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Ghaza et la cisjordanie face à l'hiver 2025: Quand la tempête devient une crise humanitaire fabriquée

par Oukaci Lounis*

L'hiver 2025 s'abat sur Ghaza et la Cisjordanie comme une sentence. Mais contrairement aux catastrophes naturelles, celle-ci porte un nom : le blocus, les restrictions d'accès et l'effondrement de toute infrastructure vitale. Les pluies qui transpercent les tentes ne sont pas simplement météorologiques ; elles sont politiques. Les nuits glaciales qui emportent les enfants ne sont pas seulement climatiques ; elles sont le résultat d'un système d'entraves, de rationnements et de refus d'accès humanitaire. Le 13 décembre 2025, une résolution du Conseil de sécurité imposait une augmentation urgente de l'aide humanitaire, l'entrée du carburant, l'accès aux matériaux d'abris et la protection des civils.

Mais deux semaines plus tard, la réalité est implacable : rien n'a changé

Ghaza, déjà ravagée par les bombardements et privée d'électricité, fait face à un hiver où la survie est devenue un luxe. La Cisjordanie, fragmentée par les raids, les barrages et les violences, subit un isolement hivernal dramatique. Et au milieu de cette inertie internationale, l'Algérie demeure l'un des rares États à défendre sans ambiguïté l'accès humanitaire et la dignité palestinienne, rappelant au monde que la protection des civils n'est ni négociable ni sélective. Ce rapport propose une analyse rigoureuse, humaine et documentée de la situation, ainsi que des implications politiques et stratégiques d'une crise que les Nations unies qualifient déjà de « catastrophe à progression rapide ».

1. Un territoire sans abri face au froid.

À Ghaza, sur 2,3 millions d'habitants, un million se retrouve sans abri. Les tentes improvisées offrent une protection illusoire contre les intempéries : pluies torrentielles, vent glacial, humidité et pollution liées aux générateurs. Des familles dorment à même le sol détrempé, et les enfants sont victimes de bronchiolites, pneumonies et crises d'asthme, par manque de chauffage et de médicaments. Médecins sans Frontières alerte : « Ce n'est pas l'hiver qui tue, c'est le manque d'abri. »

2. Pénurie de carburant, hôpitaux paralysés

Le rationnement du carburant, essentiel aux générateurs, pompes à eau, ambulances et unités de soins intensifs, compromet le fonctionnement des hôpitaux. D'après l'OMS (2025) : seuls 9 hôpitaux fonctionnent partiellement, plus de 40 salles d'opération sont fermées et les stocks de gaz médical sont épuisés. Les interruptions d'alimentation électrique des incubateurs entraînent une augmentation tragique de la mortalité infantile.

3. Eau contaminée et épidémies en progression.

L'hiver exacerbe la contamination de l'eau, avec 80 % des réseaux d'assainissement détruits ou hors service. Les eaux usées sont entraînées par les pluies dans les zones d'habitation, provoquant des diarrhées aiguës, l'hépatite A, des infections respiratoires et des crises allergiques. L'UNICEF observe une augmentation de 300 % des maladies hydriques chez les enfants depuis octobre 2023.

4. Précarité extrême : une spirale infernale

À Ghaza, l'absence d'abris, de chauffage, de nourriture adaptée, de lait infantile et de médicaments plonge des milliers de personnes dans une situation de «crise totale et multidimensionnelle», selon les ONG. L'hiver n'est plus une saison, mais une lutte quotidienne contre le froid, devenu une arme.

5. L'aide humanitaire entravée : un accès vital bloqué

L'acheminement de l'aide humanitaire, déjà insuffisant, est considérablement ralenti par les destructions massives, les restrictions d'accès et les conditions climatiques extrêmes. Les camions peinent à se frayer un chemin à travers les décombres et les routes impraticables, retardant la distribution de biens essentiels tels que des couvertures, des vêtements chauds et des kits d'hygiène. L'ONU dénonce les obstacles persistants qui entravent l'arrivée de l'aide, aggravant une situation humanitaire déjà désespérée.

6. Enfants traumatisés : une génération sacrifiée

L'hiver à Ghaza est particulièrement dévastateur pour les enfants, qui représentent la moitié de la population. Traumatisés par les bombardements, le déplacement et la perte de leurs proches, ils sont désormais confrontés au froid, à la faim et à la maladie. Les écoles sont détruites ou servent d'abris de fortune, privant les enfants d'éducation et de toute forme de normalité. L'UNICEF met en garde contre les conséquences à long terme de cette crise sur la santé mentale et le développement des enfants ghazaouis.

7. Un appel à la solidarité internationale

Face à cette catastrophe humanitaire sans précédent, un appel urgent à la solidarité internationale est lancé. Les organisations humanitaires appellent à un accès immédiat et sans entrave à Ghaza, à une augmentation massive de l'aide humanitaire et à un cessez-le-feu immédiat pour permettre aux populations de se protéger du froid et de la maladie. L'hiver à Ghaza est une épreuve qui nécessite une réponse mondiale coordonnée et déterminée.

II. Cisjordanie : un hiver sous blocus intérieur

La Cisjordanie, bien qu'épargnée par les bombardements, endure un siège d'un autre genre : un enfermement territorial exacerbé par l'hiver.

1. Villages isolés par les barrages

L'hiver 2025 est marqué par la multiplication des routes coupées, des checkpoints fermés sans préavis, l'accès empêché aux zones rurales et les interventions nocturnes dans les camps de réfugiés. Des villages entiers se retrouvent isolés, privés d'eau, de nourriture et de soins, parfois durant plusieurs jours. Le Croissant-Rouge palestinien signale que 14 ambulances ont été bloquées et n'ont pu atteindre les zones sinistrées, contraignant des équipes médicales à faire demi-tour, causant ainsi des décès faute d'évacuation.

2. Enfants vulnérables au froid - quand la nuit palestinienne devient un danger mortel

Dans les hauteurs d'Hébron, de Naplouse et de Ramallah, l'hiver ne se contente pas d'arriver : il tombe comme une sentence. Lorsque la nuit descend sur les collines, la température glisse vers le zéro, parfois -1°C, parfois moins dans les zones exposées au vent. Ce froid-là n'est pas seulement un phénomène météorologique : c'est un ennemi, un ennemi silencieux, invisible, qui s'insinue dans les maisons fissurées, dans les camps surpeuplés, dans les tentes improvisées. Les familles palestiniennes font face à un paradoxe tragique : le froid tue, mais elles n'ont rien pour lui résister. Pas de chauffage, ou alors quelques résistances électriques défectueuses branchées sur un courant qui saute régulièrement. Pas de vêtements chauds, seulement des couches trop fines héritées d'hivers précédents. Pas de couvertures en nombre suffisant, juste une ou deux par famille, partagées entre plusieurs enfants. Et ce sont précisément ces enfants qui paient le prix le plus élevé. Dans les dispensaires de fortune, les ONG locales rapportent depuis plusieurs semaines une hausse inquiétante des pneumonies, des bronchiolites, des infections respiratoires aiguës. Ces maladies, ailleurs bénignes ou traitées rapidement, deviennent ici des menaces directes lorsqu'on n'a ni chauffage, ni médicaments, ni transport pour atteindre un hôpital.

Dans un camp près d'Hébron, une infirmière raconte - la voix tremblante - les nuits où elle doit placer des nourrissons contre des bouteilles d'eau tiède, faute de couvertures supplémentaires. À Naplouse, une mère explique qu'elle couche ses trois enfants côte à côte pour que leurs corps se réchauffent mutuellement : « Le froid ne pardonne pas, dit-elle. Il entre dans leurs os, dans leur respiration. Même quand ils dorment, je les entends grelotter. » Dans certaines zones, quand le vent souffle à travers les toits de tôle, il éteint les dernières braises d'un chauffage rudimentaire. Alors les enfants se réveillent en sursaut, avec une toux sèche, agressive, qui annonce souvent une infection imminente. Les médecins de terrain, dépassés, parlent déjà d'une « épidémie hivernale évitable » - évitable... si seulement les besoins les plus élémentaires étaient assurés : un toit, une couverture, un pull, un chauffage, de l'électricité.

La nuit, les températures baissent au point que l'air semble couper les poumons. Dans des maisons où la vitre d'une fenêtre cassée est remplacée par un sac plastique, le froid traverse tout. Les enfants, eux, ne comprennent pas : ils demandent pourquoi il fait si froid, pourquoi le vent passe, pourquoi le chauffage ne marche jamais. Les parents, impuissants, n'ont pas de réponse. Ce n'est pas une météo exceptionnelle. Ce n'est pas une catastrophe naturelle. C'est un froid ordinaire, mais qui devient une menace extraordinaire à cause des conditions imposées. Et derrière chaque toux, chaque souffle difficile, chaque petit corps emmitouflé dans une couverture trop fine, se cache la même vérité : l'hiver en Palestine est devenu un champ de bataille où les plus vulnérables se retrouvent sans défense.

3. Le froid, catalyseur de vulnérabilité

Pour une population déjà affectée par les arrestations quotidiennes, les violences des colons, les restrictions de mouvement et l'effondrement économique, l'hiver exacerbe les difficultés. L'UNRWA souligne un « effet cumulatif destructeur ».

4. L'eau, une ressource rare et précieuse

À Jénine, Bethléem et Jéricho, l'accès à l'eau potable demeure un défi constant. Les conduites endommagées par les incursions militaires et les restrictions imposées sur le forage de nouveaux puits aggravent la situation. Les familles dépendent de plus en plus de camions-citernes dont les prix flambent avec la demande hivernale, les rendant inaccessibles aux plus pauvres. Le manque d'eau affecte l'hygiène, favorisant la propagation de maladies infectieuses, particulièrement chez les enfants et les personnes âgées.

5. L'ombre de l'effondrement économique

L'hiver, traditionnellement une période de ralentissement économique en Cisjordanie, est d'autant plus difficile en 2025. Les fermetures de routes et les difficultés d'accès aux marchés agricoles entraînent la perte de récoltes entières. Les ouvriers palestiniens, souvent employés en Israël, se retrouvent sans travail en raison des restrictions de mouvement et des tensions sécuritaires. Les familles luttent pour subvenir à leurs besoins essentiels, plongeant davantage dans la pauvreté et la dépendance à l'aide humanitaire.

6. Un appel à l'aide internationale

Face à cette situation humanitaire alarmante, les organisations locales et internationales lancent un appel urgent à l'aide. Des besoins cruciaux en abris, chauffage, nourriture, eau potable et soins médicaux doivent être satisfaits pour atténuer les souffrances de la population palestinienne en Cisjordanie durant cet hiver rigoureux. L'accès humanitaire sans entrave est impératif pour permettre aux organisations d'atteindre les populations les plus vulnérables et de leur apporter l'assistance dont elles ont désespérément besoin. La communauté internationale est appelée à agir rapidement pour éviter une catastrophe humanitaire encore plus grave.

III. Obstacles humanitaires : une crise artificielle

Cette situation aurait pu être évitée.

1. Blocages administratifs systématiques

Selon OCHA (2025), les demandes d'entrée de générateurs sont refusées à 62 %, les kits d'hiver retardés à 54 %, les matériaux d'abri classés « double usage » et les médicaments soumis à des inspections interminables. Les ONG dénoncent un « siège bureaucratique »

1. Blocages administratifs systématiques

Selon OCHA (2025), les demandes d'entrée de générateurs sont refusées à 62 %, les kits d'hiver retardés à 54 %, les matériaux d'abri classés « double usage » et les médicaments soumis à des inspections interminables. Les ONG dénoncent un « siège bureaucratique ». Les points de contrôle prolifèrent, rendant l'accès aux populations vulnérables de plus en plus difficiles. Les convois humanitaires sont fréquemment retardés, détournés ou carrément interdits de passage. Selon une enquête menée par InterAction (2025), le temps moyen d'attente à un point de contrôle est de 4 heures, un chiffre en constante augmentation. Le nombre d'incidents de sécurité impliquant des travailleurs humanitaires a triplé au cours des deux dernières années. Des enlèvements, des agressions et des assassinats sont rapportés, créant un climat de peur et entravant la capacité des organisations à opérer en toute sécurité. L'impunité dont jouissent les auteurs de ces actes alimente ce cycle de violence. Des rapports crédibles font état de détournements massifs de l'aide humanitaire par des groupes armés et des fonctionnaires corrompus. Cette aide, destinée aux populations les plus vulnérables, est revendue sur le marché noir ou utilisée à des fins politiques, privant ainsi les bénéficiaires de leur droit à l'assistance. Les mécanismes de contrôle et de suivi sont inefficaces, laissant le champ libre à la corruption et à l'impunité. Les acteurs politiques exercent une pression croissante sur les organisations humanitaires, cherchant à instrumentaliser l'aide à des fins électorales ou de propagande. Des interférences directes dans la sélection des bénéficiaires, la distribution de l'aide et la mise en œuvre des programmes sont rapportées, compromettant ainsi l'indépendance et la neutralité de l'action humanitaire. Les principes humanitaires fondamentaux sont bafoués, au détriment des populations les plus vulnérables.

2. Couloirs humanitaires : la réalité sur le terrain

La résolution du Conseil de sécurité prévoyait un accès humanitaire (carburant, abris, soins médicaux) via des couloirs dédiés. Cependant, sur le terrain, le carburant est rationné, les couloirs sont fermés, les convois subissent de multiples inspections, et les denrées périssables sont endommagées ou détruites, soulignant un fossé important entre la promesse et la réalité. L'aide médicale est soumise à des restrictions, avec un manque criant de matériel et de personnel qualifié. Les abris, souvent improvisés, ne protègent pas efficacement contre les intempéries, et l'accès à l'eau potable et à l'assainissement reste un défi majeur. Les organisations humanitaires dénoncent les obstacles administratifs et les retards délibérés, qui entravent leur capacité à répondre aux besoins urgents de la population. La situation est d'autant plus préoccupante que les couloirs humanitaires sont censés être des zones de sécurité, mais sont parfois le théâtre de violences et d'attaques, mettant en danger la vie des travailleurs humanitaires et des civils. En conséquence, l'aide parvient au compte-gouttes, laissant des milliers de personnes dans une situation de détresse extrême.

3. Communications coupées, coordination paralysée

L'absence de réseau téléphonique empêche les ambulances de localiser les patients, les familles de contacter les secours et les ONG de coordonner leurs actions. Cette opacité forcée aggrave la crise. L'information, vitale, ne circule plus. Les rumeurs enflent, alimentées par la peur et le manque de données fiables. Les bilans, déjà terribles, restent fragmentaires, dressés à l'aveugle. L'aide, bien que présente, se déploie avec difficulté, entravée par cet invisible mur de silence. Chaque minute perdue se traduit en vies compromises, en souffrances inutiles. Retrouver une connectivité, rétablir ce lien vital, devient une priorité absolue, une course contre la montre pour atténuer les effets dévastateurs de cette catastrophe. Des solutions existent, pourtant. Des téléphones satellites, des radios d'urgence, des systèmes de communication alternatifs dorment dans des entrepôts, attendant d'être déployés. Leur acheminement, lui aussi, est un défi, une équation complexe où chaque variable - routes impraticables, pénurie de carburant, sécurité compromise - pèse lourdement. Mais l'urgence prime. Il faut briser ce silence, percer ce brouillard informationnel qui étouffe les efforts de sauvetage. Il faut donner une voix à ceux qui ne peuvent plus se faire entendre, rétablir le fil ténu de l'espoir dans ce chaos. Chaque message transmis, chaque appel abouti, est une victoire fragile mais essentielle, un pas de plus vers la lumière au bout de ce tunnel obscur. La reconstruction ne pourra commencer tant que les voix ne se feront pas entendre, tant que la vérité restera enfouie sous les décombres de la désinformation.

4. Le froid, une arme par défaut

Les humanitaires sont unanimes : l'hiver tue, car l'accès humanitaire est bloqué. Les convois sont retardés, les routes impraticables, les stocks bloqués. Le froid devient alors une arme par défaut, touchant les plus vulnérables : personnes âgées, enfants, malades chroniques. Un cercle vicieux s'installe : le froid affaiblit, les maladies se propagent, l'accès aux soins devient plus difficile, augmentant ainsi la mortalité. Les témoignages affluent, décrivant des familles entières grelottant dans des abris de fortune, sans couvertures ni chauffage. L'eau gèle, rendant l'hygiène impossible et favorisant la propagation de maladies hydriques comme le choléra ou la typhoïde. La nourriture, souvent insuffisante, peine à fournir l'énergie nécessaire pour lutter contre le froid. Dans ces conditions, la simple survie devient une lutte quotidienne. Le froid n'est plus seulement un facteur aggravant, il se transforme en un véritable instrument de souffrance, amplifiant les effets dévastateurs des conflits et des crises. Face à cette urgence, la communauté internationale est appelée à redoubler d'efforts pour garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave, afin de protéger les populations les plus exposées et de prévenir une catastrophe encore plus grande.

V. La voix de l'Algérie : constance, courage et diplomatie au service de la Palestine

Alors que certains États préfèrent la prudence diplomatique, l'Algérie, elle, choisit la droiture. Elle parle quand d'autres se taisent. Elle agit quand d'autres temporisent. Elle rappelle des principes quand d'autres les relativisent. La position algérienne n'est pas née d'un « alignement » : elle est née d'une histoire, celle d'un peuple qui a payé sa liberté dans la douleur et qui refuse qu'un autre peuple soit privé de la sienne.

1. Une présence diplomatique constante à l'ONU

À New York, dans les couloirs de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité, l'Algérie n'est jamais silencieuse. Depuis son élection comme membre non permanent du Conseil de sécurité (2024-2025), elle multiplie :

- les séances d'urgence convoquées sur Ghaza et la Cisjordanie ;

- les projets de résolution, dont celui du 19 avril 2024 demandant un cessez-le-feu immédiat ;

- les déclarations présidentielles dénonçant les entraves humanitaires ;

• la mobilisation du Groupe arabe, du Mouvement des Non-Alignés et du Groupe africain autour de positions communes.

Dans un contexte où certaines puissances bloquent systématiquement les résolutions, l'Algérie permet au dossier palestinien de rester vivant, visible, central, empêchant qu'il ne soit relégué dans les coulisses de la diplomatie mondiale.

- Conseil de sécurité des Nations unies, projets de résolution S/2024/284 et S/2024/341 (Algérie)

- Déclarations du Représentant permanent de l'Algérie à l'ONU, 2024-2025

Journal officiel de l'ONU, compte rendu S/PV.9550, S/PV.9573

2. Une dénonciation ferme des entraves humanitaires

À chaque session, l'Algérie rappelle - textes de droit à l'appui - que le blocus, les restrictions à l'aide humanitaire et les attaques contre les civils violent :

- la 4e Convention de Genève (1949) ;

- le droit international humanitaire (DIH) ;

- les résolutions 242, 338, 2334 du Conseil de sécurité.

Ces rappels ne sont pas symboliques : ils constituent une base juridique essentielle qui empêche la normalisation des violations. L'Algérie exige, sans ambiguïté :

• l'entrée sans condition de l'aide humanitaire ;

• la protection des civils ;

• la condamnation des attaques sur les hôpitaux, écoles, ambulances ;

• des enquêtes internationales indépendantes.

3. Coordination africaine et asiatique : l'Algérie fédératrice

L'Algérie ne parle jamais seule : elle rassemble.

• Elle a mobilisé le Groupe africain pour des positions unifiées contre les massacres à Ghaza.

• Elle a ravivé la coordination avec les pays asiatiques du Mouvement des Non-Alignés (120 États).

• Elle a porté le dossier palestinien lors des sommets UA-ONU et UA-États arabes.

Cette capacité à fédérer fait de l'Algérie un acteur pivot entre l'Afrique, le monde arabe, l'Asie et l'Amérique latine - un rôle comparable à celui qu'elle jouait déjà durant la lutte contre l'apartheid.

- Déclarations du Sommet du Mouvement des Non-Alignés (2023-2024)

- Communiqués de l'Union africaine sur Gaza (2024-2025)

4. Une action politique assumée : pression pour l'application des résolutions

L'Algérie rappelle systématiquement qu'un État membre de l'ONU ne peut rester au-dessus du droit international. Elle demande :

• la mise en œuvre effective de la résolution 2334 (2016) contre la colonisation ;

• la fin immédiate des bombardements sur les zones civiles ;

• la reconnaissance de l'État de Palestine avec Jérusalem-Est comme capitale ;

• une conférence internationale de paix sous égide onusienne.

Lorsque certains États hésitent, l'Algérie assume la confrontation diplomatique. Elle le fait au nom de la loi, mais aussi au nom d'un principe fondamental de sa politique étrangère : la défense des peuples opprimés.

5. Une diplomatie qui parle avec le poids de l'histoire

L'Algérie ne porte pas seulement une voix : elle porte une mémoire. Sa mémoire de 132 ans de colonisation. Sa mémoire de villages incendiés, de populations déplacées, de faim imposée comme arme. Sa mémoire d'un peuple qui a vu le monde se taire trop longtemps. C'est cette mémoire qui explique la sensibilité algérienne à la souffrance palestinienne. C'est cette mémoire qui donne à sa diplomatie une force morale que d'autres n'ont plus. Quand l'Algérie parle de Ghaza, elle parle de dignité humaine. Quand elle parle d'Hébron, elle parle de liberté. Quand elle parle de Ramallah, elle parle de justice. Et dans un monde où beaucoup préfèrent la « neutralité », l'Algérie rappelle que la neutralité face à l'injustice est déjà une forme de participation.

6. Pourquoi cette voix compte pour le peuple algérien, africain... et le monde

Parce qu'en défendant la Palestine, l'Algérie défend un principe universel : le droit d'un peuple à exister librement. Parce qu'en multipliant les actions diplomatiques, elle montre à l'Afrique qu'il est possible de tenir tête à la loi du plus fort. Parce qu'en dénonçant les violations du droit international, elle rappelle au monde que ce droit existe pour tous, pas seulement pour les puissants. Et parce que dans le silence général, une voix juste peut changer le cours de l'histoire.

Conclusion

L'hiver 2025 à Ghaza et en Cisjordanie n'est pas une saison froide. C'est un verdict. Un rappel brutal de ce que signifie être un peuple entier exposé, désarmé, abandonné. Ce qui se joue aujourd'hui dans ces terres meurtries n'a rien d'un phénomène naturel. Ce n'est pas la météo qui tue : ce sont les choix politiques, les blocus imposés, les frontières fermées, les cargaisons retenues, les générateurs sans carburant, les ambulances bloquées aux checkpoints, les hôpitaux dépourvus de tout. L'hiver devient alors une arme de plus. Une arme lente, silencieuse, mais implacable. Des enfants grelottent sous des tentes qui laissent passer le vent. Des mères se résignent à chauffer de l'eau dans une casserole pour réchauffer les pieds de leurs bébés. Des médecins observent, impuissants, des respirateurs s'éteindre faute d'électricité. Et chaque nuit, sous les toits de tôle, le froid devient un test de survie. Ce n'est pas une catastrophe naturelle. C'est une catastrophe fabriquée. Une catastrophe aggravée par l'indifférence, la lenteur bureaucratique, les calculs politiques et les silences complices.

Chaque jour d'inaction se paie en vies humaines. Chaque convoi bloqué signifie un hôpital qui s'obscurcit. Chaque dossier retardé signifie un enfant qui pleurera cette nuit dans une tente glacée, sans couverture, sans espoir de chaleur. Chaque silence diplomatique est une balle de froid supplémentaire tirée dans le dos d'un peuple déjà accablé. Face à cette réalité insoutenable, la communauté internationale n'a plus le droit d'hésiter.,La mesure de la moralité mondiale, aujourd'hui, se lit dans la capacité des nations à briser le siège humanitaire, à imposer le passage de l'aide, à protéger les civils, à faire appliquer le droit international sans sélectivité ni hypocrisie. Et dans cette obscurité où tant de puissances préfèrent détourner le regard, l'Algérie demeure un repère moral. Une conscience politique. Une voix claire dans un océan d'ambiguïtés. L'Algérie ne parle pas seulement pour elle-même. Elle parle au nom d'une histoire. Elle parle pour tous ceux qui savent que la liberté n'est jamais donnée, mais arrachée. Elle parle pour rappeler au monde que la justice n'est pas un luxe ni un slogan : c'est un devoir. L'hiver passera. Mais la mémoire de cet hiver, elle, restera. Et l'humanité sera jugée sur ce qu'elle aura fait ou sur ce qu'elle aura laissé faire.

*Professeur. Université de Constantine 2

Références

- OCHA (United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs).

Occupied Palestinian Territory: Humanitarian Update & Winter Risk Assessment. ONU, 2024-2025.

- OMS / WHO (World Health Organization). Gaza Health System Emergency Situation Reports. Genève, 2024.

- UNICEF. Gaza: Children Casualties, Malnutrition and Winter Outlook. 2024.

- UNRWA. Gaza Emergency Situation Reports. 2023-2025.

- Amnesty International. Israel/OPT: Apartheid Against Palestinians. Londres, 2023.

- Human Rights Watch. Gaza: Catastrophic Civilian Toll. New York, 2024.

- Cour Internationale de Justice (CIJ). Ordonnance sur les mesures conservatoires — Afrique du Sud c. Israël. La Haye, 2024.

- Conseil de Sécurité des Nations Unies. Résolution 2334 (2016) - sur les colonies et le droit international.

- Roy, Sara. «De-Development Revisited: Gaza's Long Economic Strangulation.» Middle East Journal, 2023.

- Giacaman, Rita et al.»Public Health in Gaza Under Siege.» The Lancet, 2024.

- Shalhoub-Kevorkian, Nadera. «The Colonial Politics of Securitization in Israel/Palestine.» Security Dialogue, 2022.

- Zoubir, Yahia H. North African Geopolitics in the 21st Century. Routledge, 2022.

(Mobilisé uniquement pour la partie sur le rôle géostratégique de l'Algérie.)

- Ministère des Affaires Étrangères Algérien. Positions officielles de l'Algérie concernant la Palestine à l'ONU. 2023-2025.

- Norwegian Refugee Council (NRC). Winterization Needs in Gaza. Oslo, 2024.

- Banque Mondiale. Gaza Economic Monitoring Data. 2024.