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Les marchés pris d'assaut

par A. Zerzouri

Les consommateurs se jettent têtes baissées dans les bras des spéculateurs. C'est l'image reflétée par cette masse impressionnante qui a pris d'assaut les marchés durant ces deux derniers jours. On n'a pas dérogé à la règle qui veut qu'à la veille de chaque Ramadhan, les ménages s'inscrivent automatiquement dans une course contre la montre pour préparer la table du f'tour. Ainsi, la tête pleine d'imagination, un tas de sachets alourdissant les bras et des sueurs qui tombent sur les fronts, la foule offre un spectacle de fin du monde. « C'est le typhon qui est passé sur les boucheries », ironise un jeune homme en passant hier devant les devantures de frigos vides. Qu'importe la hausse des prix de la viande, blanche et rouge, pourvu qu'on puisse dégoter un joli morceau à placer dans le congélateur. Passé 11 heures, pas un morceau de viande n'est resté sur les étals des vendeurs informels de Souika, approvisionnés en viandes à partir de l'abattage clandestin et qui écoulent leur marchandise à des prix raisonnables. D'où la ruée des consommateurs dans les ruelles de la vieille ville, lesquels aussi paradoxal que cela soit, n'aiment pas les brigades de contrôle, tout autant que les vendeurs informels eux-mêmes. « Ce sont les consommateurs qui avertissent les vendeurs informels de notre présence sur les lieux afin de leur permettre de cacher leur marchandise avant notre passage, je ne comprends plus rien !», nous a confié avec un grand étonnement un contrôleur des services d'hygiène de la municipalité. C'est ce même consommateur qui fait flamber les prix avec ses mauvais réflexes et viendra au tournant se lamenter sur la cherté des produits et verser des critiques acerbes contre commerçants et spéculateurs. La pression forte de la demande a, ainsi, entraîné une hausse sensible dans la courbe des prix. Achat à l'excès, stockage de lait et de produits alimentaires dans les congélateurs domestiques, transformés en chambres froides, des marchés grouillant de monde de bonne heure, car il ne faut pas se risquer à faire ses courses dans l'après-midi, rien ne sera laissé chez le marchand, c'est le marché en folie.