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Les oubliés du relogement de Saint-Antoine

par Salah C.

Plus de 20 familles résidant dans des immeubles menaçant ruine à Saint-Antoine, des constructions censées être évacuées totalement suite au relogement de leurs occupants le 10 juillet 2008, sont encore en place. Plusieurs de ces habitants, documents à l'appui prouvant qu'ils étaient recensés par les services compétents, pointent du doigt deux employés du secteur urbain de Sidi El-Bachir qui les auraient injustement privés de leurs droits à des logements décents au même titre que leurs voisins. «Nous ne sommes pas des «zedamas», un terme signifiant des occupants illégaux et qui habitent des constructions dont les issues ont été théoriquement condamnées. Au niveau de trois constructions visitées, il apparaît clairement que ces habitants vivent dans une situation dramatique et en plus du risque permanent d'un effondrement, ils font face à des présences sur les lieux de désoeuvrés et de SDF qui ont trouvé là un refuge. Pire encore, affirme une occupante, chaque nuit, des délinquants viennent occuper les logements fermés après avoir commis des agressions en dehors. Les éléments de la 1e sûreté urbaine sont intervenus à plusieurs reprises, affirme notre interlocutrice, pour appréhender ces individus suspects. Cependant, affirme une autre habitante du 7, rue Abdelkhalek Mohamed Seghir, tant que ces constructions ne seront pas rasées, cette situation perdurera. «Depuis 2008, nous n'avons jamais cessé de faire des démarches auprès du secteur urbain de Sidi El-Bachir et de la daïra sans qu'aucune réponse nous soit donnée sur le sort des logements qui nous ont été attribués», estiment tous les occupants, qui précisent que tous les sit-in tenus devant le siège de la wilaya n'ont pas fait réagir les responsables concernés. En pleurs, une vieille dame nous dira qu'elle «est contrainte de passer ses nuits chez des proches et des amies et que cette situation ne peut durer et passer une fête comme l'aïd en dehors de chez soi est la pire frustration». Cependant, il est constaté que des commerçants occupant des locaux semblent ne pas être concernés et les habitants estiment que tant que ces immeubles ne sont pas rasés, ils demeureront dans cet état alors que d'autres familles ont bénéficié de logements. Dans ces bâtisses en ruine, les conditions de vie sont devenues inhumaines et plusieurs des occupants souffrent de maladies chroniques, mais ces souffrances ne semblent pas préoccuper les responsables locaux qui, au lieu de reloger par quartier et récupérer les assiettes foncières après leur démolition, comme le stipule la loi, font dans l'urgence et donnent ainsi l'opportunité à d'autres familles de venir s'installer et devenir de potentiels demandeurs de logements.