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Benachenhou préconise la révision des prix et des subventions

par M. Aziza

L'ancien ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou a affirmé, hier, que le chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika et son équipe ont pu, après 15 ans au pouvoir, accomplir une partie de la mission qui consiste à «recoudre la société algérienne après la décennie noire». Mais, ajoute-t-il, ce qui n'est toujours pas assuré c'est le deuxième volet de la mission qui consiste à «recoudre la société algérienne, en préparant son avenir».

La mission du chef de l'Etat, a été basée, dans son premier aspect sur le «rattrapage infrastructurel et renforcement de la lutte contre la pauvreté» explique-t-il , «ça c'est le premier aspect de la mission du chef de l'Etat, qui a été fait». Il précise «le deuxième aspect c'est en même temps qu'on recoud un pays, on prépare son avenir».

Pour cette question qui consiste à préparer l'avenir, le chef de l'Etat et son équipe «ont fait beaucoup entre l'année 2000 et 2006 ». Et pour la relance de l'investissement productif «des choses ont été faites, beaucoup de choses ont été démocratisées, mais ça reste insuffisant parce qu'on a des possibilités et qu'on demande plus» a-t-il souligné.

Benachenhou se dit convaincu que la relance de l'investissement productif est à notre portée. Elle est, selon le conférencier, au point mort. Il argumente «avec un taux d'épargne de 45 à 50 % et sur un taux d'investissement de 33 % du PIB, seuls 2% sont consacrés à l'investissement productif propre», a-t-il regretté, en estimant qu'il n'est pas normal que la protection sociale précède la croissance.

L'ancien ministre préconise un débat sérieux pour permettre à l'Algérie de se classer en division Une, économiquement, et se permettre une place parmi les pays émergents. Pour faire sortir l'Algérie de cette impasse, le conférencier préconise, une attention particulière pour redresser le secteur de l'Energie. Il réclame un débat et une discussion sérieuse sur le secteur, car selon sa conception des choses «actuellement, le secteur est en face d'une crise de spécialisation classique internationale». Il explique «pour le pétrole, la crise en volume, vécue depuis 2006, a été cachée par la hausse des prix, mais pour le gaz, la crise concerne, à la fois, le volume et les prix».

Le conférencier invite les experts à débattre sérieusement cette question avec la possibilité de diversifier la clientèle qui, contrairement au pétrole, le secteur gazier compte seulement 4 clients dont 3 sont déjà malades.

Il décortique, en soulignant que l'Algérie exporte 44 % de son gaz vers l'Italie, 28 % vers l'Espagne, 12% vers la France et 8 % vers la Turquie. «Si la Turquie est en bonne santé en matière de croissance, la France est à 0% avec une prévision de 0,3% de croissance. L'Italie est en récession avec 3,9 % et l'Espagne avec -5%, d'où la nécessité de diversifier notre clientèle».

Il propose également, la reconquête du marché local en misant sur la production agricole et la production agro-alimentaire en précisant «qu'il n'est pas normal que l'Algérie ait les plus faibles rendements agricoles de la Méditerranée».

Benachenhou est pour la révision des prix et des subventions

Pour l'ancien ministre des Finances, il est tout à fait clair que «sans révision des prix et des subventions, la relance à l'investissement productif est un mythe». Benachenhou s'est dit pour une refonte des prix et des subventions, en précisant que cela peut se faire, avec la contribution des experts, sans toucher à la stabilité et la paix sociale. Mieux, il affirme que «la paix sociale est compatible avec la refonte du système des prix et des subventions».

Cette nécessité de revoir les prix et les subventions permettra, selon le conférencier, à Sonelgaz, à titre d'exemple d'investir sur ses propres fonds. Il fait savoir qu'aujourd'hui, la Sonelgaz est perdante sur toute la ligne. «Il n'est pas normal que les 10 % d'abonnés de Sonelagaz consomment 40 % de la production». Il cite également le cas de Naftec qui a été réabsorbée par Sonatrach, du fait qu'elle n'a pas pu investir depuis 25 ans, en raison des marges insuffisantes.

L'ancien ministre conclut en précisant que l'économie c'est une chose sérieuse et une science lugubre «ce que tu ne payes pas aujourd'hui, tu le payeras demain», dira-t-il.

«Des dérèglements d'entreprises et à Sonatrach, il y en a eu depuis 1965» «Je ne veux pas me mêler de cette histoire ni de près, ni de loin, ce que je dis des dérèglements d'entreprises, à Sonatrach et ailleurs, il y en a eu depuis 1965» : telle est la réponse de Benachenhou, au sujet de l'affaire dite Sonatrach 2. L'ancien ministre affirme que personne ne peut se prononcer sur cette affaire puisqu'elle est encore au stade de l'enquête, mais il a annoncé son intention d'écrire un livre sur Sonatrach.