Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Constantine - Sit-in des enseignants de l'INATAA: Plaidoyer pour un apaisement du climat

par A. Mallem

Plus d'une cinquantaine d'enseignants de l'Institut national de l'agriculture et des technologies agro-alimentaires de Constantine (Inataa) ont observé un sit-in, hier, à l'intérieur de l'institut pour proclamer leur solidarité avec le recteur de l'université des Frères Mentouri de Constantine et le directeur de l'Inataa qui sont poursuivis par la justice dans l'affaire de la répression du mouvement de grève déclenché par les étudiants de l'institut au mois de mai 2015. Des enseignants qui participaient au sit-in ont rappelé avoir «fait beaucoup d'efforts pour que les choses s'arrangent». Ainsi, soulignent-ils, «nous avons, par exemple, tout fait pour aider les étudiants à rattraper les cours perdus durant la longue grève de l'année dernière». Mais finalement, ont-ils dit avec regret, «on voit que la situation s'est encore compliquée avec les poursuites engagées contre les responsables de l'université».

Pour sa part, M.M., enseignant à l'Inataa, a confirmé que le sit-in s'est déroulé dans le calme. «Des étudiants sont même venus nous voir, nous a-t-il dit, et ils ont discuté avec nous, ceci parce que nous n'avons jamais eu de problèmes entre nous. Ils ont été jusqu'à reconnaître que les enseignants leur ont apporté un soutien énorme en les aidant à terminer l'année pédagogique afin de leur faire éviter de rater l'année universitaire. Ils ont compris tout à fait notre élan de solidarité envers nos collègues qui risquent la prison car ils voulaient eux aussi qu'il y ait un apaisement total au niveau de notre institut».

Et cet enseignant d'expliquer la démarche des enseignants en assurant que celle-ci ne comporte aucune espèce de menace sur le déroulement futur des activités pédagogiques de l'institut. «Nous avons voulu, à travers ce sit-in et la déclaration que nous avons faite hier 10 avril, simplement exprimer notre inquiétude. Et je ne pense pas, a ajouté un enseignant, qu'on puisse nous reprocher de nous inquiéter face aux menaces d'emprisonnement qui pèsent sur nos responsables universitaires qui sont aussi nos collègues. Mais il est clair que ce qui a été requis par le ministère public du tribunal de Ziadia à l'encontre de nos collègues n'est pas quelque chose qui va dans l'intérêt de l'institution universitaire, ni dans le souci d'apaisement des esprits». Et de demander quel serait logiquement l'état d'esprit des enseignants sachant que des collègues à eux sont menacés de prison. «Dans ce cas, est-ce qu'on pourrait envisager de poursuivre nos activité de manière sereine ?», a demandé notre interlocuteur. Et ce dernier terminera par considérer qu'il est tout à fait évident que «si le jugement va dans le sens du réquisitoire du procureur, cela ne plaira pas aux enseignants et ils auront toute la faculté d'agir de la manière qu'ils jugeront utile et nécessaire, par exemple en demandant à témoigner devant la justice sur les évènements de mai 2015. Mais il est tout à fait clair qu'on ne pourrait plus envisager une poursuite sereine de notre activité pédagogique sachant que nos collègues prennent pour 4 années de prison pour des choses dont ils ne sont pas responsables !», a conclu un enseignant. Ce dernier terminera par dire que les enseignants de l'Inataa ne sont engagés dans aucune sorte d'organisation syndicale, corporative ou autre.