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![]() ![]() ![]() ![]() Le projet de la révision constitutionnelle lui promet une belle place.
Des mécanismes fluides vont lui être consacrés. Ainsi, l'exercice du pouvoir ne
se fera valoir que par l'existence d'un contre-pouvoir.
A charge pour ce dernier de se prendre aussi en charge. Non seulement le peuple, vu ses différences, a besoin d'une opposition stable et évolutive, mais le pouvoir aussi doit avoir besoin d'une opposition forte et raffermie. C'est une question d'harmonie des systèmes politiques. Une diversité d'avis n'est forcément pas une adversité. Si l'opposition est infertile, c'est la faute à tous les partis. Si les partis sont figés et inertes, c'est la faute à l'absence de militants. Si les militants font défaut, est-ce la faute au peuple ? À l'Etat ? L'Etat en effet peut parvenir, à l'aide d'artifices, à spécifier à sa conception tout un peuple et le convaincre à aller vers une résignation qui dira son nom une fois : le verrouillage aura à se segmenter à outrance. L'histoire le prouve à plusieurs stations du parcours humanitaire. En fait, l'Etat, dans cette stratégie de prépondérance intégrale, n'est qu'un moyen mis en service par une loi au profit d'une autorité établie. Donc, une véritable opposition, au sens typiquement algérien du terme, ne peut agir qu'à l'encontre de cette prépondérance systémique et non contre l'Etat, y compris son élément exécutif gouvernemental. Le gouvernement n'est pour rien, à vrai dire. Il se sait instrumentalisé mais fait dans le lot. Tous les ex-chefs de gouvernement successifs se sont alignés derrière le silence qui broyait, non à leur insu, l'opposition. Ils étaient les principaux artisans de l'abattage des espérances sociales. Qu'ont-ils fait pour conforter et soutenir en fait et en droit la place de celle-ci lorsqu'ils étaient en charge des affaires publiques ? C'est une fois out le système qu'ils s'apercevraient qu'être dans une démarcation anti-régime est plus confortable comme position politique. Et encore, si ce n'est un silence radio qui les fait oublier, c'est avec prudence et beaucoup de doigté qu'ils émargent une pétition ou font des communiqués laconiques dénonçant tel ou tel abus d'autorité. Benflis, chef de gouvernement, ne savait pas qu'un jour la providence allait l'installer dans l'opposition. Cette opposition n'est pas exclusivement représentée par un, deux ou plusieurs partis. Dans le parti, il est clair que l'opposition n'existe que rarement en diverses tendances. Cependant, dans l'ultime désir et la profonde aspiration partisane, chaque parti voudrait faire sa délimitation. C'est comme un commerçant. La concurrence est rude et amère. Plusieurs tentatives à inscrire dans l'agenda d'une opposition ménopausée ne sont pas arrivées à terme. Cette action de se démarquer d'une position, d'un texte de loi, d'une loi de finances, ne peut s'inscrire totalement dans une disposition d'opposition. Mais elle aura tout de même le mérite de tenter d'avoir eu lieu. Car, depuis l'ouverture politique, cette frange de la classe politique dite opposition s'est mise à l'écart, à l'exception lors d'un calendrier électoral. Elle voulait, souffrante, disséminée, torpillée, créer un regain de dignité perdue déjà à la naissance. Trop encombrée par l'accumulation d'échecs successifs, notre opposition ne tient pas à s'auto-révolutionner. Déclinant pour elle ce qu'elle exige du pouvoir, elle aussi a besoin d'une alternative. Soit un redéploiement au niveau de ses leaders nationaux et locaux. Toujours les mêmes, avec eux, et l'on recommence. Ne pensent-ils pas, ces éternels « dirigeants » opposants, qu'ils entraînent leur propre déchéance vers la décrépitude de leur formation ? Collés ainsi, vus et revus à chaque séquence de la vie politique nationale depuis 1988, ces chefs de partis sont usés à force d'avoir usé toutes les stratégies intrinsèques à leur personnalité. Néanmoins, ils auront certainement eu le mérite d'avoir quelque part fait avancer l'état des choses en notre terre. Ils auront aussi la vertu d'avoir fait de l'opposition et ainsi permis la crédibilité, quoique contestée, du jeu démocratique. C'est à cause d'une prestation oppositionnelle piteuse, mal partie, fragmentée et non crédible que le régime compte encore longtemps perdurer. La seule issue qui demeure utile et indispensable, c'est de la repenser. L'imaginer à nouveau. Tous les partis risquent la déliquescence injectée volontairement par le système. Une pilule d'inertie et de somnolence. Une opposition viable, rentable et prospère se devrait d'être loin des alliances de conjoncture ou des coalitions temporaires et précaires. L'on aurait vu des chefs de partis opposants traités comme des hauts fonctionnaires. Leurs partis traités comme des institutions étatiques. L'opposition est-elle en fait au sein ou en marge du pouvoir ? Est-elle toujours cette minorité qui aspire à la conquête du pouvoir ou bien cette majorité qui s'oppose à un système ? Le dysfonctionnement de l'Etat, sa mauvaise représentativité, la mal-vie, l'angoisse et l'amertume de tous les jours ont réussi à en faire, discours enthousiasmant du candidat lauréat aidant, des partisans entêtés de l'anti-pouvoir. Même les élus locaux, toutes tendances confondues, se sont confinés dans l'acte d'amadouer le pouvoir plutôt que de le secouer. La légitimité représentative est à bout de souffle. Elle souffre d'une grosse crise qui l'empêche de connaître son évolution génésiaque. Si l'on parle du renouveau qui doit booster la rive opposée au pouvoir, si l'on parle avec pertinence qu'il est vitalement nécessaire de repenser la classe politique, l'on s'interroge également : depuis quand certains leaders de partis politiques que l'on respecte énormément, et les autres nouvellement débarqués, dirigent-ils sans partage leurs partis respectifs ? Qu'ils s'investissent davantage dans ce qu'ils prônent comme leitmotiv à la succession et au renouvellement des instances ! La démocratie commence à sa porte pour s'étendre aux autres. Le reste du monde algérien finit bien par se lasser de ce personnel arrivé aux frontières de l'aridité. La stérilité oppositionnelle. Néanmoins, faudrait-il le dire et le redire, ils auront, tous ces chefs de parti, le mérite national d'avoir, chacun à sa façon, contribué à la naissance du capital politique qui a pu, à un certain moment de la traversée macabre, dire non en face d'un pouvoir pressé d'en finir avec les libertés publiques. Ils auront la reconnaissance citoyenne d'avoir eu un jour à connaître les affres de la prison, l'oppression et la mise en garde permanente. Mais ? Oui mais ils sont déplorables de n'avoir pas su emprunter les avenues qui auraient sans doute concrétisé l'aboutissement final de leurs aspirations. Ils se seraient contentés d'user tout juste des voies légales qu'ils savaient tout à fait inégales. L'appel n'est pas d'aller vers l'aventurisme ou de rentrer dans la clandestinité, encore moins d'agir dans l'illégalité. Mais comment faire en sorte que tout change ? Braver les tabous et affronter la mauvaise légalité ? Convaincre et susciter l'adhésion ? Ils sont tous ou presque représentés au Parlement. Là où la loi, dans toute sa solennelle légalité, est censée se faire. C'est dans ce cadre légal et approprié que doit se faire la politique. C'est dans ce socle que doit s'imprimer et s'exprimer la volonté des électeurs. A charge pour les partis de rameuter les voix nécessaires pour y être. Maintenant que la mouture de la nouvelle Constitution aspire à interdire « le nomadisme politique », que reste-t-il à faire pour ce déclic tant attendu d'une opposition somnolente ? La scène nationale, à chaque événe-ment, frémit d'actualité. Les débats s'exacerbent et les luettes se diluent sans que nulle censure n'y soit élevée. Ce n'est pas la nature de chaîne ou son appartenance qui fait de la politique, mais c'est surtout l'invité. L'on conçoit bien que nos députés sériés d'opposition n'ont pu imaginer une sortie médiatique qui allait leur permettre de défier le silence qui les plombe. Ils parlent, mais on ne les entend pas. Pour le bonheur de tous, le satellite, le Youtube, le Facebook deviennent des bouées de sauvetage. L'on a su la diatribe de députés désespérés, de certains autres exaspérés, mais pas plus. L'espoir subsiste à écouter de telles voix faisant de la discordance non pas une contrariété mais tout simplement une divergence d'opinions. Hautement respectable pour affirmer que l'opposition n'a jamais été ni n'est l'affaire d'une personne, mais de tout un ensemble de personnes. L'individu est insignifiant devant la masse Cependant, le combat individuel, pérenne et continuel fera le combat collectif d'ensemble. Même à la longue. Dans la réalité du terrain, les partis sont tellement divisés que le peuple ne croit plus en leur salut. Il se dit, à sa propre manière, que ces « associations à caractère politique » ne sont en fait que des appareils destinés, car procréés, à lui donner un semblant de crédibilité. Autrement dit, ce couple maudit souffre d'une frigidité chronique. Si l'opposition est pauvre, le pouvoir l'égalera. C'est en face d'une puissante opposition que tout pouvoir est censé affirmer toute la quintessence de sa force d'action. Les conjoints ennemis n'ont de ce fait que des grossesses indésirables. La progéniture à son tour souffre amèrement du désaccord unissant pourtant en parfaite harmonie des parents pour le pire et le meilleur. La démocratie, par ailleurs, ne peut se pratiquer sans l'apport de ces conglomérats. Qu'ils soient de l'alliance présidentielle ou ceux repris dans une case d'opposition, les partis sont une nécessité sociale. Il y a ceux qui se confondent, sans crainte aucune, à l'Etat. Il y a ceux qui crient à la marginalisation. Et puis, sur un autre chapitre, l'on a le droit de nous dire que l'opposition n'est naturellement pas une spécificité nationale. Elle ne peut se faire qu'à Alger ou par voies de presse. Son champ d'intervention excellerait à se mouvoir dans une dimension locale. Le désaccord qui la mine, le défaut d'adhésion qu'elle symbolise, la dissidence qui l'éloigne de ses priorités politiques, font qu'elle serait, cette opposition, diversement appréciée. Mais tout de même, cette agitation fait survivre au moins la façade démocratique du pays, en attendant le grand rééquilibre promis par le projet de la nouvelle Constitution. Là, un autre discours aura lieu. Peut-être y verrons-nous rejaillir la compétence à la brocante, la proposition à l'invective et le sourire à la morosité. Tant dans la sphère du pouvoir que dans celle de l'opposition. Dieu, le Tout Puissant dans son règne unique, monopolistique, omnipotent et exclusif n'a pas manqué de se créer et créer envers ses créatures, une opposition redoutable. C'est par un souci de libre choix, de diversification de voies que la détermination qu'octroie la nature divine ou l'homme à l'égard de ses semblables tend à se justifier. L'opposition en politique est également comme cette loi physique, à chaque action, une réaction de même force et à la même intensité. Un contre-pouvoir par l'affermissement d'une forte opposition est nécessaire. Il ne doit plus faire peur. |
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