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La
première bombe atomique larguée le 6 août 1945 par les Américains sur la ville
d'Hiroshima au Japon avait fait 150.000 morts. L'effroi n'avait suscité en ces
temps-là aucune levée de boucliers pour dénoncer le carnage. Le monde continua
de vaquer à ses occupations tout en retenant de cette folie meurtrière une
leçon importante : non seulement l'arme nucléaire pouvait faire gagner une
guerre mais elle pouvait aussi hisser son détenteur au rang de puissance
capable d'influer sur les relations internationales. La suite ne se fit pas attendre.
L'ancienne URSS mit en service la sienne en 1949, puis la Grande-Bretagne en
1952, puis la France en 1960, puis la Chine en 1964, puis Israël en (?). Le
flou entretenu par ce dernier sur la date de possession de l'arme nucléaire est
d'une ambiguïté devenue célèbre, et risible à la fois, grâce à son ministre du
Travail d 'alors, Ygal Allon, qui déclara en 1963 : « Israël ne sera pas le
premier État à introduire des armes nucléaires au Moyen-Orient, mais il ne sera
pas le deuxième non plus ». D'autres suivirent, comme l'Inde en 1974, le
Pakistan en 1998, la Corée du Nord en 2005. Depuis, aucun de ces pays ne tolère
de menace, d'où qu'elle vienne, susceptible d'attenter à sa souveraineté ou à
son indépendance. La dissuasion nucléaire comme doctrine militaire de défense
et de puissance venait de naître. Mais quid des autres nations qui n'en sont
pas dotées ?
Les rares pays qui s'y sont risqués n'ont jamais franchi le seuil de la première étape de fabrication. « Osirak », un réacteur nucléaire expérimental irakien fut bombardé et détruit en 1981 ; « Cube », une centrale nucléaire syrienne fut pulvérisée en plein milieu du désert syrien en 2007. Les deux opérations sont l'œuvre de l'armée israélienne qui s'acharne à maintenir en état de faiblesse les pays qui représentent un danger pour elle. Plus tard et pour d'autres raisons, l'Irak fut dévasté et Saddam Hussein fut pendu ; la Libye connut le même sort et Mouammar Kadhafi eut la fin sordide que l'on connaît. Les autres continuent à ce jour de louvoyer en se faisant tout petits pour assurer leur survie et celle de leur régime. Il est quand même difficile dans un tel contexte de ne pas faire le parallèle avec le leader « lilliputien » de la Corée du Nord, Kim Jong-un, détenteur lui aussi de l'arme atomique. Il continue de haranguer les Etats-Unis d'Amérique, première puissance militaire dans le monde, rappelons-le, et rien ne lui arrive, pas même quand il menace la Corée du Sud, son voisin pro-américain, de disparition totale de la surface de la terre. On voit bien que ses interlocuteurs surpuissants baissent le ton quand ils s'adressent à lui. Faut-il alors se poser la question de savoir si l'Iran, dans ses velléités de disposer de l 'arme atomique, menace sérieusement ou ne fait que se protéger ? Les deux à la fois, certainement. En effet l'Iran, depuis l'avènement de la révolution islamique de 1979, fait peur. Avec l'arme atomique, « supposée » en cours de fabrication, il fait même très peur. C'est le deuxième plus grand pays du Moyen-Orient ; sa géographie le collant au détroit d'Ormuz qui relie les golfes Persique et d'Oman, il peut aisément perturber l'acheminement de 35% du pétrole mondial transitant par ce passage stratégique ; ses ressources financières sont tirées de son pétrole qui occupe le troisième rang mondial en matière de réserves prouvées ; sa population est estimée à plus de quatre-vingt millions de personnes avec un taux d'alphabétisation de 80% chez les plus de 15 ans ; sa religion, l'Islam chiite, n'est ni paisible ni apaisée aux yeux de ses « demi-frères » sunnites et plus particulièrement de l'Arabie saoudite et des autres monarchies arabes du Golfe qui en ont une peur bleue. On peut dire sans se tromper qu'avec le jeu des alliances et des rapprochements pour cause périlleuse commune, personne ne veut d'un Iran atomique. A commencer par Israël qui ne voudrait pas d'une puissance qui lui est hostile, dotée de l'arme nucléaire. Cette dernière changerait l'équilibre des forces au Moyen-Orient, mettrait à mal son hégémonie régionale, affaiblirait son rapport de forces vis-à-vis des Palestiniens, armerait et financerait ses ennemis à ses frontières, à l'instar de la Syrie qui veut recouvrer son plateau du Golan annexé en 1981 et du Hezbollah libanais avec lequel il est à couteaux tirés. Il ne voudrait pas non plus d'un Irak et d'un Yémen, majoritairement chiites, qui une fois revigorés et remis sur pied prendraient en tenailles une Arabie saoudite majoritairement sunnite qui risquerait de perdre dans ce tourbillon sa puissance financière, son leadership religieux et peut-être même la garde et la gérance des deux Lieux saints musulmans que sont La Mecque et Médine. Les autres pays sunnites, et plus particulièrement la Turquie, n'en veulent pas non plus. On voit bien pourquoi l'échiquier du Moyen-Orient risquerait d'être chamboulé dans des proportions jamais atteintes ; les cartes seraient inéluctablement redistribuées, d'où l'étendue de la menace, et donc de la peur. Leur reste alors un dernier atout. Faire bloc et se liguer contre l'Iran en mettant la pression maximale sur les Américains qui prendront davantage de risques encore. Ils ont déjà quitté l'Accord de Vienne sur le nucléaire iranien en mai 2018 et continuent de saper par tous les moyens, légaux et illégaux, dans tous les domaines et sur tous les fronts, la moindre avancée iranienne. A voix haute ou à voix basse, seul un « Iran à genoux » ne ferait plus peur à personne ; c'est bien le moins que puissent dire ses ennemis, Israël et Arabie Saoudite en tête. |
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