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Rien ne semble
pouvoir arrêter la détérioration qui n'épargne plus aucun aspect de notre
quotidien. Chaque jour que Dieu fait, on nous en rajoute comme si le poids de
notre peine ne suffisait pas! Tout est agression autour de nous?tout est
insulte au bon sens et aux valeurs et, là où l'on tourne le regard, on
s'aperçoit que la désolation est grande et les dégâts plus grands encore. C'est
vrai qu'une fois la ligne du ridicule franchie, plus rien ne gêne.
Aux incroyables atteintes à la logique que subit notre pays depuis cinquante ans, et dont le nombre est simplement impossible à cerner, est venue récemment s'ajouter une autre qui fige l'esprit et paralyse le raisonnement. Un chanteur, appelé à la rescousse, sert d'»occupe peuple» sur un plateau de télévision. Son rôle est de nous parler de valeurs, de morale et, bien entendu, de religion. Lors de son long discours, il nous appelle même à fermer les yeux sur l'incompétence, sur le mauvais choix des hommes pourvu, insiste-t-il, que le peuple soit respecté ! Et Na ! Comme si notre problème était un problème de respect, ou comme si notre malheur ne provenait pas justement de l'incompétence et du mauvais choix des hommes. Il n'est pas question ici de remettre en cause l'intention du concerné mais de souligner le fait que lorsque n'importe qui fait n'importe quoi, on débouche sur des bêtises. Exactement celles-là qui nous ont coûté cinquante ans et à cause desquelles on a perdu, à tout jamais, deux générations et des milliards de dollars sans compter ce qui n'est pas quantifiable. Sans espoir de récupération! Il faut bien le dire, tendre le micro à un chanteur pour qu'il nous montre l'art de faire son métier est une chose que nous applaudissons tant qu'elle ne dérange pas, mais le leur tendre pour qu'ils «éduquent» le peuple comme c'est l'impression qui se dégage ces derniers temps, c'est une autre chose qui ne peut être ni admise, celle-là, ni approuvée. Nous ne pouvons pas nous occuper, tous, de tout et c'est pour cela d'ailleurs qu'il y a une division du travail et une séparation des responsabilités dans toutes les sociétés. Comme dit l'adage «chacun ses vaches et le troupeau sera bien gardé». Essayons d'imaginer, par exemple, qu'une chaine française fasse la même chose, c'est à dire qu'elle tende le micro à un chanteur, peu importe qui, disons Johnny Halliday par exemple, pour qu'il joue au «people-sitter» en discutant politique, économie, religion et de tout ce qui pourrait intéresser les gens. Quel air aurait-il ? que diraient les gens de lui ? Et ses fans, continueraient-ils à le considérer de la même façon ? Il semble difficile en tout cas que cela se produise un jour car ailleurs, lorsqu'on ramène un chanteur c'est pour parler de lui et de ses chansons, pas du président de la République, ni de la compétence des Walis ou des directeurs et de leur choix. Et il est pratiquement impossible que ce chanteur dise un jour que l'incompétence et le mauvais choix des hommes sont moins importants que le respect dû au peuple. Un discours que n'a d'autre sens que celui qu'il véhicule, un message sans ambigüité, pour que le peuple continue à fermer les yeux sur ce qui se passe et ceux qui en sont la cause? Vraiment ! Par ailleurs, un autre chanteur, interrogé sur ses rêves, avait laissé tomber qu'il souhaitait devenir député ! Finalement plus rien n'arrête plus personne. Sans niveau d'instruction, sans connaissances particulières, sans mérites connus, sans compétences? telles semblent être, selon certains du moins, les conditions à la députation. Il suffit, selon la nouvelle philosophie, et dans le cadre du nouveau paradigme qui a détruit l'Algérie, de savoir ou d'avoir su un jour taper sur un ballon, de savoir ou d'avoir su un jour chanter quelques quatrains même sans aucune profondeur artistique, pour pouvoir mériter un siège là haut? Dieu, que la politique se dévalorise vite ! En tout cas, là où nous en sommes, cela reste de l'acceptable et même du normal. Nous avons vu, lors de la dernière campagne électorale, des gens incapables de lire un mot écrit, pourtant, en grand sur une grande feuille, demander aux gens de les élire, nous en avons vu d'autres incapables de prononcer un mot d'un trait demander, eux aussi, à être élus. Du n'importe quoi. A moins qu'ils aient compris la portée du nouveau métier d'«occupe peuple». Sur un autre plan, nous avons assisté à la naissance de partis nouveaux avant les législatives de mai et le scénario se reproduit avant les élections locales et en prévision des présidentielles? Sont-ce, eux aussi des leurres, juste pour occuper le peuple ? Tout le laisse croire ! |
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