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Le
choléra est une maladie due au manque d'hygiène disent médecins et spécialistes.
Voilà qui est dit. Il faut nettoyer tout et partout: du seuil de sa porte, à la rue et jusque dans les
têtes.
On boucle la boucle: après un été lourd, suffoquant , agressif avec ses maquereaux de parkings et de plages, après les prières de rues à Ouargla, Sidi Bel-Abbes et ailleurs contre des concerts de musique, après mille et un maux sociaux qui rongent la société voilà l'alerte au choléra qui ferme la saison estivale. Epidémie localisée et cernée disent les responsables concernés pendant que d'autres craignent qu'elle ne se transforme en pandémie et contamine une grande partie du pays. La maladie vient d'une source d'eau précise parait-il, sauf que dans le cas précis des malades sont diagnostiqués sur plus de six ou sept Wilayas. Le débat fait rage sur la source du mal alors que le commun des mortels sait que la raison principale de ce fléau est dû principalement au manque d'hygiène. Du coup, le peuple regarde ses mains, sa vaisselle et ses sanitaires en implorant le ciel d'être épargné. Nous découvrons effarés une évidence reconnue en aparté par chacun de nous: la saleté de nos villes, villages et quartiers y compris ceux supposés cossus. C'est une mentalité que la saleté chez nous pensent les plus fatalistes. La question prête à équivoque: est-ce la mentalité laxiste des gens qui crée cet environnement pollué et sale ou, inversement c'est la saleté de notre environnement qui paralyse nos esprits et volontés jusqu'à l'abandon de ce pays aux ordures et pollutions en tout genre? Après que cet épisode honteux soit clôturé, serons nous, responsables politiques, gestionnaires et peuple plus attentifs à nos hygiènes personnelles et collectives? Dure perspective tant la tâche est immense. Nettoyer tout: les mentalités des populations par l'éducation dès le cycle primaire, voire maternel; la gestion des communes en premières lignes de l'hygiène publique; les responsabilités des exécutifs des Wilayas; les compétences des ministères etc. Une révolution qu'il faut pour rendre l'air du pays respirable et la joie de vivre à ses habitants. Par ou commencer ? Quel fléau attaquer en premier? La corruption? l'insécurité? le chômage? le secteur sanitaire? L'école? La politique? Parce que le choléra n'est que la conséquence des autres maux et fléaux qui frappent le pays. C'est une alerte de l'état de délabrement et d'irresponsabilité qui caractérisent nos institutions publiques et privées et un indicateur du niveau catastrophique, sinistré de l'éducation et de la culture. Le choléra est une maladie de l'ignorance et de la fatalité face à la vie. Le dilemme est terrible: chaque Algérien est conscient de l'état de saleté de nos villes et notre environnement, le dénonce individuellement en accusant évidemment les autres et la dégradation s'aggrave de jour en jour. Compliqué à comprendre cet état d'esprit. Peut-être même que c'est cet état d'esprit qui paralyse le pays en diluant la responsabilité de chacun dans celle collective et de celle des gouvernants. l'Etat c'est les autres pour reprendre l'expression «l'enfer c'est les autres» de Jean- Paul Sartre dans sa pièce de théâtre « Huis clos». Autrement dit «la saleté c'est pas moi, ce sont les autres». Le pays est tout simplement malade comme un «Grand corps malade» et il lui faut une thérapie générale, des soins parfois intensifs si nous ne voulons pas être handicapés à vie. Ce n'est pas une vue de l'esprit: l'empire ottoman a été qualifié par les européens « d'Homme malade» au début du 20ème siècle pour entamer son dépeçage. Le pouvoir ottoman de l'époque surnommé comble du ridicule «la Porte sublime» était en proie aux luttes de clans entre modernistes et conservateurs islamistes ( hé oui, l'histoire se répète bien) et plongé dans la violence et la corruption jusqu'à son effondrement. Nous voilà avertis pour se secouer sérieusement afin de ne pas finir en «Homme malade» parmi les nations en ce début de 3ème millénaire. Un peu comme le ridicule populaire qui image en usant d'un apologue pour comparer le pays à «un hospice géant à ciel ouvert» , d'autres osent le comparer à un «asile psychiatrique à ciel ouvert». Malheureusement les images, paraboles et autres allégories fécondées par le génie humain expriment, au delà de la morale sous -entendue, l'état réel, vrai, concret de notre environnement et de nos vie et ne peuvent, hélas, être le remède ou l'antidote contre les multiples fléaux qui menacent le pays. Les scènes de citoyens nettoyants à grande eau leurs quartiers ces derniers révèlent leur inquiétude et, comme un miracle, la soudaine conscience de l'espace public comme espace commun. La bactérie - vibrion cholérique- rode au seuil des portes des habitants, c'est à dire là où s'arrête le devoir d'hygiène pour l'Algérien. Le reste , l'espace public à compter de son seuil de chez lui ne le concerne pas estime-t-il. C'est le «Beylik», l'Etat, le gouvernement...enfin les autres , pas moi. Comme pour tout le reste, il faut que la menace soit à notre porte privée pour réagir. Les gouvernants ne font pas mieux. Ils se réveillent et agissent à postériori du risque, souvent lorsqu'il est trop tard. Pourtant gouverner c'est aussi prévoir et prévenir dit l'adage. La crainte est qu'après l'éradication de cet épisode honteux l'on retourne ( gouvernants et peuple) à nos habitudes inconscientes et crasseuses dès qu'il ne s'agit pas de chez soi, au premier mètre après le seuil de sa porte. Il va falloir laver tout et partout: nos espaces publics, notre environnement, nos fruits, nos légumes , nos institutions et par dessus et avant tout nos cerveaux et nos habitudes. Guérir ce «Grand corps» qu'est l'Algérie avant qu'il ne finisse handicapé pour longtemps. (*) Toute similitude avec le chanteur-slameur français qui porte ce nom d'artiste ou allusion à une personne publique ou privée est fortuite et le fruit du hasard. |
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