
On aurait dit un scénario écrit par Hitchcock en personne entre trois équipes
du groupe A qui, au gré de l'évolution des scores dans les deux stades de
Durban et de Port Elisabeth, sont passées de l'euphorie à l'abattement et
vice-versa. Finalement, les Bafana Bafana et les Capverdiens ont eu le dernier
mot, au grand désappointement de leurs adversaires, et plus particulièrement
les Marocains. L'exploit historique, c'est celui du Cap- Vert qui, après sa
qualification inattendue à ce rendez-vous continental, continue d'aligner les
exploits en se qualifiant pour les quarts de finale avec le même nombre de
points que l'Afrique du Sud, laissant sur le carreau ses deux rivaux, le Maroc
et l'Angola. Lorsqu'on assiste à de telles performances, on se demande si la
donnée démographique, si chère à certains observateurs, a encore un rôle à
jouer. Car enfin, considérée au départ comme un handicap, ce paramètre n'a pas
pesé lourd. Géographiquement, le Cap-Vert est un lilliputien comparé aux
«géants» algérien et marocain qui, eux, viennent de sortir par la petite porte.
Le Cap-Vert, c'est un jeune entraîneur aux conceptions saines.
Certes, ce n'est pas un «intello» du tableau noir, ce contrôleur aérien a été
désigné par sa fédération après avoir obtenu de remarquables résultats avec
l'EN espoirs de son pays. Pari gagnant, puisque Lucio Antunes a conduit son
équipe en quarts de finale, un résultat que nul Capverdien n'aurait imaginé
dans ses rêves les plus fous. Cette équipe, outre son enthousiasme, possède un
fond de jeu absent chez certaines prétendues grosses cylindrées. On se souvient
qu'elle a inquiété le pays organisateur dans son jardin à Johannesburg ainsi
que le Maroc à Durban. C'était des avertissements dont les deux éliminés,
l'Angola et le Maroc, n'ont pas tenu compte. On suivra bien évidement avec
attention le prochain match de cette équipe où les Suarès, Varela, Nivaldo et
Heldin ont apporté une fraîcheur dans une compétition où les tactiques
bétonnantes sont toujours d'actualité. Quant aux Marocains, ils ne doivent s'en
prendre qu'à eux-mêmes. Ils ont d'abord démontré leur supériorité technique et
manœuvrière face à des Bafana Bafana qui ont confirmé leurs limites dans ce
domaine. C'est donc en toute logique si les «Lions de l'Atlas» furent
récompensés par un but signé El-Adoua d'une belle reprise de la tête. C'est en
seconde période que la situation s'est décantée. Comment et pourquoi ? De
bonnes âmes auraient fait remarquer au coach du Maroc, Rachid Taoussi, qu'il
avait pris trop de risques face au Cap-Vert mercredi passé, en alignant au
milieu cinq joueurs offensifs contre un seul récupérateur El Ahmadi. Taoussi a
cru bien faire, pensant que le onze capverdien était une proie facile. Eh bien,
il s'est trompé, car son équipe était constituée de deux «blocs» avec un «vide»
au milieu dont les Capverdiens se sont emparés. Il a rectifié le tir en retard,
en incluant Chafni et Belghezouani. Contre l'Afrique du Sud, il a titularisé
El-Adoua (l'auteur du but) au milieu, alors qu'il formait l'axe central avec
Benattia lors des deux premiers matches contre l'Angola et le Cap-Vert. Ainsi,
et après avoir trop joué avec le feu, les Marocains se sont brûlés. Trop
repliés dès la reprise, les coéquipiers d'El-Arabi ont retrouvé leur football
pendant une courte période avant d'opter uniquement pour les contres, une arme
où la réussite est indispensable. De la première, le Maroc est passé à la
troisième place en concédant l'égalisation de Mahlangu (70').
Douze minutes plus tard, il occupait de nouveau le premier rang après le
but de Namli (82'). Mais quatre minutes après la réalisation du Sud-Africain
Sangven, les Marocains sont passés à la trappe. En dépit des arrêts qu'il a
effectués, il est certain que le gardien de but Lamayghri n'est pas exempt de
reproches. Dimanche, tant à Port Elisabeth, on a assisté à de beaux spectacles,
du bon football, à des rebondissements sensationnels et, surtout, à l'exploit
historique des Capverdiens, véritable révélation de cette 29e édition de la CAN
2013. De tels spectacles, on en redemande !