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![]() ![]() ![]() Le président tchadien persiste, Paris doute, Alger ne confirme pas: Confusion persistante sur la mort présumée de Belmokhtar
par Salem Ferdi ![]() Le président tchadien Idriss Deby persiste et signe: Abou Zeïd et Mokhtar
Belmokhtar ont été tués dans des combats dans le nord du Mali. Et s'il ne les
montre pas, c'est par respect des «principes de l'islam». L'argument est
spécieux et entretient la confusion sur les informations distillées par les
Tchadiens - qui enregistrent de lourdes pertes - mais qui ne sont pas
confirmées par les responsables français. La confusion est accentuée par le
fait que les images des cadavres diffusés par RFI pour Belmokhtar et par Paris
Match pour Abou Zeïd? sont les mêmes. Ce sont deux photos de qualités
différentes du même cadavre. «Deux morts pour un seul cadavre», a titré, de
manière pertinente, un blog dans le journal le Monde qui fait une comparaison
entre les deux clichés. Il y a plus de certitude sur la mort d'Abou Zeïd que
celle de Belmokhtar. Pour Abou Zeïd, le site mauritanien Sahara Médias, qui a
des canaux directs avec les djihadistes, a cité des sources qui confirment sa
mort dans un raid aérien français survenu après un accrochage violent avec les
troupes tchadiennes. Le même site affirme par contre que Belmokhtar, le borgne,
était toujours vivant et qu'il ne se trouvait pas dans les montagnes des
Ifoghas, mais dans la région de Gao.
PARIS NE CONFIRME PAS Cette même source annonce que Belmokhtar va se manifester prochainement pour «démentir les allégations du président tchadien». Le «respect des principes de l'islam» avancé par Idriss Deby est en tout cas difficilement recevable. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est resté très circonspect. Il a indiqué hier mardi que la France est toujours à la recherche «d'éléments de preuve» sur la mort d'Abou Zeïd et Mokthar Belmokhtar. Il a surtout mis en doute le fait de la photo du cadavre présumé de Belmokhtar diffusée par RFI (qui l'a obtenue auprès des Tchadiens). «Je ne suis pas certain que ce soit lui», a-t-il déclaré. «Si le président tchadien peut nous donner tous les éléments de preuve, tant mieux. Nous sommes en recherche des éléments de preuve sur l'un et sur l'autre. Si leur mort était confirmée, ce serait une très bonne nouvelle, mais ça ne règlerait pas tout». Le président tchadien avait réitéré lundi ses affirmations dans un discours télévisé. «Deux des chefs terroristes - Abou Zeïd et Mokhtar Belmokhtar - qui écument le Nord Mali ont trouvé la mort lors des affrontements qui ont eu lieu le 22 février et 2 mars (...) au Nord Mali, entre les forces armées tchadiennes et les islamistes», a-t-il indiqué. «C'est par respect des principes de l'islam que les dépouilles de ces deux terroristes n'ont pu être exposées. C'est sur cette base que je peux répondre au ministre français de la Défense?». ARGUMENT SPECIEUX En réalité, il n'est pas nécessaire d'exhiber les cadavres pour permettre une authentification de leur identité par les pays qui les connaissent. Ni Paris, ni Bamako, ni Alger n'ont confirmé pour l'instant. Le ministre algérien de l'Intérieur, Dahou Ould Kablia, a estimé qu'il revenait à la France et au Mali d'authentifier ces informations. Le ministre tchadien des Affaires étrangères a laissé implicitement entendre que les Français s'abstiennent de confirmer la mort des deux chefs djihadistes pour des raisons liées au sort des otages. «Il n'y a pas de tension (entre Paris et N'Djamena). Je ne veux pas ajouter une polémique. Laissons le temps. Nous comprenons. C'est un théâtre (d'opérations), il y a des otages, notre objectif est de tout faire pour les libérer sains et saufs. Ce sont des questions militaires, je ne veux pas commenter». Sur le terrain des opérations, la France a annoncé qu'une quinzaine de «terroristes» ont été tués dans la nuit de lundi à mardi dans des combats dans le nord-est du Mali. Selon le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, plusieurs dizaines de combattants islamistes ont été tués au cours des derniers jours dans cette zone montagneuse de l'Adrar des Ifoghas. Un 3e militaire français y a été tué samedi. Par ailleurs, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) a demandé au procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d'ouvrir une enquête sur «les crimes qui auraient été commis par l'armée malienne». «Les avocats du MNLA ont demandé au procureur de la CPI d'enquêter sur les crimes qui auraient été commis par l'armée malienne à l'encontre des membres des groupes ethniques peuls, touareg, arabes, et songhai dans les environs de Tombouctou, Douentza, Gao, Sévaré, Boni, et Konna», a indiqué le mouvement. |
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