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Révision de la Constitution : Miloud Brahimi revendique un Etat laïc et l'officialisation de Tamazight

par Yazid Alilat

Miloud Brahimi, avocat et militant des droits de l'Homme, revendique, toujours, l'officialisation de tamazight, qui doit devenir, selon lui, une langue nationale officielle, au même titre que l'arabe. Brahimi, une des nombreuses personnalités nationales invitées aux consultations sur la révision de la Constitution, n'a pas caché, hier, lundi, dans un entretien à la Radio nationale, son ancienne revendication, en tant que militant des droits de l'Homme pour la reconnaissance et l'officialisation de tamazight, et l'introduction de la laïcité, en Algérie. C'est, un peu, dans ce sens qu'il a déclaré qu'il faut, aujourd'hui plus que jamais « réconcilier le peuple avec son histoire et ses origines». Pour lui, «on parle beaucoup de réconciliation, mais la première réconciliation est celle de réconcilier le peuple avec son histoire, son origine, et donc l'officialisation de la langue tamazight pour qu'elle devienne langue nationale et officielle». Il faut «réparer cette injustice», a-t-il ajouté. Il a souligné, par ailleurs, que lors de ses discussions (dimanche, ndlr) avec M. Ahmed Ouyahia qui dirige ces consultations, il a, également, proposé l'amendement ou l'abrogation de l'article 2 de la Constitution. Il estime qu'il faut séparer la religion de l'Etat, quitte à aller vers la laïcité, qui «ne veut pas dire athéisme», précise-t-il. La formulation qu'il a proposée est celle qui veut que «l'Islam est la religion officielle», et non pas «l'Islam est la religion de l'Etat», car, estime t-il, cette formulation soulève beaucoup de réserves. Il faut, dès lors « séparer la sphère publique de la sphère privée », a-t-il dit, en privilégiant la nouvelle formulation. Et puis, « nous ne sommes pas un pays laïque, mais rien n'empêche d'aller vers la laïcité, car un pays laïque est celui où la liberté de culte est, parfaitement, reconnue. Il faut différencier entre laïcité et athéisme », a expliqué Me Brahimi.

Il est, par ailleurs, longuement revenu sur l'abolition de la peine de mort, la dépénalisation de l'acte de gestion et l'absurdité de la détention préventive qu'il a assimilée à « une catastrophe nationale ». Pour l'abolition de la peine de mort, il a relevé que «c'est un sujet qui fâche», avant de souligner, fataliste, «de toutes façons, on va y aller de notre propre gré ou non. Il faut constitutionnaliser la prescription de la peine de mort». Globalement ulcéré par la Justice algérienne, Miloud Brahimi a rappelé qu'il est urgent de «réformer la Justice et concilier le juge avec le justiciable», en voulant, comme preuve, que «la détention préventive est devenue une condamnation préventive». «C'est une rupture totale de ce qu'on fait, en matière de justice», s'est-il lamenté, avant d'affirmer que «des gens sont détenus, à titre préventif, depuis 4 ans ! C'est absolument scandaleux ! ». Pour lui, la détention préventive est «violation de la Constitution», alors que pour la dépénalisation de l'acte de gestion, il a rappelé que le président, lui-même, avait donné des instructions dans ce sens, restées «sans effet». En fait, les propositions de Me Brahimi, dans le cadre des consultations pour la révision de la Constitution qu'il a exposées, hier, à la Radio nationale, portent sur la constitutionnalisation de tamazight comme langue nationale, la réforme de la Justice dont la constitutionnalisation de la double juridiction, la fin de la détention préventive et la reformulation de l'article 2 de la Constitution. «Il faut débarrasser notre code pénal de textes, qui se sont introduits, frauduleusement, depuis l'indépendance, pour des raisons autres que juridiques», a encore expliqué Miloud Brahimi pour qui «il faut réformer la Constitution pour qu'elle devienne pérenne, car une constitution doit durer longtemps». Enfin dans son «mix» politique, il revendique, également, le «droit à l'environnement» et la protection de la nature, affichant son rejet pour les gaz de schiste.