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Alors que les cours du pétrole s'effondrent : Le gouvernement se veut toujours rassurant

par Moncef Wafi

Abderrahmane Benkhalfa, le ministre des Finances, s'est voulu rassurant en s'adressant, hier, aux Algériens à travers les ondes de la radio Chaîne III. Alors que les cours du pétrole évoluent toujours à leurs plus bas niveaux depuis 2009, plombés comme d'autres marchés mondiaux par l'écroulement des Bourses chinoises, l'Algérie se dit être pour l'instant à l'abri d'une crise économique qui a touché frontalement d'autres pays. Le ministre l'explique par le fait que l'Algérie n'est pas endettée et ne compte pas le faire pour le moment, et «nous disposons d'épargne institutionnelle», ajoutera-t-il, en mettant toutefois un bémol en préconisant le traitement de la situation puisque «personne n'est à l'abri». Face à la chute continue des prix du pétrole et d'un marché qui a déjà anticipé le retour de l'Iran, le premier argentier du pays préconise comme traitement «l'optimisation de l'utilisation des ressources» pour «préserver notre épargne institutionnelle», se chargeant encore de rassurer les citoyens en écartant toute révision des subventions des produits de large consommation.

Revenant sur ce qu'on a appelé une «amnistie fiscale», une démarche de l'Etat pour récupérer une partie des 42 milliards de dinars qui circulent dans la seule sphère du commerce informel, Abderrahmane Benkhalfa voit dans la bancarisation des ressources, «une solution adaptée à la situation économique de notre pays». Quant à la baisse du dinar, pour ne pas parler de sa dévaluation, il répondra que «c'est le dollar qui a augmenté», le liant avec une économie compétitive. Quant aux mesures premières prises par le gouvernement pour arrêter l'hémorragie de son fonds de régulation avec notamment la diminution des importations, le ministre dévoilera les mesures «financières» prévues par la loi «pour toute entreprise qui se substituera à l'importation». Parmi elles, des réductions de 10 à 20 %, en matière d'impôts, aussi bien sur l'IBS, sur la TAP, sur l'IRG, ou la TVA ainsi que sur les droits de douanes. Ainsi, pour pallier aux produits habituellement importés, les entreprises qui s'engageront dans des investissements locaux bénéficieront de ces réductions en attendant «des mesures structurelles», a-t-il précisé. Cet optimisme mesuré survient alors que les cours du pétrole continuaient de chuter à New York, tombant nettement sous les 40 dollars pour le baril «light sweet crude». Le Brent est également en forte baisse à Londres. Le marché du pétrole, dont dépend exclusivement l'économie algérienne, doit faire face actuellement à la demande en recul à cause de l'effondrement des Bourses en Asie alors que l'économie de la Chine, deuxième consommateur de pétrole après les Etats-Unis, ne répond pas aux performances attendues. Cette morosité chinoise affecte directement les Bourses européennes, les investisseurs s'inquiétant des conséquences de ce ralentissement sur la croissance mondiale. En plus de ces inquiétudes sur la demande, le marché pétrolier reste plombé par le niveau élevé de l'offre. Au sujet de l'Iran, les investisseurs pétroliers s'inquiètent des conséquences d'une levée des sanctions à la suite de l'accord nucléaire conclu mi-juillet.