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Une démission et des omissions ?!

par Slemnia Bendaoud

Les funérailles d'un mort déterrent souvent de leurs tombes de grands monuments de l'Histoire ou d'éternels absents, tous partis pour l'au-delà. Ils sont aussitôt exhumés, et dans un instant d'inattention, vite réanimés ! Ils reviennent donc parmi nous au détour d'un simple souvenir. Mais lorsque ce tout dernier à nous quitter est une personnalité de poids et d'envergure dont la réputation dépasse très largement les murs de l'enceinte du cimetière où il a élu à jamais domicile, la liste est vraiment bien longue à pouvoir tous les énumérer.

Cependant, à mesure que la providence lui adjoint ou lui colle cet effet notable de la pure et obligatoire coïncidence avec une quelconque date de référence, l'écho obtenu bifurque, fait, sur des questions en rapport à la vie du disparu, le liant pour l'éternité à l'évènement considéré, et par extension tout à fait logique, à d'autres personnalités de rang si élevé au sein de la société. C'est donc bel et bien de leur vivant que le monde en parle désormais ! Ainsi ne questionne-t-on pas ceux encore vie à leur sujet ? N'interpelle-t-on pas l'histoire en leur faveur ou à leurs dépens ? Et que disent donc, à ce propos, ceux qui ont eu tellement à les côtoyer ou directement affaire à eux ? Ont-ils définitivement changé d'attitude ou de comportement envers eux ?

Mais pourquoi les morts font-ils parler les vivants ? Qu'ont-ils les premiers à dire à ces derniers ? S'agit-il du secret de leur outre-tombe ? Comment donc l'interpréter ? Et pourquoi donc en ces moment précis ? Quel intérêt a-t-on à les ressusciter à la série ? Quels strapontins tire-t-on comme symbole de gloire à finalement aller dès l'aube tous les réveiller de go de leur sommeil du juste ?

Quel risque court-t-on à leur faire dire ou à leur faire faire ce qu'ils n'ont pourtant jamais dit ni aucunement fait de leur vie ? Que cherche-t-on à démontrer à l'opinion publique au travers de nos pernicieux comportements de ces vrais charognards que nous sommes devenus, en leur rendant visite si fréquemment à nos pourtant bien abandonnés cimetières ?

Et si les morts ouvrent droit au tout mérité respect ; aux vivants, nous sommes, par contre, toujours tenus de leur dire vrai ou de leur restituer la vérité qui leur est due ! Ni le vrai mensonge habilement maquillé de son sobriquet de l'actualité ! Ni le mentir-vrai qui tient lieu d'un tout osé substitut à la seule vérité !

Près d'un quart de siècle plus tard, le retrait -volontaire ou sur injonction de la mise à l'écart- du président Chadli Benjedid des arcanes du pouvoir, le 11 Janvier 1992, garde encore tous ses inviolables secrets !

Une longévité impressionnante qui n'a malheureusement pas su totalement résister à cette légitime quête de la recherche de la vérité manifestée à tout moment, et qui vient ainsi chaque année sérieusement la bousculer.

Seulement, par manque d'information ou encore « refus manifeste ou calculé de témoigner » pour certains acteurs de choix et de premier plan de cet important évènement dans la vie politique de l'Algérie, le dossier était donc toujours resté figé en l'état, cantonné dans son cliché de « secret d'Etat » !

De très banales spéculations en souvent de curieuses supputations, le monde se perd en conjecture dans les dédales de ce secret de polichinelle sans jamais cependant baisser les bras, cherchant toujours après ce maillon manquant ou indice précieux qui servira à expliquer le puzzle. Sinon à miraculeusement ouvrir cette boite à Pandore !

Démissionnaire ou démissionné, Chadli Bendjedid fait beaucoup parler de lui, en ce moment, quelques mois seulement après sa mort, ouvrant cette autre page de notre histoire, autrefois fermée à la hussarde eu égard aux risques imminents et autres graves conséquences que cela pouvait générer ou provoquer.

Laissant l'opinion publique sur sa faim, faisant surtout trainer dans le temps l'explication donnée ou interprétée à dessein de cet épisode si important dans la vie des populations et de la nation algérienne, au plan de la « succession organisée » ou improvisée au sein de la haute marche du pouvoir.

Il eut fallu que cette mort récente et très douloureuse de Hocine Ait Ahmed vienne, à son tour, se mêler à l'équation considérée pour que, par bribes à peine audibles ou actions très timides, des voix qui se sont tout le temps tues et étrangement abstenues, on ne sait pour quelle raison d'ailleurs, répliquent enfin ?comme tirées de leur somnolence ou bousculées dans leur réticence par les nouveaux évènements de l'Histoire- à celle heureusement enregistrée en son temps de ce défunt militant de la première heure pour l'indépendance de l'Algérie, ouvrant cette brèche qui donne un espoir certain de connaitre la vérité des choses et des faits.

Et tout est donc parti tel un coup de dé d'un simple et très anodin rappel de faits d'armes par presse interposée, diversement interprété à présent par les principaux acteurs de l'évènement considéré, au sujet du long combat de ce vaillant militant à la Grande Histoire revisitée, pour l'occasion, feu Hocine Ait Ahmed, dont la mort coïncidait justement avec ce vingt-quatrième anniversaire (le 11 Janvier 1992) relatif à la fin de mission du président Chadli Bendjedid à la tête de la présidence de la république.

Comme si la mort de l'un pouvait finalement jeter vraiment de la lumière sur le départ forcé ou voulu de l'autre, même si, apparemment et sous toute réserve, ceci ne pouvant expliquer cela ! Il s'agissait, en fait, de cette supposée, peu attendue ou prétendue succession au premier-cité par le second-nommé.

A ce sujet, que de ces autres méticuleusement vérités extirpées de la bouche même de ceux qui se sont longtemps tus sans raison ou par calcul sordide et probable repositionnement sur l'échiquier politique national ? Mais aussi que de contre-vérités apparues, entre-temps ou simultanément, les unes succédant aux autres, toutes nues, toutes crues, parvenues très tôt de ces parfois lointaines contrées et insoupçonnables horizons, toutes à l'unisson, scandant à tue-tête et à coups de trompette ces « autres vérités » que le temps plus ou moins important qui s'est depuis écoulé n'a jamais pu outre mesure un seul instant ?à tout le moins les effacer, ni même seulement juste les altérer ! Aux flèches très aiguisées des premières (vérités) pointent déjà du nez ces autres frappes instantanées des secondes(contre-vérités) à titre de véritables répliques, les unes comme les autres à jamais décidées de pousser à plus loin que possible ce qui semble à leur goût obstruer la vue du citoyen, déformant au passage la juste information, tout en créant l'amalgame dans l'esprit des gens, de sorte à nourrir les plus folles supputations ou farfelues conclusions.

Il eut été plus prompt et très sage encore d'élucider en son temps ce très dangereux tournant dans l'histoire de l'Algérie, de manière à éviter d'en faire cette énigme des temps modernes qui suscite grandement la curiosité de toutes les nouvelles générations.

Un simple et très sincère préambule à la dite démission aurait largement suffi à amplement expliquer la question posée de la ?plus tard- devenue trop compliquée situation du pays. Il eut fallu, tel que l'aura à postériori bien expliqué le conjoint du défunt président, mieux disposer dans la chronologie du temps l'antériorité de la question de l'arrêt du processus électoral sur l'éventualité d'un départ aussi précipité, pressenti ou à la base (provoqué), afin de mieux saisir toutes les différentes données de l'équation à résoudre. Bien souvent, une simple mise au point suffit à remettre aussitôt les pendules à l'heure pour nous remettre, à notre tour, à la bonne raison des choses ou juste dans le temps qu'il faut ; l'évidence ayant, à elle seule, cette terrible force de la grande conviction pour rapidement agir sur notre conscience.

L'offre (supposée ou bien réelle) faite en son temps à feu Hocine Ait Ahmed, remise aujourd'hui au goût du jour grâce à la coïncidence de sa mort avec cette date-symbole du 24eme anniversaire du 11 Janvier 1992, vient de rallier à sa cause toute une foultitude de témoignages poignants et de très haut niveau de la hiérarchie du pouvoir d'alors, tous brandis à la série comme une épée Damoclès à la face et au nez de celui qui réfute encore manifestement cette autre vérité tangible de l'Histoire du pays, sous prétexte que le disparu, connu comme éternel rebelle autant dans ses idées et que dans son combat révolutionnaire, n'aurait jamais été approché sur ce sujet précis !

Cette parenthèse longtemps ouverte de notre Histoire, aurait pu être aussitôt close ou convenablement refermée si le bon sens avait en son temps accompagné toutes ces actions dont le peuple avait été tenu à l'écart de leur rapide et très dangereux développement.

En l'absence d'informations fiables ou très plausibles, chacun en fait, à postériori, sa propre lecture. Tout le reste, c'est la rumeur qui s'en charge, comme à son habitude, prenant tout son monde de vitesse ! Remonter les aiguilles de la pendule du temps n'est pas chose aisée. Différentes haltes doivent être respectées à ce niveau, en plus de tous ces vieux dossiers à au plus vite dépoussiérer. L'approche a cependant de très fortes chances d'aboutir. Seulement, seule une franche volonté de collaborer détermine son succès !

Quant au fond du problème soulevé, il doit être interprété bien autrement : il ne tient pas uniquement de la simple intention ou à une quelconque promesse sans réel lendemain, puisqu'il est question d'un vrai Serment fait solennellement à la Nation, la main droite, devant tout le monde, posée sur le Tout Précieux Livre du Saint Coran ! Une véritable leçon de fidélité à notre Constitution !