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21 représentations diplomatiques concernées : Washington ferme son ambassade à Alger

par Moncef Wafi

Washington ferme aujourd'hui, pour un délai non encore déterminé, 21 de ses ambassades et consulats à travers le monde musulman, dont celles d'Alger, Abou Dhabi, Bagdad, Ryad, Kaboul, Amman ou encore du Caire, pour des raisons de sécurité.

Paradoxalement cette décision ne concerne pas l'ambassade américaine en Tunisie d'autant plus que le dernier attentat terroriste s'est produit dans ce pays il y a quelques jours de cela. Rappelons que les Etats-Unis sont particulièrement attentifs à la sécurité de leurs représentations à l'étranger depuis l'attentat contre le consulat américain à Benghazi, en Libye, le 11 septembre 2012, dans lequel l'ambassadeur américain et trois de ses collaborateurs avaient trouvé la mort. L'annonce a été faite ce jeudi par Mme Marie Harf, une porte-parole du département d'Etat américain alors que Barack Obama a donné l'ordre, ce vendredi, à son équipe de sécurité nationale de prendre «toutes les mesures nécessaires pour protéger les Américains». Et pour cause, des communications électroniques interceptés dans lesquelles d'importants cadres d'Al-Qaida discutaient d'attaques contre les intérêts américains au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ainsi que dans «la péninsule Arabique».

Les Américains soupçonnent un prélude à une ou des attaques, d'ici fin août, contre les intérêts américains dans la région d'autant que ces informations relayent le message publié jeudi par Ayman Al-Zawahiri sur des forums djihadistes. Le chef d'Al-Qaida appelait ainsi à attaquer les intérêts des Etats-Unis en représailles à ses actions militaires dans le monde musulman et à ses attaques de drones au Yémen où le numéro deux d'Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), Saïd Al-Chehri, a été abattu, sa mort ayant été confirmée en juillet. Selon le département d'Etat, ces attaques pourraient se produire principalement dans les transports et d'autres infrastructures touristiques. La déclaration du général Martin Dempsey, chef d'Etat-major des armées américaines, précisant que «l'intention est d'attaquer l'Occident, et pas seulement les intérêts américains» a dû faire réagir les capitales européennes puisque et Londres et Berlin ont décidé également de fermer leurs ambassades au Yémen, les 4 et 5 août, «pour des raisons de sécurité». L'Union européenne (UE), quant à elle, va prendre «toutes les précautions nécessaires», a annoncé le porte-parole de la Commission européenne, Alexandre Polack. A ce stade, a-t-il précisé, l'UE n'a pas de preuve d'une menace quelconque concernant spécifiquement ses délégations à l'étranger.

Au Canada, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a fait savoir que son pays n'allait pas suivre l'exemple «diplomatique» des États-Unis même s'il demande à ses concitoyens d'être prudents s'ils sont en voyage en Afrique du Nord ou au Moyen-Orient. Face à cette alerte mondiale au terrorisme, la dernière remontant à octobre 2011 après une présumée tentative d'attentat à la bombe fomentée par l'Iran, des voix discordantes se sont élevées pour faire entendre une autre version des faits. Ainsi, des commentaires notaient que la mesure décrétée vendredi tombait à pic, au moment où la principale agence de recueil de communications, la NSA, est vivement soupçonnée d'avoir espionné des pays «amis» ainsi que la population américaine.

Depuis le début de la polémique sur les activités de la NSA, les dirigeants du renseignement américain rappellent à chaque occasion qu'un grand nombre d'attentats ont pu être évités grâce aux écoutes de cette agence d'espionnage. Pour les Iraniens, cette fermeture des ambassades est prélude à un nouveau complot, selon Mohammad Kothari, membre de la commission de la sécurité nationale et de la politique étrangère du Majlis Islamique. En 2008, le Danemark avait évacué le personnel de son ambassade en Algérie en raison de présumées menaces terroristes précises. Les services du renseignement danois (PET) avaient estimé, pour leur part, que les menaces terroristes contre les intérêts danois au Danemark et à l'étranger s'étaient encore accrues après la reproduction des caricatures du prophète Mohamed.