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Les Amériques ont toujours
fait rêver. Depuis la découverte par Christophe Colomb du Nouveau Monde, jamais
l'émigration, légale ou clandestine, n'a cessé vers les Etats-Unis. Bien avant
l'indépendance du pays en 1776, alors sous domination britannique, française et
espagnole, des dizaines de milliers de colons se sont installés dans ce
territoire sauvage mais riche, cherchant de meilleures conditions de vie,
l'aventure, ou fuyant la misère, les guerres, l'injustice et le pouvoir des
seigneurs de la guerre et autres tyrans en Europe, au Moyen-Orient et en Asie.
Cela a-t-il été le cas vers le début du XVIIIeme siècle, un mois de janvier 1802 au port de Toulon,
de ces femmes, qui se seraient introduites clandestinement à bord d'un vaisseau
militaire de la flotte napoléonienne en partance vers la lointaine île de Saint
Domingue ?
Ce vaisseau, Le Banel, ne va jamais atteindre sa destination. Il va s'échouer sur une crique, en Algérie, entre Ténès et Cherchell, près de Beni Haoua. Une troublante histoire de naufragés, dont des femmes qui ne vont jamais réaliser leur rêve, celui de vivre en Amérique. Le navire devait participer avec un corps expéditionnaire français à mater une sédition qui a tourné à la guerre d'indépendance menée par des esclaves affranchis de la partie ouest de l'île. Ce vaisseau, lourdement armé et avec plus de 700 personnes à bord, a terminé sa course sur les côtes algériennes, à un peu plus de 10 km à l'est de ce qui était à l'époque le «Vieux Ténès», sur la baie des «Souahlias», ou «Souilias». C'était au petit matin d'un pluvieux et venteux 15 janvier 1802, à quelque 200 km à l'ouest d'Alger. Ce jour-là, vers quatre heures du matin et par un temps de tous les diables, ce vaisseau, faisant partie de la division du contre-amiral Ganteaume, se fracasse sur les brisants de cette baie. Une légende va alors naître du naufrage de ce navire, armé et équipé à Toulon pour emmener à Saint Domingue des troupes envoyées par Napoléon Bonaparte, agacé plus que tourmenté par la prise de pouvoir d'anciens esclaves dans la partie française de l'île, qui exportait à cette époque l'essentiel du café et du sucre consommés dans le monde. 130 ans après l'invasion française de l'Algérie, plus exactement en 1937, le mythe et la légende vont alors se tutoyer sur la réalité de ce naufrage. Et ses victimes. En particulier l'énigmatique présence de «femmes», qui seraient selon la tradition locale des religieuses, tombées entre les mains des Kabyles après le naufrage de leur navire sur une côte inhospitalière. Bien évidemment, dans les croyances locales, comme pour les amateurs d'aventures et de récits de marins, de naufragés et de fictions rocambolesques toutes aussi extravagantes les unes que les autres, la fin dramatique du voyage de ces femmes, qui terminent leur vie non pas en Amérique mais dans un village de montagne parmi des tribus kabyles, est poignante, dramatique. Et c'est cette histoire de naufragés, dont beaucoup ne regagneront pas la France, qui, de toutes les histoires de marins, de courses en mer de ce côté-ci de la Méditerranée, retient toujours l'attention et l'intérêt, par ses nombreux mystères, ses énigmes: le sort, après le naufrage, de certains des «passagers» du Banel. Au fait de cette histoire, des «pères blancs», des missionnaires d'Afrique, Yahia et Bruno, qui habitaient à Bissa, sur les hauteurs de la partie nord du Dahra, avaient estimé que si ces femmes étaient jeunes lors de leur naufrage, elles auraient très bien pu assister aux premiers événements de l'occupation française de l'Algérie. L'histoire en elle-même est confuse, et il est ardu de démêler les faits réels de ce drame des éléments, qui y ont été ajoutés par la tradition orale, très peu crédible avec l'amplification des événements eux-mêmes. La trame de ce drame est singulière et alimente jusqu'à nos jours, plus de deux siècles après les faits, une terrible et controversée histoire de naufragées européennes, prétendument des Hollandaises, perdues dans un pays dont elles ne connaissaient ni la langue, encore moins les coutumes, qui a pris les contours les plus fantasques, les plus imaginaires, et tout autant les plus saugrenus à travers des récits surréels et imaginaires d'une saga, qui a fait l'objet de plusieurs ouvrages, et des documentaires télévisuels. Jusqu'à bluffer la représentation diplomatique des Pays-Bas à Alger, qui a financé en 2008 la réfection du mausolée construit à la mémoire de l'une de ces naufragées, «Mama Binette». Toutes les affabulations entourent par ailleurs le naufrage d'un navire, qui avait à son bord un peu plus de 700 passagers entre marins et soldats, et quelques passagères clandestines, et dont les péripéties dramatiques se seraient perdues et oubliées de la mémoire collective des gens de la région, s'il n'y avait pas eu ce roman en 1956, «Les captives du Banel», d'Alberte Sadouillet-Perrin. L'essai de Mahdi Boukhalfa revient dans le détail, en convoquant l'histoire, de la chute de Grenade à la découverte des Amériques par C. Colomb, des Dey à Alger en passant par les campagnes napoléoniennes dans les Grandes Antilles, pour dépoussiérer cette légende, et la replacer dans son histoire, celle de la région de Ténès alors sous régence ottomane. L'essai, mis en vente en ligne sur le site «Leseditionsdunet.com » (https://bit.ly/2ksZChL), est en compétition avec 165 autres oeuvres pour le grand prix du jury de la journée du manuscrit francophone (https://bit.ly/2kM2wyw), et donc a besoin de partages sur la page. Mahdi Boukhalfa «Mama Binette, naufragée en Barbarie» Edité le 14 septembre 2019 par Les Editions du Net. Paris. 169 pages Sur le site des Editions du Net, la présentation de l'auteur mentionne qu'il est éditorialiste au Quotidien d'Oran. |
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