur légitimité auprès de l'opinion publique locale, après avoir été des opposants au régime dictatorial de Kadhafi.