Après une absence partielle qui aura duré près de trois semaines, le lait en sachet est réapparu, depuis vendredi dernier, chez la plupart des commerçants de toute la région.

Au cours des dernières semaines, des scènes très malheureuses se faisaient voir quotidiennement, quand les citoyens se rendent, chaque matin, devant les épiceries pour attendre une hypothétique arrivée de cette denrée nécessaire surtout aux enfants.

Souvent, l'attente dure plus de deux heures mais le camion tant attendu n'apparaît pas et la plupart des hommes (et des femmes) s'en retournaient bredouilles, la tête basse et les nerfs à fleur de peau.

Certains commerçants le vendaient sous le manteau, réservant les quelques sachets qu'ils recevaient chaque jour à leurs clients, ce qui et peut-être assez juste mais inexplicable. D'autres se rabattaient chez des revendeurs au noir qui vendaient le sachet de lait, au vu et au su de tous, à un prix allant de 35 à 50 DA, pressés qu'ils sont par leurs progénitures qui ne comprendraient jamais que leur papa n'ait pas ramené de lait. Chacun essayait de se débrouiller, chaque jour, pour ramener bravement le précieux sachet et paraître devant sa petite famille comme un véritable héros, et il fallait parfois l'être pour faire la chaîne pendant plus de deux heures ou parcourir de grandes distances pour acquérir quelques sachets de lait. Mais là où c'est vraiment incompréhensible, c'est justement le fait qu'une denrée de première nécessité comme le lait soit introuvable sur le marché malgré les grands efforts financiers consentis par l'Etat pour l'acquisition de poudre de lait, alors que le yaourt, les jus à base de lait, les fromages et autres produits laitiers se trouvent en quantités astronomiques sur les étals des petites et grandes surfaces. L'autre facette du lait demeure la production nationale et la quantité de lait cru recueillie par les laiteries et leur destination finale ainsi que la trop grande quantité transformée en lait caillé et en petit-lait que nous pouvons trouver partout, mais à des prix trois ou quatre fois plus élevés que celui du lait en sachet : c'est peut-être là la véritable raison de cette rareté du lait dont souffrent la plupart de nos enfants en bas âge.