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Algérie-Europe: Vœux maléfiques de nos amis d'ailleurs

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

  Un «sans papiers» est par définition sans «identité». Pourquoi veut-on qu'il soit, forcément, algérien? Et pourquoi pleurer la tragédie syrienne en la prédisant ( la souhaitant!) à l'Algérie? Vils et pathétiques vœux de fin d'année des gourous de la violence et de la guerre.

Il faut beaucoup d'efforts sur soi pour répondre à la stupidité et à l'insulte. Qu'un scribouillard d'un quelconque canard s'amuse à prédire l'avenir de l'Algérie, dans des scénarios tragiques et irréversibles, fantasmés, ou à citer des chiffres hallucinants d'Algériens sans papiers, en Europe, sans mesurer la honte de ses propos et voilà la réplique immédiate des plus hautes autorités algériennes, pour démentir et s'indigner. Me voilà, donc, forcé de plonger dans ce torrent de boue au risque- et je le prends- de passer pour un serviteur zélé du régime en place, laudateur obséquieux de je ne sais quelle officine du pouvoir algérien. Mince risque face à l'immense insulte et provocation, faite à plus de quarante millions de mes compatriotes, au pays et ailleurs. Donc, il y aurait, selon certains médias étrangers et algériens, en ligne plus de 150.000 «sans papiers» sur le point d'être expulsés d'Allemagne, d'Espagne, d'Italie et de Belgique. La question est de savoir «comment a-t-on déduit qu'il s'agit d'Algériens s'ils sont «sans papiers»? A vouloir trop gonfler les chiffres pour un effet de loupe pour choquer, ces «plumes» mêlent «irréguliers ou en voie de régularisation», aux légaux, pour être comptés «comme sans papiers». Est-il difficile de comprendre qu'un «sans papiers» est quelqu'un qui n'a pas de papiers d'identité, donc inidentifiable? Pourquoi l'Algérie doit-elle reconnaître toute personne vivant à l'étranger n'ayant aucun papier d'identité pour peu que cette personne se dit algérienne? La confusion est poussée, à son paroxysme, jusqu'à compter les 35.00 Algériens et leurs enfants, vivant en Belgique, depuis plus de 50 ans, comme des «sans papiers». Idem pour les Algériens d'Allemagne où le chiffre hallucinant de 80.000 Algériens «sans papiers» est cité. Cette soudaine campagne de mise à l'index de l'Algérie et des Algériens est accentuée par les déclarations et analyses d'un sombre ex- fonctionnaire ( DG adjoint dans une direction) de la Commission européenne, prévoyant pour l'Algérie un destin funeste, dans un scénario à la syrienne. Ce qui veut dire qu'il ignore la réalité et l'histoire syrienne, autant que les raisons et les vrais acteurs de la guerre civile, dans ce pays. Pathétique pour un fondateur, par ailleurs, en Belgique, de l'annexe de l'Institut français des relations internationales ( IFRI). D'autres médias apparentés «de droite», comme le journal ? La Libre Belgique' se sont fait une joie de reprendre ses propos, sur l'Algérie. C'est dans ce piège médiatique, si grossier, que sont entrés, la tête la première, les plus hauts commis d'Etat de l'Algérie pour y répondre. Si la réaction des Algériens est légitime, force est de constater qu'elle intervient, comme souvent à posteriori, sous forme de réponse du berger à la bergère, c'est-à-dire, en criant à la manipulation et la provocation après coup. Rarement l'Algérie et sa diplomatie ne sont à l'initiative, à l'offensive, disons-le: au travail de lobbying pour la promotion de sa politique et de son image. Pire, pourquoi les étrangers, médias et hommes politiques qui n'aiment pas, particulièrement, l'Algérie (et c'est leur droit) s'interdiraient-ils de cibler ses ressortissants, lorsque des députés et autres hauts commis de l'Etat algérien, ciblent et discriminent leurs compatriotes de la diaspora algérienne, à l'étranger? Inversement, les «étrangers» en Algérie et plus précisément nos frères africains sont, à leur tour ,mis à l'index. Nier la discrimination des réfugiés africains, en Algérie, ne règle pas le problème et nous fait ressembler aux extrémistes nationalistes européens qui surfent sur la «peur de l'étranger». Les phénomènes de migration, à l'entrée de ce siècle, touchent la majorité des pays, plus fortement ceux dont le positionnement géographique en fait des ponts ou relais entre pays pauvres et pays riches. C'est le cas de l'Algérie, zone tampon entre le Sahel africain et l'Europe.

C'est dire que l'immigration africaine, en Algérie, comme pays d'accueil et de transit n'est qu'à ses débuts. D'où la nécessité de s'y atteler dès aujourd'hui, pour ne pas être pris, demain, au dépourvu. Quant à notre émigration, en Europe et ailleurs, elle sait depuis très longtemps qu'elle est un enjeu politique majeur que se disputent, aux moments de crises ou de rendez-vous électoraux, les politiques en tous genres, en Europe, comme en Algérie. C'est pourquoi la levée de boucliers rouillés de ces jours-ci, autour des immigrés en Europe, via le corpus de l'extrême droite qui confond, à escient, immigrés, «sans papiers», irréguliers, clandestins... n'est autre qu'une dérisoire stratégie d'affolement de l'Algérie pour mieux faire croire aux Algériens l'autre gros mensonge, celui de lendemains syriens. Sauf, que les Algériens ont déjà soldé, bien avant les autres pays arabes, les affres d'une guerre civile et sont les premiers à reconnaître les tares et injustices qu'ils vivent, chez eux et à critiquer leurs gouvernants. Cette campagne ne nous apprend rien de nouveau sur nous-mêmes. Elle confirme, plutôt, que le pays n'a toujours pas les amis qu'il croit.