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GHARDAÏA: Des nuits animées

par Aïssa Hadj Daoud

Le mois de ramadhan touche à sa fin. Cette année encore, malgré le raccourcissement de la nuit, les Algériens ont profité de leurs soirées. Leurs occupations demeurent, cependant, variées. Une a deux heures après le ?f'tour', les rues se remplissent et la vie nocturne du ramadhan reprend pour durer jusqu'à l'aube. Le soleil est sur le point de se coucher et pas un chat ne traîne dans les rues. C'est ramadhan ! Et à cette heure précise, les quartiers de Ghardaïa ressembleraient presque à des cités fantômes : on croirait être sorti à cinq heures du matin d'une journée ordinaire, à ces moments, on peut, enfin, vivre des instants paisibles, loin des bruits de voitures, de motos et des embouteillages qui parasitent la ville en permanence. Que celui qui a décidé de sortir au moment où tous soient rentrés pour rompre le jeûne, profite bien de ces instants de tranquillité, car en ce mois saint, la majorité choisit aussi le même moment pour ressortir. En effet, il ne suffira d'attendre qu'une ou deux heures pour que toutes les grandes villes, en particulier, se remplissent à nouveau et que la vie nocturne de ramadhan reprenne pour durer jusqu'à l'aube.

En cette période estivale, les couche-tard exploitent la nuit au maximum, et ils sont nombreux. A Ghardaïa, les routes deviennent congestionnées, particulièrement aux carrefours. A partir de 21h, il faut compter au moins une demi-heure de plus que d'habitude pour s'y rendre, et s'attendre à être harcelé par une multitude d'enfants mendiants (sub-africains) profitant de l'embouteillage pour demander l'aumône aux automobilistes. Sur les rues commerçantes «Bajri et Ibn Roston», familles, amis et jeunes couples se baladent avec une profusion étonnante si on fait une comparaison par rapport aux sorties nocturnes du reste de l'année. Les cafés constituent les destinations les plus prisées de ces nuits ramadhanesques. Certains proposent des jeux de société ou de dominos, pratique particulièrement courante chez certains retraités ghardaouis, après le ?f'tour'. Certains espaces invitent des petits groupes de chants traditionnels, d'autres, plus extravagants, misent leur ambiance sur des comptes et devinettes sur les coins de rues. Dans les magasins d'habillement, la clientèle est diverse. On en voit de tous les âges, parfois même des familles entières. Le coût de ce qui est proposé est le seul critère qui pousse une personne à aller dans tel endroit plutôt qu'un autre répartissant ainsi les noctambules selon leur catégorie sociale. Il arrive que le prix d'un habit soit doublé dans certains lieux, peut-être en raison de la forte demande en cette période des préparatifs de l'Aïd. Le mois de ramadhan est aussi le seul où on peut faire les magasins à minuit. A Ghardaïa, l'endroit phare de l'année est évidemment la rue Ibn Rostom, dite «Egag-Ejdid», où les magasins restent ouverts jusqu'à 1h30 du matin. Durant cette dernière semaine du mois sacré, ces derniers restent ouverts jusqu'à l'aube. Par ailleurs, les nuits de ramadhan témoignent, aussi, d'un afflux massif vers les mosquées. Beaucoup préfèrent profiter de la nuit pour se rapprocher d'Allah (Le Tout-Puissant) et s'y rendent pour la prière d'el Ichaa et les ?tawarihs'. Mais c'est la veille du 27ème jour du ramadhan que les mosquées rassemblent le plus de fidèles, «leylat el qadr». Cependant, si certains aiment sortir, d'autres préfèrent passer la soirée à la maison. Dans cette catégorie, il y a ceux qui optent pour la piété en pratiquant «Quiam Allaïl», ce qui revient à faire la prière et à lire le Coran tout au long de la nuit. Pour d'autres, c'est l'occasion d'inviter d'autres membres de la famille pour avoir de leurs nouvelles. Les plus solitaires s'occupent du mieux qu'ils peuvent, en attendant le dîner, avec évidemment le classique des chaînes télévisées arabophones qui, comme toujours, en cette période regorgent de feuilletons.