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Tout écrivain
voudrait bien vivre des seuls dividendes de son art cursif. De la sueur de sa
main moite, en quelque sorte. Mais la plume n'est plus à même de lui rendre cet
hommage certain. Elle ne fait plus vivre comme jadis et autrefois son maître :
celui qui sait et fait administrer toutes ces belles parades de l'espoir.
Elle n'est plus donc en mesure de bien nourrir, pourvue pourtant de ses nombreux secrets et innombrables sorcelleries, celui qui a su lui donner tout à l'heure ou des années durant toutes ces belles trajectoires de la vie ; ainsi que celui qui a procuré à l'humanité tous ces rêves inimaginables, très fantastiques sinon éternels, grâce à un simple mouvement bien habile de sa main, mais surtout anodin, répétitif et bien compétitif. Et même si l'écrivain n'est plus à cours d'idées, ce sont plutôt ses plus fidèles lecteurs qui le fuient à présent. Qui l'évitent à tout instant ! Pourquoi ? Le livre a-t-il à ce point-là perdu de sa superbe, le texte de sa magie, le poème de son lyrisme et halte rythmée, le verbe de sa résonance, la sagesse littéraire de son inévitable écho favorable, et l'écrit de sa fantaisie et sérieuse attractivité ? Parmi les humains, il existe bien évidemment ces êtres-là très doués qui cultivent la belle parole, trouvant toujours cette magnifique parade, et excellent dans ce formidable art de dire, de peindre, de dépeindre, de sculpter ou d'écrire, décrivant tous, et chacun à sa manière, leur environnement et le monde qui les entoure de façon à le rendre plus gai, plus intelligent, sinon à seulement bien le découvrir tel qu'il est à leurs semblables et pairs. Dans leurs prestations, on y décèle ou y découvre cette facilité déconcertante de faire ou de dire, et cet art superbe et inimitable d'écrire ou de décrire les choses de la vie ou le comportement des êtres humains. De nos jours, tout le monde consent que le développement très rapide des techniques de communication s'est, en particulier, opéré aux dépens de l'intérêt sans partage autrefois accordé au « roi-livre » de Shakespeare ; ne se doutant guère que la fuite de nos librairies allait atteindre ce niveau désastreux pour notre pauvre culture, les professionnels du livre les premiers. Cependant, le désastre y est grand ! La catastrophe prend également l'allure d'une vraie hécatombe tant la supercherie y est flagrante et la politique qui l'accompagne trop arrogante ! Comment faire ? Comment donc s'y prendre ? Sinon comment encore rapidement y remédier ? Faute de lecteurs, nos auteurs ont tout l'air d'un troupeau de moutons égarés en plein désert torride et inculte, manquant de pâturage, la tête dans les nuages et l'esprit dans les parages ! Nos meilleures plumes ne sont autres que des bergers désemparés, devant la menace certaine et l'appétit vorace de tant de loups qui font en plein jour ces interminables intrusions dans leurs pourtant bien tranquilles et très surveillées bergeries ! L'heure est donc bien grave ! L'avenir est sérieusement compromis? ! Notre culture se retrouve de ce fait et par la faute à certains de ses propres responsables bel et bien au pied du mur, face au chaos, tout à fait en bas de l'ascenseur des valeurs humaines, et son produit n'est vendu qu'au rabais de sa véritable contre valeur. Elle titube, contrainte à chaque fois de difficilement se relever de son calvaire, interminable galère, et ininterrompue errance ou endémique misère, ne mesurant plus la bonne trajectoire du savoir ; puisque rendue par la force des choses et autres gabegies humaines orpheline de son inestimable savoir. Incontestablement, nous touchons le fond de l'abîme, nous enfonçant davantage dans notre ignorance : dans notre chute inévitable et surtout inacceptable ! Il y a comme une vraie rupture ou béante déchirure au sein de la société algérienne : entre les citoyens et leur propre culture ; entre ce besoin imminent de se cultiver et celui tout nécessaire de plutôt survivre à la misère et à la violence de tout bord. Ainsi donc, le tout précieux livre ?ce support incontestable du savoir- devient malgré lui ou à cause de leur mauvais comportement à son égard et inacceptable ignorance tout simplement le dernier de leurs soucis. Sinon ce besoin si facile à occulter, découlant du peu d'intérêt accordé à l'art de s'instruire et à cette noble culture favorable à cette attitude de bien se comporter en êtres civilisés et en citoyens modernes. Manifestement donc, l'espace séparant le pauvre citoyen de son manuel de culture générale s'est élargi de façon considérable, creusant ce fossé très profond entre l'individu et son autrefois très fidèle ami ou modèle de confident. Par conséquent, la situation s'est -de fait- nettement détériorée. Dans notre univers, il y a à présent comme ce commerce prometteur sans potentiels clients ou consommateurs intéressés ; ce berger aguerri et bien disponible sans le moindre troupeau ou zones de pacage possibles ; cette toute belle et très calme mer à jamais abandonnée par ses chouettes mouettes ; bref, comme cette terre bien aride qui n'arrive plus à nourrir le monde qu'elle porte sur ses bien frêles épaules depuis des lustres déjà ! On y rencontre ou y retrouve par malheur tous ces troupeaux complètement décimés faute de pâturages ; tous ces autres arbres totalement calcinés pour avoir manqué d'eau nécessaire à l'irrigation de leurs racines devenues flétries ; ces nombreuses richesses détournées pour cause de l'abandon de ces terres très fertiles qui ne demandaient qu'à être bien bêchées et régulièrement ou mieux retournées ; ces initiatives clouées au sol en raison de cet espace vital propre à la communication longtemps séquestré ; ces filouteries remplaçant au pied levé les toutes bonnes intentions et utiles tentations ou prétentions légitimes ou louables initiatives, longtemps et astucieusement orchestrées. Tout est donc parti en fumée au milieu de cette comédie où le livre ?fait à base de papier, faut-il le rappeler !- brûle de toutes flammes et à grand feu ! Avec nos esprits retords, nous accusons énormément de retard sur le monde évolué, agissant cependant sans le moindre remord ! Nous le faisons ou concédons sans aucun état d'âme ! Comme nous sommes si bizarres? ! Après avoir tout perverti dans notre pauvre ou maudite vie, plus jamais le livre ne nous divertit ! Il nous est à présent presque interdit ; c'est d'ailleurs son prix public qui indirectement nous le dit ou le prescrit! Nous ne sommes ou ne restons que tout le temps concentrés sur cet appétit alimentaire à autant que possible bien le satisfaire ; suffisamment lancés dans cette course contre la montre et surtout derrière ce potentiel gain ou argent à lui trouver l'entregent afin de vite l'acquérir, espérant bien terminer notre parcours, devançant si possible nos propres partenaires comme nos très farouches adversaires, ignorant totalement l'esprit ou la morale des bonnes consciences et le grand mérite à accorder à l'auguste science. En vérité, le livre ne rend plus son monde alentour bien ivre comme jadis et autrefois de ses légendaires promesses, belles prouesses et autres merveilles de la vie. Feuille après feuille, il aura été effeuillé de son savoir, complètement dépouillé de son mérite à produire ces bonnes idées qui nous émerveillent ou nous maintiennent éveillés. A présent, d'autres supports, bien moins performants et plus contraignants, lui occultent son chemin et lui dénient ce précieux éveil où la jeunesse allait si souvent puiser abondamment les outils de son intelligence et les principes même de son allégeance à la belle littérature et à cette très utile science laquelle fortifie les consciences et développe constamment les connaissances de l'homme. Face à tout ce malaise, bien général, que dire encore de ce pauvre écrivain dont l'encre coule si difficilement de sa plume ? Que dire encore de celui dont la muse ne hume plus ces sujets qui amusent, pleins de beauté, d'humour ou de ruse, emballant ou régalant toutes ces foules bigarrées qui étaient loin d'être égarées, goûtant à profusion à ces textes de la littérature de rêve autrefois bien succulents et largement étalés? Rien d'autre que de lui signifier que ce sont ces objets scintillants et clinquants de leur éclat et luminosité qui font courir nos jeunes de quartier en quartier et de ruelle en ruelle à la recherche de ce savoir éphémère qui ne pourra au grand jamais remplacer le rôle dévolu au tout précieux livre. Nos jeunes son presque tous partisans du moindre effort, préférant que ça soit l'information et le savoir qui les titillent ou leur rendent visite au lieu d'aller eux-mêmes à leur découverte. Et même si devant tant de déploiement de techniques de communication et de publicité le livre perd du terrain quant à sa fréquente consultation, il ne perdra cependant sans le moindre doute jamais un seul pouce de son utilité envers l'humanité. Ivres de notre livre, nous cherchons toujours à mieux et aussi souvent connaître de son formidable contenu et nombreux secrets ! Nous resterons toujours à son écoute faisant barrière à ces autres échos nouveaux et sons trompeurs ! |
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