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![]() ![]() ![]() La chute du prix du pétrole laisse planer le risque de faillite des sociétés pétrolières
par Bradley Olson * ![]() Le prix du pétrole brut a chuté de plus de 5 pour cent ce dernier lundi,
et se négocie aux environs de 30 dollars le baril, faisant du spectre de la
faillite une forte éventualité pour une importante partie de l'industrie
pétrolière américaine.
LA FAILLITE MENACE UN TIERS DES SOCIETES PETROLIERES AMERICAINES Trois banques d'investissement majeures- Morgan Stanley, Goldman Sachs Group Inc. et Citigroup Inc.-s'attendent maintenant à ce que le prix du pétrole chute au dessous du seuil de 30 dollars et atteigne le niveau des 20 dollars à court terme, en conséquence du ralentissement de la croissance de la Chine, de la réévaluation du dollar, et parce que les foreurs de Houston jusqu'à Riyad ne s'arrêtent pas de pomper du pétrole, en dépit des excédents de production. Au moins un tiers des producteurs américains de pétrole et de gaz pourraient pencher vers la faillite et la restructuration financière au milieu de 2017, selon le centre de recherche Wolfe. Pour certains d'entre eux, la survie serait possible si le prix du pétrole rebondissait à au moins 50 dollars, selon certains analystes. Le prix de référence du pétrole brut américain s'est fixé à 31,41 le baril, représentant le niveau le plus bas depuis 12 années. Selon la société d'avocats Haynes et Boone, plus de 30 petites sociétés qui doivent un montant supérieur à 13 milliards de dollars ont déjà déclaré faillite depuis l'inversion de la courbe du prix du pétrole jusqu'à présent. UNE SITUATION PIRE QUE CELLE DE 1986, ET QUI N'EST PAS PRES DE SE REDRESSER! Faisant référence au dernier effondrement du prix du pétrole qui a duré des années, Morgan Stanley a publié cette semaine un rapport qui décrit un «environnement pire que celui de 1986,» tant pour les prix de l'énergie que pour les producteurs. «La courbe descendante est maintenant plus profonde et plus longue que chacun des trois derniers effondrements du prix du pétrole depuis 1970,» a dit Martijn Rats, un analyste de cette banque. Dans leur ensemble, les producteurs nord-américains de pétrole et de gaz perdent chaque semaine, et aux prix courants actuels, deux milliards de dollars par semaine, selon un rapport à venir, émanant de la société de consultants Alix Partners. Ce rapport sera diffusé en fin de cette semaine. «Beaucoup de sociétés pétrolières vont avoir d'immenses problèmes,» a dit Kim Brady, un partenaire de la société de consultants Solic Capital, et un conseiller aux restructurations. On prévoit que les producteurs américains coupent leurs budgets de 51 pour cent, représentant une diminution de 89,6 milliards de dollars par rapport aux chiffres de l'année 2014, montant qui, selon Cowen and Co. , dépasse les réductions des pires années quatre-vingt du siècle dernier. Il n'y a pas de répit dans le proche horizon. Selon plusieurs analystes, responsables de banques et d'entreprises pétrolières, on s'attend à ce que le surplus de pétrole continue jusqu'a la fin de 2017. DES SOCIETES PETROLIERES SURENDETTEES ET QUI CONTINUENT A POMPER POUR PAYER LES INTERETS DE LEURS DETTES Avec peu de probabilité que le prix du pétrole rebondisse dans les mois à venir, les compagnies qui exploitent le pétrole de schiste du Texas au Dakota du Nord se repartissent entre riches et pauvres. Les sociétés énergétiques qui se sont lourdement endettées pour financer leur tranche du boom de forage américain n'ont pas d'autre choix que de continuer à pomper pour générer le cash destiné au payement des intérêts de leurs dettes. Ils se creusent ainsi un trou encore plus profond en continuant à produire. Selon SandP Capital IQ, des sociétés pétrolières, parmi lesquelles Sandridge Energy Inc., Energy XXI Ltd et Halcyon Resources Corp., ont utilisé plus de 40 pour cent de leur chiffre d'affaire du troisième trimestre 2015, pour payer les intérêts de leurs dettes. Certains des opérateurs les plus solides, qui possèdent des actifs très importants, ont pris des mesures de protection de leurs recettes en bloquant le prix de leur pétrole à 50 dollars, par un système de «hedging,» qui tient lieu de police d'assurance contre les prix bas. Même ces producteurs, qui ont de meilleurs bilans financiers, disent qu'ils continueront à pomper plus. ConocoPlilipps et Pioneer Natural Resources, deux des plus prospères opérateurs de pétrole de schiste aux USA, projettent de renforcer leur production au cours de cette année. Scott Sheffield, directeur général à Pioneer, a dit que l'extraction de plus de pétrole et de gaz est rationnelle, même si les prix sont bas, parce que les puits les plus efficients donnent de bons rendements. De plus, les investisseurs continuent de récompenser la croissance des sociétés jugées solides. Mr Sheffield a déclaré, au cours d'une interview, que «toutes les sociétés qui ont annoncé des réductions de production en 2016 ont vu la valeur de leurs actions en bourse chuter. Les actions de Pioneer ont perdu environ 16 pour cent de leur valeur l'an dernier, mais la compagnie a réussi à vendre pour un montant de 1,4 milliards de dollars de nouvelles actions la semaine dernière dans une offre qui a été sur-souscrite. Les compagnies qui se sont creusé un trou si profond qu'elles ne peuvent pas en sortir, seront forcées de vendre des actifs ou de se faire ouvrir des lignes de crédits «revolving.» C'est là une proposition risquée, vu que beaucoup d'opérateurs pétroliers s'attendent à voir leur base d'emprunt réduite, au vu du fait que les plafonds d'endettement sont diminués avec la plongée de la valeur des réserves de pétrole et de gaz. UNE VAGUE DE FAILLITES QUI VA REDUIRE LA VALEUR DES ACTIFS DES SOCIETES PETROLIERES Selon les experts, plus de 100 milliards de dollars ont été mis de côté par les sociétés d'investissement privées pour acheter à bon prix les actifs qui sont vendus soit avant, soit après les déclarations de faillite. Mais les grandes opérations de fusion de société ou d'acquisition demeurent improbables, parce que tout acheteur devra mettre dans ces opérations des montants volumineux pour couvrir les dettes du vendeur. Au lieu de cela, des firmes opportunistes attendent l'arrivée de la vague de faillite. Une fois que la dette est effacée, les champs de pétrole et de gaz deviendront bon marché. Plus l'abondance de pétrole durera, déprimant les prix, plus seront nombreuses les compagnies qui chuteront, rendant leurs actifs mûrs pour être acquis à prix soldé. Chad Mabry, senior analyste à FBR and Co., a déclaré: « il n'y a pas de raison d'être le sauveur de qui que ce soit. Si vous ne pouvez pas sauver les actifs de la faillite, vous n'avez pas besoin de sauver qui que ce soit.» Si un ensemble de sociétés pétrolières spécialisées dans le pétrole et le gaz de schiste font faillite, ou que leurs actifs tombent entre de nouvelles mains, écrasant les détenteurs d'obligations sur ces sociétés, les faillites effaceront l'ardoise de leur endettement et diminueront le prix minimum permettant de faire un profit. AUGMENTATION DES PRETS NON PERFORMANTS DU SECTEUR PETROLIER AMERICAIN Les projections de pertes sur les prêts au secteur pétrolier continuent à augmenter largement, et certaines banques ont commencé à accroître leurs propres prévisions pour de telles pertes. Dans une revue semestrielle établie par un trio de régulateurs bancaires, la valeur des prêts considérés comme en dessous des normes, douteux ou non performants, parmi les emprunteurs pétroliers ou gaziers, a presque quintuplé jusqu'à atteindre 34 milliards de dollars ou 15 pour cent des prêts évalués servis au secteur de l'énergie. Ce montant est à comparer aux 6 milliards de prêts douteux à ce secteur, soit 3,6 pour cent, en 2014. Les plus grandes banques américaines ont un portefeuille relativement petit de prêts au secteur pétrolier dans le contexte de l'ensemble de leurs prêts. Par exemple, au troisième semestre de 2015, le taux d'exposition de Welles Fargo and CO. aux prêts destinés au pétrole et au gaz représentait 2 pour cent de tout son portefeuille de prêts, soit environ 17 milliards de dollars, selon le rapport financier de cette banque. Comme la détresse financière n'a pas été un bon mécanisme pour ralentir la production de pétrole aux USA, beaucoup d'analystes craignent que tout ralentissement de la production viendrait trop tard pour assainir le secteur pétrolier. Les estimations officielles du gouvernement américain prévoient une production de 9,2 millions de barils/jour au début de 2016- 1 pour cent de plus qu'au début de l'année passée, alors que le prix du pétrole était 40 pour cent supérieur à ce qu'il est maintenant. * Erin Ailworth, The Wall Street Journal, du mardi 12 janvier 2016 (Traduit par Mourad Benachenhou, les interlignes sont du traducteur) |
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