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Patrimoine matériel et immatériel: Un portail électronique pour la Culture

par Ghania Oukazi

Le portail du Patrimoine culturel algérien «construit» par Fayçal Benkalfat et ses collaborateurs, est, enfin, opérationnel. Sa mise en service a été synchronisée avec «Constantine, capitale de la Culture arabe», pour s'ouvrir sur tous les enregistrements du malouf constantinois.

La cérémonie du lancement de ce portail électronique a été organisée, hier, au Palais de la Culture, en présence des gens « du métier », notamment de la chanson, à l'exemple de Saloua, Zakia Kara Torki, Youcef Doumaz , Amir Nacer...

En plus de l'ex ministre de la Culture, Nadia Labidi et des ambassadeurs de certains pays arabes, le président du Conseil national des Arts et des Lettres, Abdelkader Bendaamache était, aussi, présent. Il a même ses œuvres dans le portail, entre autres ses enregistrements de plusieurs genres musicaux, en plus des bibliographies d'artistes.

C'est le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi qui a coupé le ruban virtuel de «l'entrée» du portail électronique, aux côtés des représentants du président de la République, Saâd Eddine Nouiouet et Benaâmar Zerhouni et du concepteur de ce travail colossal, Fayçal Benkalfat. C'est, véritablement, l'évènement clé qui marque l'ampleur de la Culture algérienne, dans toutes ses évolutions. «On a préféré commencer par ouvrir le portail sur le dernier événement, qui est l'année de la Culture arabe à Constantine, et ce, à travers les nombreux enregistrements du patrimoine musical malouf, c'est ce que les internautes verront en premier, en attendant le lancement de tout le reste qui est un travail merveilleux, sur le Patrimoine matériel et immatériel de l'Algérie, » a déclaré Mihoubi.

Le ministre a rappelé qu'en 2002, le président de la République avait donné instruction pour ouvrir des portails culturels. «Le Président Bouteflika a demandé que tout ce qui est produit, dans le domaine culturel, soit mis à la disposition de tous les Algériens, tout le monde doit en profiter, » a-t-il encore précisé. Les mots clés de ce travail fastidieux et gigantesque sont «préservation et promotion du Patrimoine matériel et immatériel, pour l'inclure dans le paysage culturel mondial. » Le ministre a regretté, hier, que seulement 3% de tout ce que possède le monde arabe, comme patrimoine culturel, soit accessible sur Internet. «J'en appelle à tous les internautes nationaux et internationaux pour visiter ce nouveau portail, parce qu'il abrite, absolument, tout ce qui se fait au plan culturel, ancien et contemporain,» a lancé le ministre de la Culture. Il tiendra à préciser que « ce n'est pas un travail du ministère de la Culture ni d'une quelconque institution mais de l'Algérie, dans toute sa diversité culturelle. »

Un clic pour la Culture, dans toutes ses merveilles

Au-delà des premières séquences des enregistrements du malouf constantinois, dont les textes et leur correction ont été coordonnés par Mohamed-Cherif Zerouala, avec Salim El Fergani et Dib El Ayachi, le curseur peut naviguer à travers un monde culturel merveilleux, dès les premières photos des grands interprètes algériens, de chansons, de cinéma, de théâtre, d'écriture. Dans sa partie musique andalouse, le portail s'ouvre sur l'un des pères de la sanaâ algéroise, Sidi Ahmed Serri, avec ses 450 œuvres qu'il avait enregistrées, lui-même, avec le peu de moyens qu'il avait mais avec l'aide précieuse de ses meilleurs amis. On peut en consulter les textes, en arabe et en français, ainsi que les partitions et l'histoire de leur composition. Le sanaâ (chant) des confréries, sanâa de Tlemcen, Khlifi Ahmed et sa voix envoûtante, Chérif Khedam, El Djarmouni, les chants patriotiques, des manuscrits de la musique andalouse, vieux de plus d'un siècle, des références musicologiques de haute facture, les poèmes, Moufdi Zakaria, les productions cinématographiques et des planches, Hassan El Hassani, Abdelkader Alloula et tous les grands de la vie culturelle nationale. Toutes les merveilles de la Culture peuvent être consultées.

«Je suis très heureux d'assister à l'ouverture de cet important portail dont la réalisation a été possible avec le soutien du président de la République et de son parrainage, » a déclaré Benamar Zerhouni. Le conseiller du chef de l'Etat a tenu à rendre hommage, à Fayçal Benkalfat et ses collaborateurs « qui ont travaillé, longuement et minutieusement, pour réussir cette œuvre. » Les responsables, au plus haut niveau de l'Etat, savent que ce projet grandiose a failli être noyé dans un flux de circonspections politiciennes, bureaucratiques et égocentriques stériles.

Benkalfat a fait savoir que « d'ores et déjà, vous pouvez télécharger, à partir de votre portable tout ce qui vous intéresse dans le monde culturel. »

«Le plus dur a été la construction du portail»

Interrogé par nos soins, Benkalfat reconnaît que « le plus dur a été la construction du portail, aujourd'hui, nous sommes heureux qu'il soit opérationnel mais il est en phase d'enrichissements extrêmement lourds et extrêmement importants. » L'ouverture, en premier, sur les enregistrements du malouf constantinois, permettra à l'équipe de Benkalfat de « corriger des petits aspects techniques, en symbiose avec les flux qui continueront d'alimenter le portail. » Il promet que « de temps en temps, on ouvrira tout le portail mais à chaque fois qu'on reçoit des flux, on est obligé de le fermer pour les placer comme il se doit. » Il fait savoir que le site est hébergé chez le Cerist et chez un étranger. Bien que tous les droits du contenu du portail lui appartiennent, Benkalfat tient à dire qu' « on a le droit de tout télécharger gratuitement, le président de la République a tenu à ce qu'il soit ainsi, il a insisté sur la gratuité du portail. »

Il nous relate les étapes de la construction de ce site, en notant qu'« au début, on était une cinquantaine de personnes, on a travaillé, longuement ensemble, puis, l'équipe a été réduite à une vingtaine de personnes, on continue de voir ensemble les aspects techniques. » Il rappelle que les premiers enregistrements ont été faits avec « une petite équipe » dans son studio, à Tlemcen, entre 2003-2004. «Nous avons profité plus tard, en 2011, de l'événement Tlemcen, capitale de la Culture arabe, pour doubler la cadence, depuis on n'a pas cessé de travailler,» nous a affirmé Benkalfat.

C'est récemment que « nous avons enregistré le corpus du malouf constantinois, avec Salim El Fergani, » dit-il. Il tient à souligner que « le travail d'archivage se fait, en étroite collaboration, avec la radio et la télévision publiques, ainsi que l'APS (Algérie Presse service).

Une commission de suivi ?

« On va travailler en symbiose, ensemble, pour alimenter le portail, » renchérit Benkalfat. Plus de 10.000 fichiers ont été introduits, dans ce portail, dans une première phase, notre interlocuteur affirme en avoir « prêts » 10.000 autres « sans compter ceux archivés, avec tact, par la radio publique, » note-il. Il est prévu d'atteindre « d'ici à juillet, peut-être » 50.000 fichiers présentant le Patrimoine matériel et immatériel national. «C'est une navigation intuitive qui permettra de visiter le portail, » estime-t-il.

Le ministre de la Culture a annoncé la mise en place d'une commission nationale qu'il a chargée « avec le soutien de l'ONDA, de vérifier l'authenticité des textes et de tout ce qui doit être introduit, dans le portail, » a-t-il dit.

Les hommes de culture restent sceptiques quant à l'efficacité d'une telle démarche parce que, disent certains d'entres eux, «une commission, c'est toujours fait pour retarder les avancées d'un bon travail, ceux qui ont construit ce portail et l'ont alimenté, ont travaillé très dur pour faire les vérifications qu'il faut, ils ne peuvent pas laisser passer n'importe quoi, il y va de leur crédibilité et leur notoriété. » Premier site à consulter www.malouf de Constantine.dz ou www.malouf de Constantine.com