
A l'approche de
l'échéance d'avril 2014, au vu du défilé de ministres qui viennent visiter les
chantiers en cours dans la ville des ponts et à l'écoute des informations
rapportées par les médias à propos des retards enregistrés par les projets
inscrits dans le programme, les citoyens constantinois ne cessent de poser des
questions et de se demander si tous les délais annoncés seront respectés. Et à
l'évidence, le chantier du Transrhumel qui ne peut passer inaperçu tant il est
situé en plein centre-ville, devant le regard de tous, occupe la majorité des
discussions. Et à ce sujet, l'achèvement de ce projet est entouré d'un mystère
total ces derniers temps. Mystère accentué par le rythme des travaux sur le
pont qui, visiblement, semble avoir ralenti d'une façon considérable. Aussi, au
moment où les autorités concernées, y compris le maître d'œuvre, la DTP, se
murent dans un silence équivoque, des ouvriers et des cadres, s'exprimant sous
le sceau de l'anonymat, ne cessent de tirer la sonnette d'alarme sur le «coup
d'arrêt qui a été, selon eux, imprimé à certaines parties de l'ouvrage,
notamment la finition du tablier du pont où il reste uniquement quelque 4
mètres à terminer pour relier l'ensemble de l'ouvrage. Et dans cette
atmosphère, la rumeur s'installe. «Les Brésiliens ont stoppé tout parce que,
paraît-il, ils n'ont pas été payés par les services gouvernementaux concernés»,
disent les uns. «Non, c'est un mauvais calcul d'ajustement qui fait que la dernière
partie du pont n'a pas été reliée», affirment les autres, en se prévalant
d'informations sûres recueillies auprès d'ingénieurs algériens travaillant sur
le chantier. Mais, assurément, la plus grande inquiétude est celle qui règne
auprès du collectif de travailleurs algériens dont le nombre se réduit comme
une peau de chagrin. «Hier seulement, 90 ouvriers locaux ont été mis en congé
d'office», nous a déclaré hier lundi un cadre algérien travaillant sur le
chantier, en rappelant le cas des 120 ouvriers, dont les contrats ont expiré il
y a une vingtaine de jours, laissés sur le carreau. Vont-ils reprendre le
travail à la fin du congé? «Au vu des travaux qui restent encore à accomplir,
je ne pense pas», a considéré notre interlocuteur qui a requis l'anonymat. Et
il nous a demandé avec insistance de nous rendre sur place pour effectuer «une
enquête et prendre des photos», en assurant que, maintenant, les ouvriers
portugais ramenés par la société brésilienne Andrade Guttierez sont plus
nombreux que leurs collègues algériens. «Ceci, sans parler de ceux qui
travaillent dans l'administration et qui sont aussi nombreux», ajoute-t-il.
Pour être fixés sur toutes ces informations, nous avons demandé audience hier
au directeur des travaux publics (DTP), M. Bouhamed. Ce dernier nous a reçus
dans son bureau, mais il s'est dit désolé de ne pouvoir nous donner la moindre
information sur le chantier, du moins pour ce jour-là qui était réservé à la
réception du public (!). «Revenez un autre jour et on pourra discuter longuement
du chantier du pont Transrhumel», a promis le DTP. Le chef de la section
syndicale, lui non plus, n'a pas voulu s'exprimer, malgré notre insistance, et
nous a donné rendez-vous «pour bientôt», a promis aussi M. Soualmia. Et le
mystère ne fait que grandir en laissant libre cours à la rumeur publique. «Vous
voyez bien que tout le monde, y compris le syndicat, veut garder le silence !
», ont rétorqué à la fin des cadres algériens du chantier en guise de
commentaire.