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![]() ![]() ![]() Il revient sur ses menaces contre Bouteflika : Le rétropédalage de Mezrag
par Moncef Wafi ![]() Madani Mezrag,
l'ex-émir de l'Armée islamique du salut (AIS), bras armé du FIS dissous, est
revenu pour la première fois sur ses déclarations incendiaires en direction de
Bouteflika diffusées sur la chaîne de télévision privée El Watan TV. C'est à
travers un communiqué rendu public ce mercredi que Mezrag joue l'apaisement
préférant faire marche arrière en optant, écrit-il, pour une lettre «sincère et
forte» prélude à d'autres démarches où il compte apporter «des conseils» au
président et lui rappeler «la promesse et la charte» en lieu et place de la
réponse musclée dont il avait menacé le président de la République si ce
dernier persistait, selon les propos de l'ex-chef de l'AIS, sur sa voie du
déni. Le 4 octobre dernier, dans un entretien accordé à El Watan TV, Mezrag
avait répondu avec virulence au chef de l'État l'accusant entre autres de ne
pas être en mesure «de prendre des décisions». Ses menaces étaient à peine
voilées, susceptibles de l'envoyer devant la justice pour atteinte à la
personne du président. Evoquant le discours de Bouteflika prononcé à Oran, en
2009, il dira qu'«on va lui rappeler notre réponse de 2009, et s'il ne revoie
pas sa position, il va entendre de moi ce qu'il n'a jamais entendu auparavant».
Cette sortie médiatique d'un homme à la une de l'actualité depuis l'annonce de
la création présumée d'un parti politique, se voulait une réponse au message
présidentiel publié à l'occasion de la célébration du 10e anniversaire de la
Charte pour la paix et la réconciliation nationale, où Bouteflika a rejeté la
demande de Mezrag de créer son propre parti politique. Les conséquences de cet
entretien, et contre toute attente, ont ciblé de plein fouet la chaîne de télé
qui a été fermée sur décision du ministre de la Communication pour exercice
illégal et diffusion de contenus subversifs et portant atteinte aux symboles de
l'Etat. Mezrag qui n'a pas été inquiété outre mesure a donc décidé de faire
profil bas à travers cette lettre d'explication ne s'empêchant pas de fustiger
les complotistes coupables, à ses yeux, de nager en eaux troubles. Parmi ses
cibles, l'ancien chef du gouvernement et actuel président de Talaï el Houriat,
Ali Benflis, auquel il reproche de ne pas dire la vérité sur les engagements
pris, en 1999, pour son retour sur la scène politique. «Ali Benflis a dit et
s'est trompé. Il a parlé et il aurait dû se taire», indiquera Madani Mezrag qui
ajoute avoir eu une mauvaise image de Benflis qu'il croyait être l'homme qui
succédera à Bouteflika. L'ex-émir avait révélé, auparavant, que l'accord de
reddition de l'AIS conclu avec le pouvoir a réhabilité intégralement, par
décret, les éléments de son armée dans leurs droits civiques. «Cet accord a été
annoncé à la télévision à l'époque. Benflis est encore vivant. Il est venu nous
voir comme représentant du président de la République avec le colonel Fodil
Cherif, représentant de feu le général Mohamed Lamari et le colonel Hadj Smaïn,
représentant des services et responsable de l'opération. Benflis a dit que le
décret du Président vous a restitué tout. Les droits civiques signifient que vous
avez le droit d'obtenir tous les documents officiels y compris le passeport, de
postuler à tous les postes au sein de l'État, de se porter candidat et de
voter. Benflis nous a demandé d'attendre un an, deux ans, pour activer dans
d'autres partis politiques pour ne pas compromettre l'accord. J'ai répondu et
je lui ai dit que je vous offre cinq ans », avait déclaré Mezrag. Mardi
dernier, Benflis avait réfuté une quelconque réhabilitation des hommes de
l'AIS. A propos de la fermeture d'El Watan TV, il écrira qu'en compagnie «de
bienfaiteurs», il s'attèle à rouvrir ses locaux.
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