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Ce que veut la rue

par Moncef Wafi

Le meurtre de la petite Nihal est en train d'enflammer le pays. Si la rue se mobilise pour la levée du moratoire sur la peine de mort concernant les assassins et kidnappeurs d'enfants, la réaction du gouvernement n'est pas encore à la une de l'actualité. Son silence sur la demande populaire suggère plutôt un statuquo officiel déjà enregistré après chaque dossier criminel qu'à un changement d'attitude et une prise de décision réactivant les pelotons d'exécution.

Le cas Nihal, et sa récupération par la rue algérienne, fait que le traitement de son dossier dépasse largement la sphère d'un simple tribunal criminel puisqu'on commence déjà à assister aux débordements liés à ce genre d'affaires. Les premiers dépassements sont déjà visibles sur les réseaux sociaux où depuis samedi la photo d'un inconnu circule, le présentant comme l'assassin de la fillette. Une photo jetée en pâture aux internautes, le texte affirmant qu'il est passé aux aveux au même titre que sa complice d'épouse.

Si les autorités sécuritaires essayent de communiquer dans le respect du secret de l'instruction, il est reproché à Sellal, en premier, de ne pas avoir publiquement pris la parole. De ne pas prendre une décision forte qui va dans le sens des demandes populaires. Sans verser dans un populisme de circonstance, de mauvais aloi en plus, le gouvernement algérien aurait été plus inspiré à prendre à bras-le-corps le traitement médiatique de cette affaire et à répondre aux aspirations des Algériens qui demandent que justice soit faite et que la loi du talion soit exécutée. Le peuple demande justice, appelle à marcher pour exiger le rétablissement de la peine de mort et que fait le gouvernement entre-temps ? Rien. Ou plutôt ne réagit pas en attendant que l'orage passe, qu'on enterre les restes, oui les restes d'une gosse de quatre ans.

S'en prendre au gouvernement paraît la solution la plus facile. Pourtant c'est la seule, la plus légitime, puisqu'il est l'unique garant de la sécurité des Algériens. Ce silence incompréhensible pour le commun des Algériens, même si l'Etat est tenu de respecter une certaine charte internationale sur les droits de l'homme, ne fait que creuser un peu plus le fossé entre peuple et dirigeants. Que renforcer ce sentiment de laisser-faire entretenu à force de silence par le gouvernement. Bouteflika va-t-il lever le moratoire sur la peine de mort ? S'il passe à l'action, ce n'est que justice puisque le tueur de Nihal ou de n'importe quel enfant ne peut être que passé par les armes.