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Un autre préavis de grève sera déposé: Dialogue de sourds à Air Algérie

par Yazid Alilat

Il n'y aura, finalement, qu'une brève accalmie dans le bras de fer qui s'est engagé, depuis lundi, entre le personnel navigant commercial (PNC, stewards et hôtesses de l'air) et la direction d'Air Algérie. Après la débandade dans les aéroports du pays à la suite de la grève surprise du PNC, qui a pratiquement immobilisé, lundi, tous les appareils de la compagnie jusqu'à au moins 18h, la situation ne devrait guère s'améliorer dans les prochaines semaines. Au lendemain de cette grève à l'appui de revendications salariales du PNC d'Air Algérie, qui a annulé tous ses vols programmés avant 18h, M. Zouhir Houaoui, directeur de la division commerciale de la compagnie a été clair: impossible d'envisager une hausse des salaires, quelle que soit la catégorie de travailleurs. Restant inflexible face au pressing du PNC de la compagnie, la direction, à travers M. Houaoui, affirme qu'il est impossible, dans la situation financière actuelle, de la compagnie d'envisager une augmentation des salaires de cette catégorie de travailleurs. « 'La revendication principale (du PNC) est liée à une augmentation salariale, au motif, a-t-il dit dans une intervention, hier, mardi, à la Radio nationale, qu' il y a un accord établi, il y a une année, qui prévoit cette augmentation. Mais l'entreprise n'a pas les capacités, précise t-il, d'assurer cette augmentation au détriment de son équilibre financier ?'. « C'est sur cette base qu'il y a eu plusieurs échanges et discussions pour pouvoir alerter et démontrer, à l'ensemble du personnel, que la compagnie se trouve dans une situation assez difficile, dans le sens où elle ne peut assurer une augmentation des salaires », poursuit M. Houaoui, qui a pourtant affirmé qu'Air Algérie « n'est pas dans une situation de crise, mais qu'il y a des défis à relever, car on est dans un environnement très concurrentiel. » Air Algérie, selon son directeur de la division commerciale compte 8.970 employés, et « l'objectif est de pouvoir préserver ces emplois. » Pour autant, la situation financière de la compagnie inquiète: en dépit d'un chiffre d'affaires de 91 milliards de DA, en 2016, et près de 6,5 millions de voyageurs transportés, les coûts d'exploitation restent importants, dont la masse salariale avec un ratio de 18 à 20%. « Plus on maîtrise ces coûts, plus la compagnie se portera mieux », a-t-il dit, avant de rappeler la décision du P-DG de la compagnie de geler les hausses de salaires, car « l'équilibre financier de l'entreprise est assez fragile pour aller vers ces augmentations. Mais, précise t-il, si la situation s'améliore, rien ne pourra empêcher ces augmentations.» Ce n'est pourtant pas les mêmes éléments développés par le syndicat du PNC d'Air Algérie. Après une journée de lundi épouvantable pour les passagers de la compagnie, surpris par un débrayage jugé « illégal » en référé par le tribunal de Dar El Beida, qui a rappelé leurs obligations aux grévistes, le Syndicat national du personnel navigant commercial algérien (SNPNCA) reste inflexible et compte maintenir la pression sur la direction générale de la compagnie pour obtenir des hausses salariales. Le SNPNCA a, ainsi, annoncé, hier mardi, qu'il va déposer un préavis de grève après le délai légal de 21 jours. « Nous ne sommes pas hors-la-loi. Nous avons suspendu la grève à cause de la décision de justice », a précisé dans une déclaration à l'AFP le secrétaire général du syndicat, Karim Ourad, qui a affirmé que « nous allons redéposer un préavis de grève », avant de souligner l'organisation de « grèves cycliques à partir de la semaine prochaine, si la direction générale d'Air Algérie ne rentre pas en contact avec nous ». Menace à peine voilée du SNPNCA, qui réclame, notamment, le rétablissement d'un « échéancier » d'augmentation des salaires, comme cela avait été convenu, en janvier 2017, avec le précédent P-DG Mohamed Bouderbala, et gelé par l'actuel P-DG de la compagnie, Bakhouche Alleche, à la tête d'Air Algérie, depuis février dernier. Par ailleurs, l'autre souci financier d'Air Algérie, selon le chef de la division commerciale, est de gérer son endettement, qui arrive à échéance à la suite de l'acquisition d'une nouvelle flottille en 2011 dont 7 avions moyens courrier de type B737-800 et 1 ATR (appareil de transport régional). « Il faut regarder d'une façon précise toutes les dépenses et cela impose une rationalisation », explique-t-il encore. D'autre part, M. Houaoui a rappelé, à l'intention du PNC, la lettre du P-DG aux employés, dans laquelle il brosse un tableau noir de la compagnie, estimant que « 8.970 employés, c'est une masse salariale importante et donc qu'il faut maîtriser, et également préserver les emplois, même si les recrutements sont gelés. » Pour autant, il a affirmé qu'Air Algérie n'ira pas vers une hausse de ses tarifs pour rééquilibrer ses comptes, mais plutôt vers une politique commerciale plus agressive, et qui prend en compte la concurrence des compagnies régulières et les Low Cost. « Ce n'est pas par une augmentation des tarifs qu'on va concurrencer les compagnies concurrentes sur le marché français », a-t-il affirmé, avant de préciser qu' « on est en train d'évaluer toutes les possibilités pour des produits et services opportuns, à chacun des passagers ». Il a annoncé, par ailleurs, la mise en place d'un nouveau plan de développement s'étalant de 2019 à 2025 de la compagnie « pour mettre en place une nouvelle flottille avec le retrait d'une quinzaine d'avions, et cela reviendrait très lourd du point de vue maintenance ». Enfin, il a confirmé l'objectif de la compagnie d'aller vers le statut de 6ème liberté avec de nouvelles lignes sur l'Afrique, dont le Gabon, et l'ouverture de la ligne de New-York, « qui implique d'autres structures pour atteindre cet objectif. »