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Affaire des pots-de-vin : Le ministre de l'Energie parle de «Sonatrach 2»

par Moncef Wafi

Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, s'est prononcé, hier, et apparemment pour la première fois sur les révélations «italiennes» sur ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire «Sonatrach 2».

Sans révéler des secrets ni annoncer un scoop, l'intervention du ministre est le premier son de cloche officiel qu'on entend sur ce nouveau scandale. Pour rappel, la presse italienne a révélé, dès jeudi 7 février, que le parquet de Milan a ouvert une enquête sur le directeur général du groupe italien Eni, Paolo Scaroni, dans le cadre d'une affaire de pots-de-vin qui auraient été versés par sa filiale Saipem à des dirigeants algériens ainsi qu'à leurs intermédiaires en échange de contrats obtenus par cette dernière en Algérie. La presse algérienne qui s'est saisie de l'affaire a fait réagir, dans un premier temps, la justice algérienne qui, par le truchement du procureur général près la cour d'Alger, Belkacem Zeghmati, avait déclaré, le dimanche 10 février, qu'une information judiciaire dans le cadre de l'affaire dite Sonatrach 2 avait déjà été ouverte auprès du pôle pénal spécialisé de Sidi M'hamed. Cette précision du parquet intervient, selon l'APS, suite aux informations publiées par la presse faisant état de «l'implication de personnalités algériennes dans des faits à caractère pénal et plus précisément de corruption lors de l'exercice de leurs fonctions au sein des institutions de l'Etat». Le communiqué de la justice fait savoir également que le parquet de la République a requis, par le biais de réquisitions supplétives, le juge d'instruction en charge du dossier pour l'élargissement du champ des investigations à ces faits nouveaux.

M. Yousfi, invité du quotidien Ech-Chaab, a ainsi affirmé que «des instructions très fermes ont été données aux entreprises pour défendre leurs intérêts et pour poursuivre toute personne susceptible d'avoir agi contrairement aux intérêts de nos entreprises». Un feu vert donné à ces entreprises de se constituer partie civile pour peu que les affaires citées soient confirmées. Le ministre de l'Energie et des Mines l'a d'ailleurs clairement souligné puisque, s'agissant de l'affaire Sonatrach 2, des mesures nécessaires ne seront prises que «lorsque la justice aura terminé son travail et que ces affaires soient confirmées et avérées». Il a aussi annoncé que l'Etat combattra «la corruption avec la plus grande détermination». Selon la presse italienne, le marché conclu en 2007 entre la compagnie nationale Sonatrach et l'italienne Saipem, filiale du groupe Eni, portant sur un montant de 11,3 milliards de dollars, a été entaché par des commissions payées par les Italiens et évaluées à près de 1,7% du montant du contrat. Une partie des commissions versées à «de hauts responsables algériens» aurait transité par Hongkong avant de revenir en France ou en Suisse. Les médias italiens n'ont pas cité de noms, mais ils avancent que plusieurs enquêtes sont simultanément en cours à Milan et à Rome. L'enquête pourra même se prolonger en Algérie et en France surtout si l'on sait qu'une partie de la transaction aurait été conclue dans un hôtel parisien.