
Le krach  d'octobre 1929 est consécutif à une bulle spéculative, dont la genèse remonte à  1927. La bulle fut amplifiée par le nouveau système d'achat à crédit d'actions,  les investisseurs pouvant acheter des titres avec une couverture de seulement  10 %. Le taux d'emprunt dépend du taux d'intérêt à court terme ; la pérennité  de ce système dépendant donc de la différence entre le taux d'appréciation des  actions et ce taux d'emprunt. C'est le 24 octobre 1929 que la fameuse crise se  déclencha aux Etats-Unis; on appela ce jour le «jeudi noir» ou Black Thursday.  A la mi-octobre 1929, l'annonce de la baisse des bénéfices des industries  poussa les spéculateurs à vendre leurs actions pendant que le cours de Wall  street était encore élevé. Cette vente entraîna une chute encore plus rapide  des actions, plus de 16 millions de titres seront bradés sur le marché, sans  trouver toutefois preneur. Les épargnants paniquent et se précipitent auprès de  leur banque pour retirer leur argent. Bientôt, des centaines de milliers  d'actionnaires se trouvèrent ruinés ; les banques ne purent se faire rembourser  leurs crédits et les épargnants retirèrent leur argent de leurs comptes. Un  grand nombre de banques n'ayant pas les moyens de rembourser, leurs clients  firent faillites. Pour s'en sortir, le seul moyen des banques furent de stopper  les prêts à l'étranger et de réclamer le remboursement de ceux déjà effectués.  De plus, les capitaux américains cessèrent de circuler autour de la planète, la  conséquence inévitable fut l'expansion de la crise à l'ensemble des pays  industrialisés. Entre le 22 octobre et le 13 novembre 2009, l'indice Dow Jones  passe de 326,51 à 198,69 (39 %), ce qui correspond à une perte virtuelle de 30 milliards  de dollars, dix fois le budget de l'État fédéral américain de cette époque. Par  un effet de dominos, c'est l'ensemble de la Bourse qui s'effondre, et la chute  de 1930 à 1932 est supérieure à celle de l'année 1929. Le 8 juillet 1932, le  Dow Jones tombe à 41,22, son plus bas niveau depuis sa création en 1896. La  baisse des prix fut générale et atteint environ 30 % de 1929 à 1932. Suite à la  hausse des taux d'intérêt en avril 1929, lorsque survient la première  stagnation des cours, le remboursement des intérêts devient supérieur aux gains  boursiers et l'économie réelle montre des signes de faiblesses : ainsi, la  production automobile chute de 622 000 véhicules à 416 000 entre mars et  septembre et la production industrielle recule de 7 % entre mai et octobre. Ce  ralentissement est en partie dû à un phénomène d'asphyxie : les capitaux  disponibles accourent à la Bourse plutôt que vers l'économie «réelle». La perte  de confiance due à la crise boursière affecte la consommation et les  investissements lors des mois suivant le krach. Les crédits se tarissant, la  consommation, l'investissement et la production continuent de chuter, le  chômage explose (de 1,5 million à 15 millions en 1933), et la crise bancaire  devient une crise économique en 1931. Les mesures protectionnistes telles que  la loi Hawley-Smoot de 1930 sur les droits de douane, les différentes  dévaluations des monnaies (les politiques de cette époque privilégiant les  Etats nations) favorisent la propagation de la crise à toutes les économies  occidentales à partir de 1931. Début 1933, les profondes crises sociales et  économiques favorisèrent les interventions publiques et la naissance de  différents fascismes européens. Début 1933, la crise était au plus haut aux  Etats-Unis, le nouveau président, fraîchement élu, Franklin D. Roosevelt, lança  le New Deal (intervention accrue de l'Etat, infrastructure pour lutter contre  le chômage, assainissement des finances). La dépression recula un peu, mais  c'est surtout l'entrée en guerre des Etats-Unis grâce aux commandes dépenses  militaires qui la fit disparaître en 1941. En Allemagne et en France, on adopta  aussi les théories de Keynes : les dépenses publiques devaient compenser le  manque d'investissements privés. En 1934, le gouvernement de Laval décida le  blocage du salaire des fonctionnaires ; les résultats économiques furent  infimes. L'extrême droite française s'était aussi renforcée, mais le Front  Populaire face à cette crise remporta les élections en 1936. En Allemagne, la  situation ne se stabilisa pas vraiment, mais surtout la crise avait permis à  deux hommes de parvenir au pouvoir : Adolf Hitler en Allemagne et Mussolini en  Italie. Aussi l'histoire économique des crises nous enseigne qu'il existe un  lien dialectique entre crise financière, crise économique, crise sociale et  crise politique, voire favorise des réflexes protectionnistes néfastes à  l'expansion de l'économie mondiale et parfois des guerres. Justement, la crise  politique et sociale que l'Algérie a vécue dramatiquement entre 1990/2000, avec  le point culminant de la cessation de paiement en 1994 (rééchelonnement), est  le résultat de la crise économique (effondrement des cours de pétrole de plus  de 50 %) des années 1986. 
   
* Expert  International