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Troisième mission : la mission, le rôle, les buts et les objectifs du système
éducatif devront cesser d'être hors orbite.
Le Conseil supérieur de l'Education nationale travaillera à ce que le système éducatif algérien soit mis en orbite, c'est-à-dire qu'il n'éprouvera plus de difficultés à comprendre sa mission pour l'accomplir, ne serait-ce qu'avec un minimum de chance de succès. Autrement dit, il veillera à ce que sa vocation -(structurer le capital cognitif pour enrichir le champ aperceptif de tout un chacun, enseigner les valeurs de la citoyenneté et faire prévaloir des normes universellement réputées nécessaires et utiles), ne soit plus carencée ou déviée. De la sorte, (et au risque de me répéter), il ne demeurera plus ce magasin d'accessoires où enseignants et élèves viennent faire ce qu'ils veulent, y compris passer le temps. L'échec scolaire sévissant a défiguré la société algérienne. Elle s'est résolue à faire dans l'assistanat. Elle n'arrive pas à se mobiliser pour embrayer sur le développement durable. Elle donne l'impression de traîner presque à contresens de ce qui fait la force et la grandeur des nations modernes. Prenant acte de cette amertume, le Conseil supérieur de l'Education nationale s'évertuera à lui faire échec. Son souci est que le système éducatif ne produise plus des sous-sociétés mutilées intellectuellement et socialement marginales en continuant à animer la négation de l'humain chez qui il n'a pu favoriser la réussite scolaire et chez qui il a, en contrepartie, éveillé la part obscure du moi. Agissant ainsi, il mettra fin à la dérive sociale à laquelle nous assistons aujourd'hui, hélas, médusés, (on en répertorie entre autres la rigueur et l'effort sont gravement altérés. Le mérite est devenu une insulte. L'esquive devant le travail est érigée en preuve de virilité. La tricherie est élevée au rang de moyen de survie, l'arrivisme au rang de paradigme social, l'hypertrophie bureaucratique au rang de moyen de gestion, la fuite en avant au rang de comportement, le mépris est affiché à l'endroit de la morale et du civisme, l'outrage à la dignité humaine est devenu une morale. Au final, l'inversion des valeurs se moquant de la vertu, se veut être l'expression d'une loi). Appelé à ne plus être muselé par une politique éducative et culturelle déconnectée de l'intérêt national, (évoluer au rythme de l'international et gérer le tumulte de la modernité), le système éducatif et culturel algérien s'investira, dorénavant, dans la formation de l'esprit culturellement armé et pouvant émarger au dossier de la mondialisation. Désormais, les dynamiques négatives qui, s'autofécondant, se sont exacerbées jusqu'à atteindre leur paroxysme au point où des antagonismes et des conflits ont débouché sur une perversion tous azimuts, se dissiperont. Cela suppose que tous ceux, (toutes hiérarchies confondues), qui sont appelés à piloter ce système éducatif, soient nantis de compétences générales, de qualifications spécialisées et surtout de conviction intime et d'engagement sincère. Leur souci majeur sera d'en faire une école qui n'entretiendra plus cet artificialisme qu'a généré l'enseignement enseignemental, cet enseignement fétiche de l'enseignant inapte, cet enseignement sans but, sans objectif, sans finalité et sans support risquant par conséquent d'accabler l'esprit sous une masse d'informations inassimilables, cette illusion du savoir qui relativise la potentialité de raisonner logiquement et de juger avec méthode de ceux à qui il s'adressera. Leur souci majeur sera d'en faire une école qui ne livrera plus générations entières aux injures d'un monde complexe auxquelles il ne leur sera pas aisé de résister. Elle formera plutôt des générations entières qui seront capables de prendre part à la compétition telle que définie par le cursus honorum. Cela suppose en outre que les paradigmes éducatifs et culturels à mettre en œuvre devront être définis selon une démarche cohérente avec les préoccupations de la société algérienne en particulier et en conformité avec celles de la société humaine dans sa globalité qui se singularise d'ailleurs par une évolution civilisationnelle mondiale pertinente, c'est-à-dire par une croissance culturelle, économique et sociale qui progresse et qui intervient dans le processus du développement de l'humanité pour l'améliorer. Le souci est que les orientations et les contenus de ces paradigmes ne soient pas tronqués et leur finalité, (éduquer, instruire, former et qualifier), ne soit pas dénaturée. l Quatrième mission : la démocratisation de l'enseignement devra être bien pensée, bien réfléchie et très bien gérée. «Si la couverture des besoins a été assurée, les fonctions d'encadrement, de gestion, de recherche et de conception ont été négligées» - Le défunt Conseil supérieur de l'Education. Le Conseil supérieur de l'Education nationale futur, s'il viendrait à être institutionnalisé, travaillera pour que la formation cesse de subir les méfaits de sa massification. Si la couverture des besoins en matière de places pédagogiques a été quelque peu assurée, il veillera à ce que les fonctions d'encadrement, de gestion de l'acte pédagogique, d'évaluation des acquis et des curriculums, de prospective, de conception et d'élaboration de stratégies-tactiques pouvant être innovantes, ne soient plus négligées. Il s'évertuera à éviter que la démocratisation de l'enseignement et la croissance démographique continuent à s'entrechoquer, que les initiatives s'éparpillent et que les rythmes de développement de la gestion de la mission éducative s'accélèrent dans la contradiction pour enfin s'alourdir et devenir inévitablement peu maîtrisables. - Cinquième mission : les préoccupations politiques et administratives ne devront plus supplanter les impératifs pédagogiques. Par ailleurs, le Conseil supérieur de l'Education nationale veillera à ce que la forte centralisation de la décision, l'absence de procédures fiables dans la conception, l'élaboration, l'actualisation et l'évaluation des curriculums, la marginalisation des compétences du terrain, l'administratisation de la gestion de la mission éducative et la bureaucratisation de la gestion de l'acte pédagogique marquées en sus par l'exclusion de l'avis et du point de vue de l'élève et qui ont contribué à fragiliser le système éducatif et culturel algérien, n'aient plus droit ce cité. Aussi, la recherche de l'optimisation du rendement scolaire performant, ne sera plus occultée au profit d'une vulgaire statistique descriptive se limitant à mettre politiquement en évidence des bilans essentiellement quantitatifs, (nombre d'établissements scolaires inscrits et réalisés -de surcroît dans la précipitation- ; nombre d'élèves inscrits -les exclus sont laissés pour compte- ; nombre de postes budgétaires ouverts -ceux qui sont recrutés et parce que non formés pour la cause, jettent de la pédagogie plutôt qu'ils n'en dispensent. Etc.). Cela étant, les ministères qui se succéderont ne s'encoconneront plus dans ce qu'ils croient être leur charisme. Ils ne s'attelleront plus à des réajustements de parcours en tentant de réorienter hâtivement les trajectoires tracées. Plutôt que de se contenter d'obéir à des orientations partisanes ou populistes, ils agiront pour remettre de l'ordre dans le désordre. N'ignorant, cependant, pas que pour avoir été longtemps soumise au diktat d'un conglomérat de personnes passées maîtres dans l'art de faire semblant, le Conseil supérieur de l'Education nationale enregistrera que l'école algérienne ne saura s'interroger sur le processus à adopter pour assurer une scolarité performante et une réussite scolaire de qualité que si les décideurs politiques et pédagogiques : -cessent de théoriser leurs analyses et leurs évaluations en les stérilisant à coup de discours chiffrés et admettent que des seuils préoccupants sont franchis dans la dégradation de l'environnement socioculturel algérien ; - souscrivent clairement et sans bavure à une stratégie éducative et culturelle déconnectée de l'omnipotence des déterminismes politiques ou idéologiques qui ont fait de l'Algérie un pays certes scolarisé, mais combien mal scolarisé et des Algériennes et des Algériens, un peuple qui s'oblige à se fondre en d'autres peuples ; -réaniment les initiatives dont la marginalisation a fait en sorte que les modes de fonctionnement de l'action éducative et culturelle sont devenus obsolètes et ne font l'objet d'aucune volonté politique susceptible de leur donner du tonus. A titre d'exemple, l'Institut national de recherche en éducation, (Ex Institut national pédagogique), qui, bien qu'il soit une institution chargée d'engager et de promouvoir des réflexions pour améliorer la gestion de la mission éducative et celle de l'acte pédagogique, est devenu un espace qui ne sert pratiquement plus à rien. Aucune recherche n'y est engagée, aucune édition d'idées-forces ne se fait, aucune contribution n'y est permise, encore moins considérée, encore moins encouragée. -cessent d'imprimer à l'institution scolaire, un caractère d'immobilisme en opérant des compressions budgétaires. Notons que ce mouvement engagé, dit-on, sous la houlette de la crise économique qui sévit, a eu un impact négatif profond sur la pratique de la gestion de la mission éducative. (Mais de quelle crise s'agit-il ? De celle de l'embellie financière ? Insensé !!!), Qu'ils méditent donc cette réflexion d'Abraham Lincoln qui rétorqua à son ministre de l'Education nationale, «Essayez-donc l'ignorance ! », lorsque celui-ci lui dit : «L'éducation revient trop cher à l'Etat» ; Pour abonder dans la réplique de Lincoln, rappelons que les modes de financement du fonctionnement de l'action éducative, de formation et de recherche, parce que de plus en plus restrictifs, ont contribué à scléroser l'initiative et à laminer la performance. Désormais et quand bien même les gestionnaires financiers seront appelés à rationaliser leurs dépenses, ils ne penseront plus «budget» avant de penser «pédagogie». Tout leur savoir-faire est qu'ils apprennent à faire la part des choses. Autrement dit, ils ne perdront pas de vue que bien que les attentes pédagogiques continuent à s'exprimer et à s'accroître, les limitations financières imposées n'empêcheront plus ce qui devrait être un service pédagogique amélioré et perfectionné, d'être mis en phase. Ne subissant plus le joug de l'autorité de tutelle, les responsables politiques, (directeurs centraux et directeurs départementaux), ne s'enfermeront plus dans ce schéma politique hégémonique qu'on connaît et qui s'est rigidifié au fil des années parce que voulu irréversible et ne s'empêtreront plus dans des programmes d'action aussi ubuesques. Ils sauront définir un plan de formation qui s'accorderait aux défis de l'heure et qui serait en mesure de former le citoyen autonome et responsable, le citoyen qui deviendra l'artisan de son évolution au profit du développement durable, d'ailleurs à ce jour mythique. Quant aux responsables pédagogiques, (Inspecteurs d'enseignement, chefs d'établissement, enseignants), le Conseil supérieur de l'Education nationale veillera à ce qu'ils ne soient plus garrottés par des directives administratives loin de se conjuguer au présent et encore moins au futur et ne pilotent plus leur mission au jugé. Autrement dit, ils ne se résigneront plus à accomplir paradoxalement la mission politique qui leur a été assignée, juste pour l'accomplir. Dès lors, ils sauront être capables de structurer des esprits qui sauront gérer les circonstances que crée la révolution civilisationnelle mondiale en marche. A propos des responsables administratifs qui sont, tout simplement, en panne de process. Le Conseil supérieur de l'Education nationale travaillera à ce qu'ils ne s'enlisent plus dans le bureaucratisme exacerbant qui tend à devenir leur seconde nature, qu'ils ne fassent plus dans le wait and see ou se terrent quand l'argument à opposer leur fait défaut. L'initiative ne leur manquant plus, ils ne feront plus semblant. Ils rendront compte des activités qu'ils n'entreprendront, d'ailleurs, plus sporadiquement ou au gré de l'humeur. Ils mesureront l'impact réel de celles-ci en vue d'améliorer la qualité de leur service. Reconsidérant la motivation des enseignants afin qu'elle cesse de subir l'usure sous l'effet de leur condition socioprofessionnelle, jusque-là délibérément et profondément altérée, (entre autres, salaires insignifiants ? absence totale de commodités matérielles ? la coercition supplantant l'assistance technico-pédagogique), le Conseil supérieur de l'Education nationale travaillera à ce que les préoccupations politiques et administratives ne supplantent plus les impératifs pédagogiques. Désormais, les enseignants ne feront plus de l'exaspération une affectation définitive. Ils s'extrairont de la désinvolture qui a nourri le dépit et l'amertume chez leurs élèves. Ils se déferont, en somme, de la résignation indigènale dans laquelle ils se sont installés. Désormais, ils ne verront plus dans le comportement fataliste la seule issue possible. Désormais, enseignants et élèves ne se renverront plus, les uns les autres, cette image dévalorisante qu'ils se sont fait d'eux-mêmes. - Sixième mission : les institutions chargées de contrôler l'Etat ne feront plus dans l'air d'avoir l'air Les élus aux assemblées communales, départementales, à l'Assemblée nationale et au Sénat, qui devraient être ceux du peuple, ne devront plus laisser les coudées franches à la tutelle du secteur. Ils ne se figeront plus dans des comportements diamétralement opposés à la mission qui leur est dévolue. Mieux encore, ils ne camperont plus sur des positions politiques et idéologiques stériles et non conformes au souci du peuple, (se mêler au monde sans gêne et sans complexe et gérer le tumulte de la modernité, sans erreurs et sans illusion). Le coût de l'enseignement en tant qu'investissement devra être au centre de leurs préoccupations. Ils ne s'investiront plus alors dans le discours en total déphasage avec les préoccupations nationales. Les régiments de jeunes qui en sont annuellement exclus, sans diplômes et sans perspectives, sans compétences et sans qualifications, seront l'axe nodal de leur souci. De la sorte, ils ne relègueront plus la valorisation de la ressource humaine à un ordre accessoire. A Suivre *Directeur départemental de l'Education - Ancien professeur-chercheur INRE |
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