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Le gouvernement doit agir vite
et très vite, pour éviter d'inévitables tensions sociales qui se répercutent
sur la sécurité nationale. Loin des bureaux climatisés, nos bureaucrates, qui
se livrent à des discours d'autosatisfaction, qu'ils aillent faire le marché et
roulent avec leurs propres voitures, devant mettre fin à ce carnaval des
importations de voitures, pour constater le prix exorbitant des réparations, la
voiture n'étant pas un luxe du fait de la déficience des moyens de transport et
que la situation économique et sociale est préoccupante.
1.- L'inflation atteint un niveau intolérable durant ce dernier semestre 2021, plus de 50% pour les fruits et légumes dont la pomme de terre, la laitue à 200 DA le kg, certains produits alimentaires locaux et légumes secs importés, le prix de la viande de mouton dépassant les 1.700 DA, celui du bœuf 2.000 DA le kg, le foie à 3.500/4.000 DA le kg, étant inaccessible au revenu moyen, le manger du pauvre, la sardine plus de 800 DA le kg pour ne pas parler d'autres poissons entre 2.000/3.000 DA le kg, le poulet plus de 400 DA le kg, entre 50/100% pour certains biens durables, et pièces détachées et voitures d'occasion, une parmi d'autres, des explications des nombreux accidents, assistant à une pénurie de certains médicaments, en plus des factures d'électricité, de l'eau, du loyer pour certains ménages, on peut se demander comment un ménage avec entre 30.000/50.000 DA peut-il survivre, surtout s'il vit seul en dehors de la cellule familiale qui par le passé grâce au revenu familial, servait de tampon social ? Mais attention à la vision populiste : doubler ou tripler les salaires sans contreparties productives entrainera une dérive inflationniste, un taux supérieur à 20% qui pénalisera surtout les couches les plus défavorisées, l?inflation jouant comme redistribution au profit des revenus spéculatifs. Ce blocage est lié à la gouvernance car selon les données officielles, le taux d'inflation cumulé entre 2000/2021 qui n'a pas été réactualisé depuis 2011, approche 100% entre 2000/2021 et on peut pondérer aisément à 50% donnant une détérioration du pouvoir d'achat d'environ 150% durant cette période. Nous assistons à une concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité rentière où un fait nouveau, une partie de la classe moyenne commence à disparaître graduellement et à rejoindre la classe pauvre. L'action louable au profit des zones d'ombre serait un épiphénomène face à la détérioration du pouvoir d'achat de la majorité de la société. Les tensions sociales, tant qu'il y a la rente, sont atténuées artificiellement grâce aux recettes des hydrocarbures qui permettent des subventions et transferts sociaux représentant 23,7% du budget général de l'Etat et 9,4% du PIB pour l'exercice 2021, mais mal gérés et mal ciblés, qui ne profitent pas aux plus démunis. Dossier politique éminemment sensible avec des impacts socio-économiques, la mise en place de subventions ciblées suppose, à la fois, un système d'information fiable posant la difficulté de l'intégration de la sphère informelle (revenus informels) et une large concertation sociale pour éviter des remous sociaux qui ont des incidences politiques et sécuritaires. Quant aux caisses de retraite, véritable bombe à retardement, pour 2020, les perceptions ont atteint les 762 milliards de DA et les dépenses dépassent les 1.400 milliards deDA avec un déficit observé de l'ordre de 640 milliards de DA avec une prévision de 700 milliards de DA 2021. Pour environ 3,3 millions de retraités fin-2020 et le ratio de nombre de travailleurs cotisants pour un retraité est actuellement à 2/1 alors que la norme pour garantir la viabilité d'un système de retraite est d'au moins 5 actifs cotisants pour un retraité. 2.-Je recense cinq raisons au processus inflationniste intimement liées. Premièrement, la faiblesse de la gouvernance, l'absence de mécanismes de régulation d'ensemble, la responsabilité ne relevant pas seulement du ministère du Commerce, les actions punitives étant limitées, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques, processus accéléré par le manque de coordination entre certains ministères. Deuxièmement, la faiblesse du taux de croissance, résultante de la faiblesse de la production et de la productivité, l'Algérie selon le rapport de l'OCDE dépensant deux fois plus pour avoir deux fois moins d'impacts en référence au pays similaires. Sur les 2,9 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures annoncées par le ministère du Commerce, sans analyser la structure, les produits manufacturés et alimentaires dont le sucre représentent pour les 8 premiers mois de 2021, environ 600 millions de dollars, 80% étant des dérivées d' hydrocarbures et des produits semi-finis devant, pour avoir la balance devises nette pour l'Algérie, soustraire les matières premières importées en devises et les exonérations fiscales. Cela découle de la non-proportionnalité entre les dépenses monétaires et leur impact renvoyant à la corruption via les surfacturations, pour exemple une entrée en devises de plus de 1.000 milliards de dollars entre 2000/2019 et une importation de biens et services ?environ 935 milliards de dollars pour une croissance dérisoire en moyenne annuelle de 2/3% alors qu'elle aurait du dépasser 9/10% et pour 2020, une sortie de devises de 20 milliards de dollars pour une croissance négative de moins 6%. espérant 3% pour 2021 mais un taux de croissance se calcule par rapport à la période précédente ; ainsi 3% rapporté à un taux négatif de 6% donne entre 0-1% largement inférieur à la pression démographique, plus de 44 millions d'habitants au 01 janvier 2021, où il faut pour réduire les tensions sociales créer 350.000/400.000 emplois productifs par an, non des emplois rente, qui s'ajoute au taux de chômage actuel.-. L'amélioration du solde de la balance commerciale n'est pas significative dans cette conjoncture actuelle car on ne peut tout restreindre, quitte à étouffer tout l'appareil productif qui selon les organisations patronales fonctionne à peine à 50% quitte à aller vers une implosion sociale avec un taux de chômage qui avoisinera 15% en 2021, mais beaucoup plus élevé si l'on pondère par les emplois improductifs et touchant particulièrement les diplômés. En cas de baisse drastique des réserves de change qui s'établissent à 44 milliards de dollars entre avril/mai 2021 contre 194, le 01 janvier 2014, entre 10/15 milliards de dollars, contre 48milliards de dollars, fin- 2020, 44 entre avril/mai 2021 et 194 milliards de dollars le 01 janvier 2014 qui tiennent la cotation du dinar algérien à plus de 70%, la Banque d'Algérie sera contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 DA 1 euro avec une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctue en fonction du taux d'inflation d'environ 300 DA 1 euro minimum. Troisièmement, la dévaluation du dinar qui influe sur le prix international des produits importés finis, semi-finis et équipements, 85 % des matières premières des entreprises publiques et privées étant importées, le taux d'intégration ne dépassant pas 15%. Le prix final au consommateur est amplifié par la dévaluation drastique du dinar qui est passé de 76/80 DA 1 dollar vers les années 2000/2004 et à 136,3867 DA 1 dollar et 161,2601 DA 1 euro, le 16 septembre 2021, avec une cotation sur le marché parallèle malgré la fermeture des frontières dépassant les 210 DA 1 euro. La loi de finances 2021 prévoit, pour 2022, 149,32 DA pour 1 USD et pour 2023 verrait donc la dévaluation de la monnaie nationale se poursuivre avec 156,72 DA 1 dollar ce qui rend sceptiques les investisseurs créateurs de valeur ajoutée à moyen terme, face tant à l'instabilité juridique que monétaire, spéculer étant plus rentable que réaliser un projet. Cette dévaluation permet d'augmenter artificiellement la fiscalité hydrocarbures (reconversion des exportations hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu'en euros convertis en dinar dévalué), cette dernière accentuant l'inflation des produits importés (équipements), matières premières, biens finaux, montant accentué par la taxe à la douane s'appliquant à la valeur dinar, étant supportée en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l'entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité. L'effet d'anticipation d'une dévaluation rampante du dinar a un effet négatif sur toutes les sphères économiques et sociales dont le taux d'intérêt des banques qui devraient le relever de plusieurs points, s'ajustant aux taux d'inflation réel, freinant à terme le taux d'investissement à valeur ajoutée et par la déthésaurisation des ménages qui mettent face à la détérioration de leur pouvoir d'achat des montants importants sur le marché, alimentant l'inflation, plaçant leur capital-argent dans l'immobilier, l'achat d'or ou de devises fortes pour se prémunir contre l'inflation. Quatrièmement, les effets du financement non conventionnel qui se manifestent qu'au bout de deux à trois ans. Les gouvernements précédents avaient amendé l'article 45 de la loi sur la monnaie et le crédit en recourant à la planche à billets, sans introduire, comme je l'ai suggéré, l'institutionnalisation dans cette loi, d'un comité de surveillance, composé d'experts indépendants, pour éviter toute dérive. Outre la couverture des besoins du Trésor, le financement non conventionnel était destiné au remboursement de la dette publique interne, notamment les titres de l'Emprunt national pour la croissance, levé en 2016, ainsi que les titres émis en contrepartie du rachat de la dette bancaire de Sonelgaz et ceux émis au profit de Sonatrach, en compensation du différentiel sur les prix des carburants importés et de l'eau dessalée. Sur les 6.556,2 milliards (mds) de dinars mobilisés jusqu'en janvier 2019 par le Trésor public auprès de la Banque d'Algérie, dans le cadre du financement non conventionnel, un reliquat de 610,7 mds de dinars restait à consommer d'ici à la fin 2019. Après avoir été abandonné en 2020, le recours à la planche à billets a été décidé en 2021 pour suppléer au manque de liquidités, avec une dette publique totale par rapport au PIB de 63,3% en 2021, contre 53,1% en 2020, et que la dette publique nette totale représentera 60,5%, contre 50,4% pour la même période d'un montant, pour 2021, d'environ 2.100 milliards de dinars, environ 16 milliards de dollars afin d'éviter le recours à l'endettement extérieur. Or les expériences historiques, dans le cadre de l'application de la théorie néo keynésienne de relance de la demande globale ( consommation et investissement) à travers l'émission monétaire est applicable à des économies structurées qui ont une économie productive en sous-capacités. Or avec une faiblesse de l'offre si cette injection est faite pour combler le déficit budgétaire et le versement de salaires sans contreparties productives, résout un problème à court terme mais amplifie la crise à moyen terme, étant inappropriée pour l'Algérie qui souffre de rigidités structurelles (léthargie de l'appareil de production) avec le risque d'une spirale inflationniste incontrôlable comme au Venezuela, première réserve de pétrole dans le monde, (1.000 % par an). Cinquièmement, l'inflation est alimentée par la dominance de la sphère informelle produit des dysfonctionnements des appareils de l'Etat où existent des liens dialectiques entre cette sphère et la logique rentière avec des situations oligopolistiques de rente. La décision récente, méconnaissant le fonctionnement du secteur agricole, de permette aux producteurs d'écouler directement leur production est une utopie car n'ayant pas les moyens de financement et de stockage, qui au lieu d'atténuer la hausse des prix l'accélère où dans tous les pays du monde il s'agit de réguler les grossistes. Cette sphère emploie plus de 40% de la population active notamment dans le commerce, les services, certains segments de l'industrie et l'agriculture. Le dérapage du dinar par rapport au dollar et à l'euro accélère la sphère informelle, par la méfiance du citoyen vis-à-vis du dinar, amplifiant la sphère informelle où selon la Banque d'Algérie entre 2019/2020, la masse monétaire en dehors du circuit bancaire, a atteint 6.140,7 milliards de dinars, soit une hausse de 12,93% par rapport à 2019, le président de la République, en mars 2021, ayant annoncé entre 6.000/ 10.000 milliards de DA, entre 33 et 47% du PIB, ayant dénoncé le manque d'informations fiables qui faussent toute prévision. (voir étude réalisée sous ma direction pour l'Institut français des Relations internationales IFRI, décembre 2011, réactualisée pour la revue stratégie de l'IMDEP du ministère de la Défense nationale, MDN en octobre 2019 sur le poids de la sphère informelle et ses impacts géostratégiques). Cette sphère aligne le prix des biens sur la cotation de la devise du marché parallèle, pour les produits importés, contrôlant les segments des fruits / légumes, poissons/viandes, textile/cuir et bon nombre d'autres produits importés qui connaissent un déséquilibre offre/demande. En conclusion, Le monde devrait connaître une profonde reconfiguration géostratégique dominée par la transition numérique et énergétique nécessitant pour l'Algérie, des stratégies d'adaptation afin de ne pas être isolée des nouvelles relations internationales. La vision purement monétariste afin de préserver les réserves de change sans vison stratégique, restriction aveugle des importations et un financement par la planche à billets, sans ciblage, ne peut que conduire le pays à la dérive économique et sociale. Avec une économie qui après plusieurs décennies d'indépendance politique repose toujours sur la rente des hydrocarbures (98% des recettes en devises avec les dérivées), des tensions budgétaires, une croissance relativement faible, l'accroissement du taux de chômage et le retour de l'inflation, s'impose une nouvelle gouvernance, en combattant le terrorisme bureaucratique qui étouffe les énergies créatrices. La condition sine qua - non de la sécurité du pays étant posée, s'impose une nouvelle gouvernance (la moralité des dirigeants), supposant un large front social et un sacrifice partagé, afin de freiner la détérioration du pouvoir d'achat qui risque de provoquer d'importants remous sociaux, voire une déstabilisation du pays, mais en évitant un nivellement par le bas, vision populiste suicidaire, en paupérisant les couches moyennes, fondement de tout processus de développement. *Professeur des universités, Expert international, Docteur d'Etat -1974- |
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