|
![]() ![]() ![]() Al-Zawahiri accuse les Américains de complot : L'Egypte au bord de l'implosion
par Yazid Alilat ![]() L'Egypte vit des
moments difficiles et dramatiques pour un pays qui sombre doucement dans
l'inconnu politique. Au milieu d'un ballet diplomatique ininterrompu depuis
mercredi dernier pour amener les partisans du président déchu Mohamed Morsi à
cesser leur mouvement de protestation, la tension est montée d'un cran après
l'intrusion dans cette crise du chef d'Al-Qaïda, l'Egyptien Ayman al-Zawahiri,
en prenant position avec le camp Morsi.
Al-Zawahiri a accusé les Etats-Unis d'avoir «comploté» avec l'armée égyptienne et la minorité chrétienne copte pour faire destituer le président Mohamed Morsi. Dans un message audio posté samedi sur des forums de groupes jihadistes, il a déclaré que ?'les croisés, les laïcs et l'armée américanisée (d'Egypte) se sont entendus (...), grâce à l'argent des pays du Golfe et un complot des Américains, pour renverser le gouvernement de Mohamed Morsi». Une déclaration de nature à donner plus de conviction au camp du président Morsi, qui a refusé de lever les camps et de cesser les manifestations de protestation. Les Frères musulmans ont appelé leurs partisans à venir grossir «pacifiquement» les rangs des deux sit-in sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahda du Caire, qu'ils occupent depuis un mois, alors que les autorités leur ont lancé hier samedi un nouvel appel à lever ces camps, au milieu de préparatifs pour les en déloger de force. «A bas Sissi, Morsi est notre président», scandaient les manifestants en ville. Les pro-Morsi, refusant d'écouter les appels des nouvelles autorités de transition, ont annoncé la tenue d'un troisième sit-in sur une place de la capitale et à une marche sur deux QG de l'armée et un de la police. De son côté, le gouvernement égyptien a demandé hier pour la deuxième fois aux manifestants pro-Morsi de se disperser au Caire, en leur promettant une «sortie en toute sécurité» et un accès à la vie politique. BALLET DIPLOMATIQUE Sur le front diplomatique, les Etats-Unis sont devenus plus entreprenants et s'activent pour éviter que l'Egypte ne bascule vers la guerre civile. Hier, le secrétaire d'Etat adjoint William Burns jouait les intermédiaires pour éviter que les autorités égyptiennes ne passent à l'action en délogeant par la force les manifestants pro-Morsi. Son arrivée dans la soirée de vendredi intervenait après la déclaration du chef de la diplomatie américaine John Kerry, qui a provoqué la fureur des Frères musulmans en estimant que les militaires avaient «rétabli la démocratie» en destituant M. Morsi à la demande de «millions et de millions de manifestants». M. Kerry «a demandé à William Burns de se rendre à nouveau en Egypte pour discuter avec ses dirigeants de l'importance d'éviter les violences et pour aider à un règlement pacifique de la crise ainsi qu'à un processus politique comprenant toutes les parties», a expliqué l'entourage du secrétaire d'Etat adjoint avant son arrivée vendredi soir. «La dernière chose que nous voulons, c'est davantage de violence», a assuré M. Kerry en dépêchant au Caire son adjoint. Cette visite-surprise de Burns apparaît comme l'une des dernières chances d'éviter la confrontation entre les forces de l'ordre et les milliers de militants des Frères musulmans qui occupent deux places du Caire depuis un mois pour réclamer le retour au pouvoir du président islamiste déchu, destitué et arrêté par l'armée le 3 juillet. Le véritable ballet diplomatique qui s'est joué ces derniers jours au Caire, mené essentiellement par des responsables de l'Union européenne et de l'Union africaine, n'a en effet pas donné de résultats tangibles. COLERE DES PRO-MORSI «Le secrétaire d'Etat Kerry accepterait-il que le secrétaire américain à la Défense Hagel destitue Obama si d'importantes manifestations avaient lieu en Amérique ?», a répliqué vendredi Gehad el-Haddad, porte-parole des Frères musulmans, à la déclaration de Kerry selon lequel la destitution par les militaires de Morsi est «un acte de rétablissement de la démocratie» en Egypte. «Nous n'attendons rien des Etats-Unis, complices du coup d'Etat militaire», ajoute le porte-parole des Frères musulmans. Une déclaration qui s'ajoute à celle du chef d'Al-Qaïda qui accuse les Etats-Unis et les milieux laïcs et coptes égyptiens de conspiration contre le président Morsi et les islamises. Pour autant, fort du soutien de la grande majorité des Egyptiens, ainsi que la presse, le gouvernement de transition est prêt à engager l'épreuve de force pour déloger «manu militari» les manifestants pro-Morsi des deux places qu'ils occupent, et ne provoque un bain de sang. Le vice-président par intérim et prix Nobel de la paix Mohamed El-Baradei a cependant estimé vendredi soir qu'il ne pourrait pas contenir longtemps les partisans de la manière forte. «Des gens sont vraiment furieux contre moi parce que je dis: prenons notre temps, parlons avec eux. L'humeur, maintenant, c'est plutôt écrasons-les», a-t-il assuré, ajoutant: «Je tiens le fort, mais je ne tiendrai pas longtemps». |
|