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Le génocide de Gaza dans les manuels d'histoire de 2050: Comment l'Occident a observé, acquiescé et facilité le génocide de Gaza

par Jamal Mimouni*

Ce chapitre analyse la catastrophe humanitaire qui eut lieu à Gaza au milieu des années vingt de ce siècle comme une étude de cas de l'échec du système international d'après-guerre (Seconde Guerre mondiale). Une question historique centrale est de savoir comment, malgré une couverture médiatique sans précédent des événements en temps réel, les grandes puissances occidentales (Europe et États-Unis) affublées du qualificatif de démocratique et qui ont rédigé la charte du droit international, ont non seulement échoué à intervenir mais ont passivement, et souvent activement, faciliter le génocide. Nous examinons les mécanismes de cette complicité déshonorante, l'instrumentalisation de la mémoire historique liée au holocauste et le calcul cynique de realpolitik d'acteurs régionaux.

La géographie de l'effacement : d'une contrée vibrante à une nécropole

L'assaut contre Gaza a été précédé d'un blocus illégal et sauvage de 15 ans, une politique de punition collective appliquée dans une indifférence mondiale quasi totale. Après le «désengagement» d'Israël en 2005, un blocus hermétique terrestre, maritime et aérien fut imposé à ses 2,3 millions d'habitants, dont la plupart étaient des réfugiés. C'était la plus grande prison à ciel ouvert du monde, où la circulation était sévèrement restreinte, l'économie étranglée et les approvisionnements essentiels distribués au compte-gouttes comme outil de contrôle politique. Gaza fut périodiquement soumise à des opérations militaires dévastatrices, euphémiquement appelées « tondre la pelouse », qui dégradaient systématiquement ses infrastructures et normalisaient ainsi l'érosion du droit international.

Pour comprendre le contexte, il est essentiel de considérer la situation dans son ensemble. La bande de Gaza et la Cisjordanie constituent les dernières portions restantes de la Palestine après le partage de 1947, adopté à une époque où les pays du Tiers-Monde, majoritairement colonisés, n'étaient pas membres, privant la Palestine d'un partage plus équitable du point de vue démographique. Ce plan, attribuant 56% du territoire à un État juif malgré une population palestinienne majoritaire, était déjà profondément injuste. La Nakba de 1947-1948 ou « grande catastrophe », reconnue aujourd'hui comme nettoyage ethnique, a chassé de chez eux environ 750.000 Palestiniens, soit les deux tiers de la population, qui fut suivi de l'effacement des quelque 500 villages qu'ils habitaient. La conquête des territoires restants lors de la guerre de 1967 a conduit les Palestiniens de Gaza et de la Cisjordanie à subir l'occupation israélienne. Il reste une minorité de Palestiniens en Israël non expulsés lors de la Nakba et jouissant de droits limités, en plus des millions de réfugiés, dispersés à travers le monde et qui restent privés du droit au retour, marquant une injustice historique persistante.

Figure 1Varsovie 1944

Le ghetto de Varsovie des années quarante et le réduit de Gaza des années 2020 présentent une analogie glaçante : les historiens enseignent désormais la destruction du ghetto de Varsovie (1943) et celle de Gaza (2023-2026) dans le même souffle. Tous deux étaient des enclaves densément peuplées et murées, où leurs habitants furent systématiquement affamés puis violemment réprimés. La différence réside dans le public. Alors que le monde a appris le sort du ghetto de Varsovie après coup il a regardé celui de Gaza en direct.

Les lignes rouges morales du monde se sont effondrées les unes après les autres, un processus illustré de manière frappante par la «Grande Marche du Retour» en 2018-2019. Cette manifestation entièrement pacifique vit des milliers de Palestiniens non armés abattus près des clôtures frontalières par des tireurs d'élite israéliens ; des centaines furent tués et des milliers blessés ou mutilés à l'intérieur même de leur territoire. L'incapacité de la communauté internationale à imposer des conséquences sérieuses pour ces crimes de guerre établit un précédent dévastateur de permissivité. Ce fut le prélude à la transformation de Gaza, de prison à ciel ouvert en camp d'extermination.

L'architecture du génocide: l'IA et la cruauté calculée

L'assaut sur Gaza coïncida avec une première historique : l'utilisation à grande échelle de l'intelligence artificielle. Les systèmes de ciblage par IA ne se limitèrent pas aux objectifs militaires mais englobèrent dès sa phase initiale, l'identification et l'assassinat méthodique dans leurs maisons souvent avec leurs familles des membres proéminents de la société civile : professeurs d'université, journalistes et intellectuels - les esprits constitutifs de la société palestinienne. Cela fut suivi du déploiement de systèmes automatisés de génération de cibles à un rythme sans précédent, accélérant l'effacement physique du paysage urbain de Gaza. La déshumanisation numérique atteignit son paroxysme avec la mise en œuvre d'une famine minutieusement calculée. Les systèmes d'IA traitaient les camions d'aide entrants, calibrant la quantité d'aliments autorisés au strict minimum, non pas pour prévenir la famine mais pour en gérer la gravité, transformant la subsistance en arme de contrôle de la population, dans ce que les analystes ont appelé « la famine par tableur ».

Figure 2 Gaza 2025

La normalisation de l'impensable

Le génocide de Gaza (2023-2026) fut marqué par une désensibilisation progressive de la communauté internationale, à mesure que les seuils moraux étaient franchis, facilités par la complicité occidentale à travers un soutien militaire et diplomatique massif. Trois atrocités symbolisent cet effondrement.

- Plus de 100.000 habitants dont 20.000 enfants furent tués par des munitions directes, leurs corps sans membres et couverts de poussière extraits des décombres devenant une statistique accablante. Le nombre de morts sous les décombres ou disparus est estimé à la moitié du nombre total de morts identifiés.

-Quelque 300 journalistes furent tués, permettant aux auteurs de contrôler le récit. Cela représente le bilan le plus meurtrier pour des journalistes dans l'histoire moderne, dépassant le total combiné des décès de journalistes dans les grands conflits contemporains.

- Une famine méticuleusement organisée : la faim utilisée comme arme avec une précision bureaucratique en calculant l'apport calorique et en bloquant les camions d'aide, évoqua le régime de Pol Pot au Cambodge (1975-1979) par sa froide efficacité. En août 2025, l'analyse d'IPC soutenue par l'ONU, approuvée par l'OMS, la FAO, l'UNICEF et le PAM, confirma des conditions de famine à Gaza, une crise que le Secrétaire général de l'ONU António Guterres qualifia de « catastrophe créée par l'homme » due à « l'effondrement délibéré des systèmes nécessaires à la survie humaine », de « l'aide bloquée » et d'un « échec même de l'humanité ». Chaque acte repoussa les frontières de l'horreur, et pourtant la conscience du monde resta insensible.

Les puissances occidentales, autoproclamées gardiennes de « l'ordre fondé sur des règles », facilitèrent la crise par un soutien massif crucial à Israël. Les États-Unis et les principales puissances européennes fournirent des armements avancés, prolongeant le conflit et permettant le nettoyage ethnique, tandis que les États-Unis, sous une administration extrémiste, paralysaient l'ONU en opposant leur veto aux différents projets de résolution de cessez-le-feu. Il est à noter que depuis 1967, Israël a reçu des États-Unis à lui seul environ 300 milliards de dollars (corrigés de l'inflation), dont 220 milliards en aide militaire et environ 80 milliards en aide économique, tandis que pendant le conflit Israël-Gaza, cela s'éleva à quelque 30 milliards, principalement en armes.

En bloquant ou diluant systématiquement les résolutions du Conseil de sécurité, ces puissances rendirent l'ONU inefficace, précipitant sa descente dans l'insignifiance. Leurs appels à la « retenue » ou à la «proportionnalité» servirent de prétexte fragile à la complicité face à un génocide en cours.

Les événements du 7 octobre : fabriquer le consentement au génocide

La propagande israélienne liée à l'attaque du 7 octobre qui déclencha l'assaut israélien, dans le cadre d'une machine globale de propagande connue sous le nom hébreu de Hasbara, fut un maître cours de désinformation. Cette attaque du mouvement de résistance Hamas et ses alliés, qui fut initialement une campagne militaire malgré certains excès, avait pour but de briser le statu quo qui asphyxiait la population de Gaza. Elle fut instrumentalisée en une justification mythologique pour une réponse grandement disproportionnée. Des enquêtes internationales, retardées pendant des années en raison d'une interdiction d'accès aux médias imposée par Israël, révélèrent plus tard une réalité complexe : le nombre de victimes du côté israélien étant en partie dû à des actions militaires israéliennes, incluant des frappes d'hélicoptères de combat sur des civils lors de la prise d'otages ayant suivie l'attaque du festival de musique Nova. Ces actions, guidées par la Directive Hannibal, une politique priorisant la prévention de la capture d'otages, même au prix de leurs vies, aurait contribué de manière significative au bilan des morts. Les affirmations de « quarante bébés décapités » ou placés « dans des fours »,et de « viols systématiques » contre des civils israéliens, plus tard prouvées fausses, furent amplifiées à des proportions monumentales, créant une justification pour une riposte vengeresse et sans limite. Une rhétorique telle que « animaux humains » et des références bibliques à « Amalek », utilisée par des dirigeants israéliens - une tribu biblique symbolisant le mal irrémédiable voué à la destruction totale - faisait écho au langage déshumanisant qui précède historiquement les génocides.

Un autre argument avancé par les Israéliens pour justifier leur guerre d'anéantissement à Gaza fut l'invocation du « droit d'Israël à se défendre », qui servit de principal prétexte pour blanchir son assaut brutal, ciblant systématiquement civils et infrastructures sous couvert de cibler le Hamas, en plus des «préoccupations sécuritaires» d'Israël. Cette justification ignore volontairement l'asymétrie profonde des forces en présence et le contexte d'occupation militaire, requalifiant une guerre disproportionnée et génocidaire en légitime défense, malgré le fait qu'en droit international, Gaza était un territoire occupé, ce droit à « l'autodéfense » ne s'applique pas.

Un second prétexte souvent mis en avant - la libération des otages - est tout aussi cynique. La profondeur de cette hypocrisie apparut dans l'acte honteux de la Belgique en septembre 2025, bien que nominalement positif, de reconnaître un État palestinien à l'ONU, mais conditionnant cette reconnaissance à la libération de tous les otages, dont un nombre significatif était d'ailleurs du personnel militaire. Aucune mention ne fut faite des quelque 6.000 prisonniers palestiniens des territoires occupés, dont plus de la moitié sont en détention administrative, c'est-à-dire sans jamais avoir été traduits devant un tribunal. En fait, on pourrait même argumenter que c'est tout le peuple palestinien qui est maintenu en otage depuis 1948. La Belgique lia ainsi le droit fondamental d'un peuple à l'autodétermination à un incident spécifique, rendant son geste à la fois mesquin moralement et politiquement ridicule. Cette position est particulièrement grotesque si l'on considère la réalité à Gaza, où le nombre de civils palestiniens tués quotidiennement par les bombardements israéliens dépassait de loin le nombre estimé d'otages restants.

La psychologie de l'impunité : la normalisation de l'illégalité

Un facteur critique ayant permis le génocide fut l'attitude des puissances occidentales, prétendant représenter la communauté internationale, et leur accommodation depuis des décennies aux violations israéliennes. Cette culture de l'impunité commença avec le développement incontrôlé d'un arsenal nucléaire clandestin par Israël en dehors du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires dans les années 1960. Notons qu'Israël est le seul pays au monde qui a le droit à cette ambiguïté nucléaire. Elle se poursuivit avec l'occupation perpétuelle des territoires palestiniens sans conséquence significative. Chaque atteinte à la légalité internationale, chaque crime impuni - chaque expansion de colonie en Cisjordanie occupée - renforçait la perception d'Israël comme un État opérant au-delà des normes qui lient les autres nations. Cela établit un précédent psychologique dangereux : la conviction qu'aucune ligne rouge ne serait jamais appliquée.

Finalement, la veulerie de l'Occident - son incapacité à remplir son devoir légal de prévenir le génocide en appliquant les verdicts de la Cour internationale de justice (CIJ) et de la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour ses actions criminelles à Gaza - rendit ces jugements vides de sens. Cette complicité permit à Netanyahu de présenter les Palestiniens comme les « Amalek » modernes, une tribu biblique symbolisant le mal irrémédiable vouée à la destruction totale. Dans une profonde ironie historique, cette permissivité fut en partie alimentée par une culpabilité occidentale liée à l'holocauste, qui permit paradoxalement qu'un nouveau génocide soit perpétré par un État fondé dans son sillage. Cette perversion de l'histoire mena à un résultat cruel : l'héritage moral du «Plus jamais ça» fut réduit à une mauvaise blague par ses prétendus héritiers, et la mémoire de l'holocauste elle-même commença à s'estomper dans la conscience mondiale, éclipsée par les horreurs commises dans son ombre.

L'hypocrisie des États-Unis, qui avaient précédemment envahi d'autres pays sous des prétextes fragiles - tels que le Panama, l'Afghanistan et l'Irak - tout en plaidant l'impuissance pour contenir un État client, est désormais considérée comme l'ignominie définissante de la géopolitique du début du XXIe siècle.

Certaines nations exploitèrent en outre leur vécu historique pour justifier cette non-intervention. La République fédérale d'Allemagne, dont l'identité fut construite sur la Vergangenheitsbewältigung (le travail de mémoire du passé), invoqua la mémoire de l'holocauste pour s'opposer catégoriquement à toute critique de la politique israélienne. Cette position se traduisit par la répression acharnée de toute protestation ou manifestation sur son territoire contre les agissements d'Israël sous l'accusation d'antisémitisme, ainsi qu'un soutien diplomatique et militaire inébranlables.

Malgré les proclamations de liberté de la presse, les grands médias furent souvent cooptés, et de nombreux gouvernements réprimèrent tout acte de solidarité avec les Palestiniens, qualifiant par exemple le simple slogan «Free Palestine» d'antisémite et assimilant l'antisionisme avec l'hostilité envers les juifs. Qui plus est, Donald Trump utilisa le mot « Palestinien » de manière péjorative à plusieurs reprises, notamment lors d'un débat en 2024 avec le président Biden, tandis que ce mot lui-même devint un tabou social dans de nombreux cercles, voire un « P-word ». Pourtant, grâce à Internet et aux réseaux sociaux, ce récit fut largement contré, transformant la cause palestinienne en une puissante vague de solidarité, particulièrement adoptée par la jeunesse du monde entier.

Realpolitik régionale et trahison

La réponse des États arabes voisins fut marquée par l'inaction calculée et la complicité implicite, reflétant en fin de compte un échec profond à assumer leur responsabilité morale. Des nations comme l'Égypte, les émirats du Golfe priorisèrent les accords de sécurité bilatéraux et les relations économiques avec les États-Unis - et, par extension, Israël - au détriment de la solidarité régionale. L'Égypte imposa la fermeture du passage frontalier de Rafah avec Gaza, piégeant la population palestinienne dans un abattoir. L'Arabie saoudite autorisa l'utilisation de son espace aérien pour des usages civils et militaires, et les Émirats arabes unis ainsi que Bahreïn promurent des relations commerciales « normales », accueillant des responsables et artistes israéliens tout en criminalisant le soutien à la résistance palestinienne. De même, le Maroc établit de vastes liens militaires et sécuritaires avec Israël, achetant pour des milliards de dollars des systèmes d'armement avancés et acceptant de jouer le rôle de proxy régional pour contenir l'Algérie, qui resta, aux côtés de la Tunisie et du Yémen, l'un des rares États arabes à s'opposer totalement à Israël.

Ce fossé profond entre la politique des régimes arabes et leurs opinions publiques déclencha une grave crise de légitimité intérieure dans toute la région. La passivité de ces régimes fut perçue par leurs populations comme une trahison flagrante des principes panarabes et islamiques, une érosion de l'autorité qui alimenta plus tard une instabilité régionale majeure et les révolutions populaires des deux dernières décennies.

Pouvons-nous absoudre le peuple israélien ?

Devons-nous attribuer la responsabilité exclusive des massacres à Gaza à l'armée et au gouvernement d'extrême droite, devons-nous absoudre le public israélien ? Ce serait ignorer leur complicité manifeste, comme le révèlent les données d'un sondage de l'Institut israélien de la Démocratie de 2025 montrant que 68,5% des Israéliens juifs considéraient que l'usage de la force par les FDI à Gaza était approprié ou même insuffisant. Ce consensus public est cultivé par un paysage médiatique qui occulte largement le coût humain à Gaza et la famine déclarée par l'ONU, tandis que le public fait preuve de peu d'initiative pour rechercher des informations alternatives sur Internet ou ailleurs. Ainsi, la plupart nient l'existence du génocide et la situation de famine régnant à Gaza que leur propre armée infligea à la population gazaouie.

Cette approbation est encore attestée par la nature des manifestations antigouvernementales de masse en Israël durant la phase finale du génocide, qui se concentraient exclusivement sur la libération des otages tout en se gardant de manière flagrante de défendre les droits des Palestiniens ou de montrer la moindre empathie envers les victimes palestiniennes. Einstein a eu ces paroles dures à propos du peuple allemand :« Derrière le parti nazi se tient le peuple allemand, qui a élu Hitler alors qu'il avait, dans son livre et dans ses discours, clairement exprimé ses intentions honteuses au-delà de toute possibilité de malentendu». En soutenant de manière tout aussi patente les actions destructrices de leur gouvernement, en pleine connaissance de leur rhétorique meurtrière explicite qualifiant les Palestiniens d'« animaux humains », le verdict sévère d'Einstein sur le peuple allemand leur est également applicable.

A l'inverse, de nombreuses voix juives à travers le monde ont vigoureusement défendu les droits des Palestiniens, défiant directement la position des générations plus âgées. Ces anciens restent souvent prisonniers d'une loyauté identitaire qui confond Israël avec l'ensemble de la communauté juive mondiale. Par leur activisme de masse, ces dissidents déclarèrent avec force « pas en notre nom » et « Palestine libre » dans les médias, les places publiques et les campus, démontrant que le jugement éthique peut transcender l'ethnicité.

Conclusion

Le génocide de Gaza de 2023-2026 demeure un épisode terrible dans la mémoire historique contemporaine, non seulement par son tribut accablant, mais par l'abondance de la documentation sur son déroulement en temps réel. Les images satellites, les rapports de journalistes et la résolution de l'IAGS en 2025 déclarant le génocide comme fait établi révélèrent une catastrophe qui exigeait une action ferme, mais les puissances mondiales choisirent l'inaction. Le silence, le déni et la manipulation cynique de la mémoire historique en firent un génocide commis à la fois avec des bombes et avec des paroles, avec des armes et avec des silences. Sa leçon la plus sombre est peut-être la suivante : à l'ère de l'information, où chaque atrocité pouvait être vue en direct, l'indifférence, l'inertie et la complicité ne furent pas diminuées mais amplifiées. Gaza est devenue le miroir de la conscience mondiale, reflétant l'écart abyssal entre l'idéal proclamé de « Plus jamais ça » et la réalité de « encore une fois, et devant nos yeux ». Ceux qui ont gardé le silence lorsque ce massacre se déroula devant eux se sont irrémédiablement couverts d'ignominie.

*Départ. de Physique, Université de Constantine1 & CERIST