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Comment
comprendre le retournement pétrolier en 2014 ? Alors que pendant plus d'une
décennie, le cours du prix du pétrole était élevé. Il a cessé d'être haussier à
partir de 2014. Et depuis il évolue en moyenne entre 50 et 60 dollars depuis 5
ans. Que s'est-il produit sur le plan économique mondial pour que les prix du
pétrole ne remontent plus ? Et les cours de 100 dollars et plus relèvent désormais
du passé ?
Et y a-t-il un espoir pour que les prix remontent ? Deuxièmement, parallèlement à cette baisse durable du pétrole, les réserves de change du reste du monde, en particulier des pays exportateurs de pétrole, fondent. Pourquoi cette pression déstabilisatrice sur les réserves de change du reste du monde ? Les magots de bons du Trésor accumulés des années durant, que rapporte la politique monétaire «secrète», les Quantitative easing ? L'économiste français Jean-Paul Betbeze donne une bien étrange analyse de la situation qui prévaut depuis 2014, et parle de «magots» de bons de Trésor accumulés durant, et on doit comprendre depuis 2014, dont voici un extrait : «Ben Bernanke n'est plus à la barre de la Fed depuis janvier 2014, mais ses décisions vont encore peser pendant dix ans au moins : quinze ans d'influence ! Mario Draghi reste, pendant un an encore, à celle de la BCE, et ses décisions vont peser presque une décennie : dix ans d'influence ! Pourquoi ces persistances, indépendamment de la maestria de ces deux présidents ? Réponse : les magots de bons du Trésor accumulés des années durant, sous leur égide et au plus fort de la crise, sous le nom de code de Quantitative Easing. Il s'est ainsi agi de faire baisser les taux longs, en complément de ce qu'ils faisaient sur les taux courts en les menant à zéro : de la «répression financière» sur longue période, même si le mot paraît violent. Avec cette dernière grande crise, la boîte à outils de la politique monétaire, la «toolkit», s'est renforcée. On connaît la traditionnelle arme des taux courts. On y a ajouté le langage, avec la «forward guidance», plus la surveillance bancaire, avec la stabilité macrofinancière, et surtout les trillions de bons du Trésor, acquis non sans difficulté ni suspicion au début. Trillions dont on ne mesure pas tous les effets. Ce magot à amortir, c'est le secret de la prolongation de l'effet des politiques monétaires actuelles. Bien sûr, le banquier central parle constamment de ses objectifs financiers. C'est l'inflation en zone euro ? avec les broderies autour du «près de 2% mais au-dessous, à moyen terme» que tisse Mario Draghi. (1) N'est-ce pas étrange une telle analyse et comment la comprendre ? N'y a-t-il pas un sens voilé dans ces fameux magots sous le nom de code de Quantitative Easing mené par les deux plus grandes Banques centrales du monde, la Réserve fédérale américains (Fed) et la Banque centrale européenne, et nommément, il annonce que Ben Bernanke n'étant plus à la barre de l'institution monétaire américaine depuis janvier 2014, et Mario Draghi reste, pendant un an encore mais leurs décisions vont peser dix ans au moins, et quinze ans d'influence pour le premier. Qu'en-t-il réellement de ce langage «secret» qui lie les magots aux deux gouverneurs des deux Banques centrales, les prestigieuses du monde. Le premier a terminé son mandat en 2014, le second le termine en novembre 2018 ? il sera remplacé par Christine Lagarde, l'ancien chef du FMI. Tout d'abord, qu'en est-il de ce nom de code, les «Quantitative easing, de politique monétaire secrète» et ce qu'elles rapportent en «magots de bons du Trésor accumulés des années durant» pour les deux Banques centrales Fed US et BCE ? Pour cela, définissons les Quantitative easing. Il faut rappeler que lorsque la crise financière a surgi en 2008, et la détérioration économique qui a suivi et très mal ressentie par les économies occidentales, les banques centrales occidentales ont dû mettre en urgence une série de mesures de politique monétaire non conventionnelle pour sauver leurs systèmes bancaires puis procédé à des politiques de relance massives de leurs économies. Ce qui passait par des injections de liquidités ininterrompues directement dans leurs systèmes bancaires, et ces liquidités devaient assouplir les conditions monétaires et financières, réduire le coût de l'accès au financement des entreprises et des ménages et, par conséquent favoriser la relance de l'économie. Et l'objectif de ces émissions monétaires pour relancer l'économie occidentale a été atteint puisque, après 6 années d'injections monétaires, la situation s'est beaucoup améliorée. En octobre 2014, la Fed américaine a injecté la dernière tranche de 10 milliards de dollars. Il faut rappeler que, après les 85 milliards de dollars par mois du QE3, entre 2012 et 2013, la Fed a échelonné la dernière tranche du QE3, par 10 milliards de dollars par mois, jusqu'à son extinction en octobre 2014. Au total, entre 2008 et 2014, la Banque centrale américaine a procédé à trois programmes de rachats d'actifs financiers ou Quantitative easing (QE1, QE2, QE3) et une opération Twist. Le QE1 a débuté en novembre 2008 et prit fin en mars 2010. Le QE2 de novembre 2010 à juin 2011. Le troisième cycle d'assouplissement monétaire QE3 de septembre 2012 au 30 octobre 2014. A la fin du dernier programme de Quantitative easing, le journal économique et financier français, ?La Tribune', écrit : «Les actifs portés au bilan de la Réserve fédérale américaine (Fed), gonflés par sa politique monétaire ultra-accommodante, ont atteint 4.008 milliards de dollars, selon les chiffres publiés par la Fed jeudi. Et ce n'est pas fini. [...] A titre de comparaison, avant la crise financière de 2008, celui-ci ne dépassait pas 900 millions. Le bilan de la Fed va continuer à augmenter... Il faut dire que le bilan de la Banque centrale a enflé après les différentes phases exceptionnelles d'assouplissement monétaire où, pour soutenir la reprise économique et influer sur les taux à la baisse, la Fed a acheté, en masse, des bons du Trésor notamment. Pour rappel, les actifs portés au bilan de la Fed sont notamment composés d'obligations du Trésor pour 2.200 milliards de dollars, de titres adossés à des créances hypothécaires pour 1.500 milliards et d'autres actifs immobiliers. » (2) Ces 4.008 milliards de dollars de rachats de bons de Trésor et de titres de créances hypothécaires par la Fed américaine que l'économiste français Jean-Paul Betbeze appelle des «magots de bons de Trésor accumulés durant» depuis au moins 2014, nous interpelle pour comprendre l'impact qu'ils ont sur l'économie mondiale. D'autant plus qu'elle n'est pas la seule concernée par les programmes d'achats de titres de créances qui sont essentiellement des bons de Trésor et obligations d'Etat, et des titres privés tels les subprimes (les créances hypothécaires à risque). La Banque centrale européenne a aussi mené une politique monétaire non conventionnelle depuis la crise financière de 2008. Les LTRO, TLTRO et QE sont aussi des rachats de titres publics et privés. Y compris les Banques du Royaume-Uni et du Japon. Mais ce sont surtout la Fed et la BCE qui ont eu un rôle central dans le rachat de titres publics qui sont en fait des «dettes souveraines». Le volume de rachats de titres publics par la Banque centrale européenne dépasse sensiblement celui de la Fed américaine. «En juin 2019, le bilan de rachats d'actifs de la BCE atteint 4.690,44 milliards d'euros, ce qui représente environ 40,5 % du Pib de la zone euro. (Pour la Fed c'est 18,3% du Pib US, pour le Japon 102,3% du Pib Nippon, et pour la Suisse 117,7% de son Pib.)» (3) Comment les comprendre ? Aussi comparons les politiques monétaires conventionnelles et non conventionnelles pour situer le sens de leur emploi dans le sauvetage bancaire et la relance économique. Les différences entre les politiques monétaires conventionnelles et non-conventionnelles faibles ou nulles Mais ce qu'il faut souligner c'est que les liquidités injectées n'ont pas été des prêts aux banques en échanges d'actifs (bons de Trésor, obligations, créances hypothécaires), mais des rachats. Ce qui est nouveau. Dans les politiques monétaires conventionnelles, la Banque centrale peut prêter des liquidités à une banque commerciale qui ne trouve pas le montant nécessaire auprès des autres banques, et va, dans le cadre de sa politique dite d'«open market», lui prêter ces liquidités à un taux d'intérêt appelé «taux des opérations principales de refinancement» ou «taux directeur». La banque doit pour cela apporter à la Banque centrale des garanties sous la forme de titres de créances de qualité qu'elle détient. Et ce mode d'intervention de la Banque centrale est dit «conventionnel». Pour les politiques monétaires non conventionnelles, une Banque centrale peut prendre des mesures de financement massif des banques, lorsque la situation du système financier et bancaire l'exige. Par exemple, une grave crise bancaire généralisée, une faillite boursière avec une chute du marché des actions et obligataire, de l'immobilier et s'installe par la suite, une situation de méfiance entre les banques commerciales. Celles-ci ne se prêtent plus de peur de de ne pas recouvrer leurs avoirs prêtés. Ainsi la Banque centrale devient un prêteur de dernier ressort. L'assouplissement dans le cadre de ces politiques dites non conventionnelles peut être, à la fois, qualitatif et quantitatif. Pour l'assouplissement qualitatif, les règles d'accès à un refinancement par la Banque centrale sont étendues à d'autres actifs éligibles tels, par exemple, les créances hypothécaires à risque ou subprimes. Par assouplissement quantitatif ou «Quantitative easing», on entend le rachat massif d'actifs financiers par la Banque centrale. En effet, le but de ces injections monétaires, via les rachats d'actifs, est dans un premier temps sauver les banques qui peuvent être sauvées d'un dépôt de bilan (faillite), de faire baisser les taux longs dans le marché obligataire et relancer ensuite l'économie. Si on compare la mise en œuvre des politiques monétaires conventionnelles et non conventionnelles, on constate qu'au final la différence réside essentiellement dans l'«achat» d'actifs pour un assouplissement quantitatif non conventionnel et le «prêt» pour un assouplissement quantitatif conventionnel. Mais si on regarde les effets des deux politiques monétaires conventionnelles ou non, on s'aperçoit qu'en fait, dans les deux cas, le bilan de la Banque centrale grossit. Si la crise financière et bancaire est sévère, la Banque centrale qui aura opté pour une politique monétaire classique, et qui aura prêté massivement des liquidités en échange des titres mis en pensions auprès d'elle, sera obligée d'allonger la durée de ses prêts et même d'augmenter massivement la création monétaire ex nihilo, et donc des fonds prêtables. Le bilan de la Banque centrale grossit inévitablement dans le cas d'une politique monétaire classique, mais la Banque est couverte par les garanties en titres de créances que les banques lui ont apportées. Pour la politique monétaire non conventionnelle, le mode de financement adopté par la Banque centrale n'est pas le prêt mais le rachat de titres de créances, et la même situation se retrouve dans les deux modes. Le bilan de la Banque centrale grossit des créances que les banques lui ont apportées soit mises en pension donc prêtés soit rachetées. Lorsque la crise est dépassée et que l'économie est relancée, dans les deux cas de politique monétaire classique ou non conventionnelle, la Banque centrale, en remettant sur le marché les titres de créances, recouvre les fonds accordés. Que ces titres de créances soient dans le mode classique de prêts ou dans le mode non conventionnel de rachats. En effet, dans le mode des prêts, les banques qui lui remboursent les liquidités qu'elle a créées reprennent leurs créances, dans le mode de rachat, la BC qui procède à la vente des créances recouvre les liquidités monétaires qu'elle a créées. Et, dans les deux cas, la Banque centrale procède à la destruction des liquidités créées. Dès lors la question se pose pourquoi les grandes Banques centrales occidentales se sont entendues pour «appeler» le mode de rachat des titres publics et privés de «politique d'assouplissement monétaire quantitatif ou non conventionnel» puisque les deux modes classique ou non sont pratiquement similaires. Et les différences qui existent influent très peu sur l'effet, puisque qu'elles prêtent ou qu'elles rachètent, les liquidités créées après qu'elles les aient recouvrées doivent être détruites. Leurs bilans s'assainissent. Donc il existe une énigme dans la politique monétaire non conventionnelle. En clair, cette politique monétaire n'exprime pas tout, elle a un autre sens, et explique pourquoi l'économiste français Jean-Paul Betbeze a intitulé le titre de son article : «Quantitative easing : la politique monétaire secrète» Et une autre question se pose sur la politique monétaire non conventionnelle : «pourquoi a-t-elle été utilisée pour la première fois aujourd'hui ?» Alors que les occasions n'ont pas manqué dans les crises passées. Sans remonter loin, se rappeler seulement le krach des valeurs technologiques en 2.000 et les krachs en cascade, le marché des actions dans toutes les Bourses du monde a dévissé entre 30 % et 60 % en l'espace de trois ans, entre 2000 et 2002. Alors que le marché obligataire s'est envolé, les taux d'intérêt ont fortement augmenté. Et c'est normal en période de crise financière, les investisseurs demandent des rendements supérieurs compte tenu de la prise de risque d'une part et de la crise de liquidités, d'autre part. La politique monétaire non conventionnelle, menée pour la première fois, lors de la crise financière de 2008, par la Banque centrale américaine (Fed) et suivie par les Banques centrales de la zone euro, du Royaume-Uni et du Japon n'a pas tout dit sur le sens qu'elle apporte en termes de «finance» et de «bénéfices» qu'elle apporte à l'Occident. A suivre... *Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale - Relations internationales et Prospective Notes : 1. «Quantitative Easing : la politique monétaire secrète», par Jean-Paul Betbeze. Le 20 novembre 2018. http://www.jpbetbeze.com/medias/quantitative-easing-la-politique-monetaire-secrete/ 2. «Le bilan de la Fed passe le seuil des 4.000 milliards de dollars », par la Tribune.fr. Le 20 décembre 2013 https://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20131220trib0 00802072/le-bilan-de-la-fed-passe-le-seuil-des-4.000-milliards-de-dollars.html 3. «La taille du Bilan de la BCE a enflé de 4,5 milliards et atteint désormais 4690,44 milliards , soit 40,5% du Pib de la zone euro», par businessbourse.com Le 12 juin 2019 https://www.businessbourse.com/2019/06/12/la-taille-du-bilan-de-la-bce-a-enfle-de-45-milliards-e-et-atteint-desormais-469044-milliards-e-soit-405-du-pib-de-la-zone-euro/ |
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