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Ahmed Réda Houhou : le parcours de l'écrivain revisité

par A. M.

Le ministre de la Culture et le wali de Constantine figuraient bien au programme d'ouverture du séminaire de deux jours (13 et 14 janvier) consacré à l'écrivain martyr Ahmed Réda Houhou, qui s'est ouvert hier au palais de la culture Mohamed Laid Al-Khalifa de Constantine, mais finalement ni l'un, ni l'autre ne sont venus.

La manifestation est placée sous l'égide de la direction de la culture et du département livres et littérature de la manifestation « Constantine capitale de la culture arabe 2015 » et a attiré pas mal de monde, surtout des hommes de culture et de jeunes étudiants, curieux de découvrir la personnalité de cet écrivain martyr qui fut enlevé et assassiné à Constantine par la police coloniale en 1956, en pleine guerre de libération nationale. Les étudiants furent étonnés d'entendre que Réda Houhou, natif de la ville biskrie de Sidi-Okba, défendait vaillamment la cause de la femme et que ses écrits dérangeaient les régimes coloniaux et des régimes arabes féodaux de l'époque. M. Abdallah Hamadi, écrivain et poète qui enseigne à l'université des Frères Mentouri de Constantine, nous décrivit, hier, une autre facette de la personnalité de Réda Houhou que la génération actuelle ignore tout aussi bien que le parcours historique et littéraire de l'écrivain martyr.

De Sidi-Okba au Hidjaz sur les pas de sa famille qui avait décidé en 1935 de s'y établir, Réda Houhou avait découvert un nouveau monde arabe, moins évolué et plus fermé. Et pourtant c'était là que se sont forgés avec force les traits de sa personnalité et qu'il commença, dans ses écrits, à prendre la défense de la femme dans ce milieu féodal qui souffrait du colonialisme intérieur du foyer et d'un autre constitué par l'obscurantisme et l'ignorance de la société. Il écrivait dans deux excellents journaux à l'époque qui professaient un ton résolument nationaliste arabe et a commencé alors à déranger les milieux réactionnaires de ce pays, l'Arabie saoudite, parce qu'il critiquait la société et appelait à sa libération, surtout à la libération de la femme arabe.

Après la Seconde Guerre mondiale, Ahmed Reda Houhou ne tardera pas à retourner dans son pays, l'Algérie, qui souffrait aussi sous le joug colonial.

Il s'établit à Constantine pour être plus proche de la pensée réformiste du Cheikh Abdelhamid Benbadis et de l'association des Oulémas algériens à laquelle il a su s'intégrer en apportant un plus au mouvement pour le conduire à une confrontation quasi-directe avec l'administration coloniale.

Il continuera à écrire en dénonçant, par la satire, les conditions misérables dans lesquelles vivait son peuple. Au point que cette administration avait mis en demeure Reda Houhou en lui faisant comprendre que « si elle venait à être visée par un acte d'hostilité de la part de la population indigène, il serait lui le premier à en être accusé ».

C'est ce qui s'est effectivement produit en cette journée du 29 mars 1956 quand les résistants avaient plastiqué le commissariat de police et le commissaire fut tué. A la suite de cet attentat, la police a arrêté un groupe de suspects et parmi eux Ahmed Réda Houhou, qu'elle a assassiné dans la nuit même. Ceci dit, signalons que le responsable du département livres et littérature a annoncé hier avant l'ouverture du séminaire que les œuvres d'Ahmed Reda Houhou viennent d'être réédités et elles seront diffusées au cours de ce mois de janvier.          D'autre part, le séminaire de deux jours qui sera marqué par des conférences sur Ahmed Réda Houhou entrecoupées de lectures poétiques et qui se tiendra au palais de la culture Al Khalifa durant la première journée, se poursuivra à l'école normale supérieure du plateau du Mansourah pour la matinée du jeudi 14 janvier et retournera à Al-Khalifa pour une dernière séance avant la clôture.