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![]() ![]() ![]() Les Marocains ulcérés par la grâce royale à un violeur d'enfants -Mohamed VI : ce n'est pas moi, c'est les autres !
par Salem Ferdi ![]() Ce n'est pas moi, c'est les autres ! Après plusieurs jours de silence méprisant et alors que la colère ne faisait qu'enfler au Maroc après la grâce royale accordée à un pédophile espagnol coupable du viol de 11 enfants entre 4 et 15 ans, le Palais Royal a réagi? en ordonnant l'ouverture d'une enquête ! Aucun mot d'excuses dans le communiqué du cabinet royal qui laisse entendre clairement que le roi Mohamed VI n'est pas responsable de ce qu'il a signé. Le communiqué explique que l'objectif de l'enquête est de «déterminer les responsabilités et les points de défaillance qui ont pu mener à cette regrettable libération» et d'«identifier le ou les responsables de cette négligence afin de prendre les sanctions nécessaires». Le roi du Maroc, soucieux de complaire aux Espagnols, ne s'attendait pas à cette levée de bouclier chez les Marocains qui ont manifesté, après des appels sur internet, dans plusieurs villes du Maroc. Selon le communiqué du cabinet royal qui suscite de l'incrédulité chez les Marocains branchés sur les réseaux, «le roi n'a jamais été informé, de quelque manière que ce soit et à aucun moment, de la gravité des crimes abjects pour lesquels l'intéressé a été condamné». «Il est évident que jamais le souverain n'aurait consenti» à ce que ce prisonnier «puisse arrêter de purger sa peine, au regard de l'atrocité des crimes monstrueux dont il a été reconnu coupable», poursuit-il. Le communiqué indique que des «instructions seront également données au ministre de la Justice afin de proposer des mesures de nature à verrouiller les conditions d'octroi de la grâce à ses différentes étapes». Le violeur est désormais en Espagne, le Palais royal tente d'amortir le coup et la montée des critiques qui s'expriment en dehors des partis traditionnels. UN PEDOPHILE BIEN PROTEGE C'est que les révélations qui s'accumulent montrent que la libération du pédophile n'avait rien d'accidentelle. Daniel Galvan Viña, 63 ans, qui n'aura accompli que deux ans sur les 30 ans de prison qui lui ont été infligé pour avoir violé 11 petits Marocains, serait un agent des services espagnols. C'est, selon son avocat, un ancien officier de l'armée irakienne qui a travaillé avec les services occidentaux contre Saddam Hussein. Il n'existe aucune trace de lui au département des sciences océaniques de l'université de Murcie, où il est supposé être professeur. Une couverture qui lui aurait été donnée par le CRI, les services espagnols. C'est ce lien avec les services espagnols qui explique la «faveur» accordée par Rabat. C'est un violeur très protégé. Ce qui accrédite cette thèse d'une demande des services espagnols vient du Palais royal espagnol, lui-même. «Juan Carlos d'Espagne a bien demandé au roi Mohammed VI de gracier des Espagnols purgeant des peines de prison au Maroc, mais il ne savait pas si le nom du pédophile qui a violé 11 enfants marocains figurait sur la liste des bénéficiaires» a indiqué le porte-parole du palais royal espagnol. Avant que le Palais ne sorte de son mutisme méprisant, des milliers de Marocains ont tenté de se rassembler dans la soirée du vendredi devant le siège du parlement à Rabat. La police, fortement déployée, a été particulièrement brutale faisant plusieurs dizaines de blessés dont des journalistes et des photographes. «On ne veut pas que les gens se rendent compte que le roi commet des bêtises.» Cette répression est, selon Fouad Abdelmoumni, économiste et militant politique, un signe révélateur que «l'Etat n'a aucune explication» sur l'affront commis contre la dignité des Marocains à travers la libération du violeur. «On ne veut pas que les gens se rendent compte que le roi commet des bêtises». Alors que la classe politique traditionnelle est silencieuse, le ministère de la Justice a indiqué dans un communiqué que la grâce octroyée aux Espagnols «entre dans le cadre des relations stratégiques qui lient les deux pays amis». «NOUS AVONS ETE VIOLES DEUX FOIS» ! Selon le communiqué «les sentiments des victimes» ont été pris en compte à travers l'interdiction d'entrée au Maroc au violeur gracié. Les parents de victimes sont, eux, silencieux. Seule la mère de la plus petite des victimes, 4 ans, a dit son amertume : «Nous avons été violés deux fois, je m'en remets à Dieu». Une victime du pédophile, âgé de 14 ans, aurait tenté de se suicider en apprenant la nouvelle de la libération du prédateur sexuel. Alors que le ton est à la colère et la contestation sur les réseaux sociaux, la classe politique reste silencieuse ou se contente, à l'image de l'Istiqlal, d'approuver «l'enquête» décidée par le roi. L'Association marocaine des droits humains (AMDH, indépendant) a réitéré le «droit du peuple marocain à s'exprimer librement et à manifester pacifiquement contre» cette grâce. A l'appel de l'AMDH d'Ile-de-France (AMDH-Idf), une manifestation a été organisée devant l'ambassade du Maroc en scandant «tous contre les violeurs de nos enfants», et «les enfants ne sont pas à vendre au Maroc». Les Marocains ont manifesté vendredi à Rabat mais aussi à Tétouan et à Tanger. Un rassemblement s'est tenu samedi à Agadir. Sur les réseaux sociaux, des appels ont été lancés pour la tenue de sit-in, mardi et mercredi, à Casablanca et à Rabat. L'affaire du pédophile libéré n'en finit pas de faire des vagues. Outre l'indignation face au très mauvais signal envoyé à ceux qui voient dans le Maroc une terre de tourisme sexuel sans limite d'âge, la grâce royale remet au gout du jour les demandes de réformes pour aller vers une monarchie constitutionnelle où le roi règne mais ne gouverne pas. |
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