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Tunisie : Arrestation d'un groupe terroriste, Ennahda contre-attaque

par Yazid Alilat

La traque des groupes terroristes en Tunisie s'accélère depuis la tuerie du mont Chaambi, et, plus, depuis l'assassinat du militant et opposant Brahmi Mohamed devant son domicile tunisois. Hier, les services de sécurité tunisiens ont démantelé un présumé groupe terroriste, dont l'un des membres a été abattu. Le ministère de l'Intérieur a annoncé hier qu'un suspect «de terrorisme» avait été tué et quatre complices arrêtés lors d'une opération durant la même journée près de Tunis. Dans un communiqué, le ministère précise qu'un assaut a été lancé à l'aube contre une maison de Ouardia, dans la banlieue sud de Tunis, où se cachaient «des éléments terroristes importants». «L'un des éléments du groupe a été éliminé dans un échange de tirs, quatre ont été arrêtés dont un blessé», a expliqué le ministère qui ne donne aucune indication sur les faits reprochés à ces personnes. En outre, il a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche avoir déjoué l'assassinat d'une personnalité politique non identifiée à Sousse. Une opération durant laquelle deux «terroristes très dangereux» ont été arrêtés et des armes à feu ainsi que des grenades saisis, précise le ministère, selon lequel ?'la police a aussi essuyé des tirs après avoir perquisitionné la maison d'un troisième suspect qui a pu prendre la fuite''. Les forces de l'ordre ont aussi annoncé qu'un «extrémiste religieux» avait été tué et un autre blessé dans deux incidents séparés alors qu'ils manipulaient des explosifs. Pour autant, le porte-parole du ministère, Mohamed Ali Aroui, rassure en estimant qu'il n'y avait pas pour autant de «menace précise» et que le «risque d'attentat est le même en Tunisie qu'en France ou ailleurs dans le monde» même si officiellement le pays est sous une menace terroriste grandissante. En moins de six mois, deux responsables politiques de l'opposition ont été assassinés. En outre, deux trafiquants d'armes tunisiens avaient été arrêtés après un échange de tirs dans le sud du pays, près de Ben Guerdane à la frontière avec la Libye. Leur chargement a été saisi et l'un des suspects blessé. Des informations en fait inquiétantes et qui donnent une idée sur la propagation de groupes terroristes dans le pays, ainsi que la naissance d'un dangereux trafic d'armes de guerre en provenance de Libye.

Les opérations militaires terrestres et aériennes combinées sur le mont Chaambi où huit soldats avaient été tués par un groupe terroriste qui s'y est retranché depuis l'hiver dernier se poursuivent toujours, mais aucune information n'a été donnée sur leurs résultats. L'armée algérienne a déployé de son côté quelque 6500 soldats pour sécuriser sa frontière avec la Tunisie et éviter que le groupe terroriste ne pénètre sur le territoire national.

ENNAHDA CONTRE-ATTAQUE

Mais, l'actualité politique tunisienne de ces 24 dernières heures est marquée par une contre-attaque d'Ennahda, parti au pouvoir, et de ses partisans contre l'opposition. Le parti Ennahda a ainsi organisé dans la nuit de samedi à dimanche à Tunis une impressionnante manifestation pour répondre à la multiplication des appels au départ du gouvernement de Larayedh après l'assassinat de Mohmed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste par l'opposition. Selon les organisateurs, Ennahda a rassemblé dans la nuit quelque 200.000 manifestants devant la place de la Casbah, siège du gouvernement, pour défendre sa légitimité au pouvoir et dénoncer les violences politiques. «Ceux qui ont cru que le scénario égyptien pouvait être répété ici ont tout faux. La Tunisie a été une inspiration avec sa révolution, et elle ne va pas importer un coup d'Etat», a déclaré devant la foule Rached Ghannouchi, chef d'Ennahda, faisant référence au renversement du président égyptien Mohamed Morsi par l'armée le 3 juillet dernier. Plus tôt dans la journée, le chef du gouvernement avait rejeté les appels à sa ?'démission'' et à la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC), principales revendications de l'opposition tunisienne rassemblée au sein d'une coalition de partis de gauche.

L'opposition, de son côté, maintient sa revendication du départ du gouvernement pour l'organisation d'élections libres et transparentes. Des milliers de manifestants sont ainsi rassemblés chaque nuit devant le siège de l'ANC, pour demander le départ du gouvernement et la dissolution de l'assemblée constituante. L'opposition a, en outre, indiqué qu'elle prépare un grand rassemblement le 6 août avec les mêmes revendications mais aussi pour marquer les six mois de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd.

«L'opposition ne veut pas du pouvoir, mais veut terminer la transition démocratique avec un gouvernement de salut national. Dans le contexte actuel ce n'est pas possible de tenir des élections libres et transparentes», estime Karima Souïd, une des 60 députés à réclamer la dissolution de l'assemblée.