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Tant que les Russes jouent aux méchants

par Moncef Wafi

De quel stratégique partenariat énergétique va-t-on bien parler lors de la deuxième rencontre de haut niveau dédiée à ce dossier entre l'Algérie et l'Union européenne ? L'interrogation se pose d'elle-même alors que l'Italie vient d'annoncer officiellement qu'elle ne renouvellera pas son contrat d'importation de gaz à long terme (par gazoduc) avec l'Algérie.

La situation en interne, les mauvais choix économiques et l'insécurité régionale ont vite fait de rattraper le pays, pourtant lié à Bruxelles par un Mémorandum d'entente, signé en juillet 2013, sur l'établissement d'un partenariat stratégique dans le domaine de l'énergie. L'annonce italienne, véritable douche froide, pourrait priver le pays de son premier client en gaz et lui faire perdre plusieurs milliards de dollars par an. En parallèle de ce réalisme transalpin pour les affaires, Bouterfa rétorquant que cette riposte vient à la décision de l'Algérie de transformer localement son gaz, on retrouve les annonces de bonne volonté des Européens concernant justement le gaz algérien.

Ainsi, le monsieur énergie de l'Europe, Miguel Arias Canete, a de tout temps affirmé que «l'Algérie est un partenaire stratégique et fiable pour les approvisionnements énergétiques de l'UE, non seulement en matière de gaz naturel dont elle assure les approvisionnements régulièrement et sans interruption depuis plusieurs décennies, mais aussi en matière de pétrole brut». Un témoignage en décalage avec les déclarations italiennes qui vont jusqu'à remettre en doute la capacité de l'Algérie à honorer, à l'avenir, ses engagements contractuels en livraison de gaz à cause de sa forte consommation domestique. Le gaz algérien, rappelons-le, a été au cœur d'un bras de fer entre la France et Sonatrach, en hiver dernier, les Français reprochant à la compagnie nationale des hydrocarbures de ne pas avoir respecté ses livraisons.

L'Europe met également la pression sur les Algériens en termes d'énergie renouvelable, véritable exigence citoyenne nationale, et œuvre pour approfondir cette coopération énergétique en l'étendant à celle de l'électricité et des énergies nouvelles et renouvelables, à l'efficacité énergétique et au développement des infrastructures. Tout un programme, financé à hauteur de 10 millions d'euros, décidé lors des travaux de la 10e session du Conseil d'association Algérie-UE. Seule certitude pour Alger est tant que l'Europe continue à se méfier des Russes, son partenariat restera toujours privilégié.