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Opinion :
Le commerce du «cabas», les importations «sans paiement», le dinar et les réserves de change
par Amar Tou* ![]() En exécution de l'ordre donné
le 18 mai 2025 par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour régulariser la situation des jeunes
micro-importateurs informels ou exerçant, selon le langage populaire usuel, le
commerce dit du «cabas», le décret exécutif de mise en œuvre de cet ordre vient
de paraître en date du 28 juin 2025.(1)
Il fixe les conditions et les modalités d'exercice de l'activité de micro-importation par l'auto-entrepreneur, appellation que lui attribue la régularisation consacrée par ce décret exécutif. Nous sommes, alors, devant un enrichissement de l'activité des importations dites «sans paiement» comme palliatif complémentaire qu'inventa et réglementa l'instruction n°06-91 du 17 octobre 1991 fixant les conditions et les modalités de règlement des importations dites «sans paiement» de marchandises réalisées dans le cadre des articles 40 et 41 de la loi de finances complémentaire pour 1990 quand l'Algérie, victime de son effondrement économique en 1986 et, devant le laminage des prix de pétrole, de ses réserves de change et un endettement extérieur de plus de 18 milliards de dollars, dut s'incliner devant les Institutions financières internationales (le FMI et la Banque Mondiale) qui lui dictèrent, sous conditions à la limite de l'acceptable, le rééchelonnement de sa dette extérieure en 1991 et 1995. Elle fut soumise, à cet effet, aux pires des conditionnalités économiques et sociales qui, à nos jours, entachent, de manière profonde, la structure et le niveau de sa richesse nationale (le PIB). Le but de la présente contribution n'est pas de revenir sur les nobles raisons d'insérer une jeunesse dynamique fort entreprenante, dans un cadre réglementaire, mais de traiter licitement de cette réelle activité dans son impact sur la valeur de la monnaie nationale dans le marché parallèle et sur les niveaux des réserves de change du pays, au côté de l'activité «importations sans paiement» qui, elle, fut réglementée dès 1991 comme nous venons, tout juste, de le rappeler et dont nous traiterons en premier lieu. D'évidence, dans ce tableau noirâtre, s'aggrava la dépendance du pays des importations en général et s'imposa le recours aux importations dites «sans paiement,» mais qui ne devait être, transitoirement, qu'une bouffée d'oxygène en attendant le sauvetage et la promotion de la production nationale pour satisfaire, à un niveau raisonnablement convenable, les besoins du marché intérieur. Le commerce dit «du cabas», s'y inventa et y contribua, de manière spécifique, à une échelle non encore précisément mesurée, comme activité clandestine que le président de la République, comme ci-haut indiqué, vient de faire régulariser. Devant la chute des prix de pétrole de ces derniers mois de l'année 2025, en dehors du relèvement spectaculaire mais paraissant éphémère de ces derniers jours à la suite de l'agression israélienne contre l'Iran, le desserrage budgétaire, est, désormais, par acquis de conscience, hautement surveillé par les plus hautes autorités du pays ; notamment par une pondération à la baisse, des importations concurrentes de la production nationale ou ceux dont l'utilité sociale est négligeable ou, encore, ceux dont la satisfaction admet un certain échelonnement dans le temps ; même au grand besoin, les importations qui sont financées sur devises propres logées dans les comptes devises «particuliers,» que régit l'instruction n°06-91 du 17 octobre 1991 sus-rappelée. Ces devises, en plus de la contrevaleur des exportations éventuellement réalisées par les importateurs-exportateurs, sont généralement procurées par le recours aux dinars sur le marché parallèle des devises. Celles-ci, étant rares, il faudrait mettre toujours davantage de dinars pour se les procurer. C'est une autre raison qui explique le flottement permanent du dinar dans le sens de la baisse ou dépréciation, sur le marché parallèle de change ou marché «noir». Cette dernière forme s'est accélérée eu égard à un encadrement salvateur, de plus en plus serré, quant à l'accès aux devises de la Banque d'Algérie eu égard au net recul du prix de pétrole par rapport à son pic de 2022. La création en août 2023 du Conseil supérieur de régulation des importations devant réguler les importations et proposer toutes mesures, à cet effet, dans le but de protéger la production nationale qui, à terme, devra, dans une large mesure, se substituer aux importations.(2) Ce Conseil devra, également, proposer toutes mesures de nature à améliorer le système d'informations liées à la détermination des besoins du marché national ainsi que toutes mesures à lutter contre les pratiques commerciales illégales à l'importation. C'est une autre raison qui explique le flottement permanent du dinar dans le sens de la baisse sur le marché parallèle de change. Cette dernière forme est appelée à s'accélérer, eu égard à un encadrement salvateur de plus en plus serré quant à l'accès aux devises de la Banque d'Algérie. Certaines importations de certains intrants industriels de peu d'utilité sociale, devraient être renvoyées vers la formule des importations dites «sans paiement» en admettant, transitoirement, des désagréments chez les importateurs émargeant aux devises achetées à la Banque d'Algérie ou aux banques commerciales ; car il y va de la sauvegarde de la souveraineté du pays. Même si, sur le marché parallèle (marché noir), la contrepartie en dinars pour un euro et pour un dollar continuera à en subir les contrecoups. En effet, cette contrepartie est déjà passée, pour un euro, de 213 dinars le 18 octobre 2021 à 260 dinars à la date du 12 juin 2025. Pour un dollar, elle est passée dans le même intervalle de temps, de 180 dinars à 235 dinars. Logiquement, ces importations (sans paiement) qui ont été retenues dans la loi de finances complémentaire pour 1990 comme «levier,» raisonnablement pragmatique, pour satisfaire deux exigences contradictoires : pallier l'insuffisance des devises tout en maintenant disponible l'essentiel des biens à la production nationale et à la consommation sur le marché intérieur, sont, malheureusement, toujours là pour les mêmes préoccupations, d'autant que, en plus du lourd passif économique et financier à obligatoirement rattraper, les aspirations de développement du pays sont, depuis 2020, beaucoup plus ambitieuses. Le tout exige, au besoin, un soutien aux cours du pétrole en moments de vaches maigres pour éviter de retomber impuissants dans les grandes dépressions financières tout en s'accommodant d'une inflation gérable ; le FMI projetant au vert tous les indicateurs économiques et financiers de l'Algérie pour 2025 et en nette amélioration par rapport à ceux des années 2022, 2023 et 2024. (3) C'est autant de marges de sécurité pour sortir des importations de la case à couvrir par les devises achetées à la Banque d'Algérie pour les loger dans la case des importations dites «sans paiement» qui, elles, sont financées sur comptes devises «particuliers» des importateurs accrédités. Car le rapport de la Banque Mondiale du printemps 2025 qui confirma les satisfaisantes performances de l'économie algérienne, le fit sur un cours du pétrole «Brent» qui était en moyenne supérieur à 70 dollars/le baril ; le taux de croissance pour 2024 ayant été de 4,8% hors hydrocarbures (croissance dite robuste tirée par les secteurs extractifs et par les investissements publics), contre une prévision de 3,5% et le taux d'inflation n'ayant été que de 4,0% contre un taux de 9,3% connu en 2023. (4) Le taux de chômage, lui aussi, fut, le 10 mars 2025, révisé à la baisse par l'Office national des statistiques (ONS) ; le ramenant de 12,7% à 9,7% pour l'année 2024. Le recours rampant à ces importations (sans paiement), ne serait pas étranger à cette brusque dégradation de la valeur relative du dinar sur le marché parallèle. Le contrepoids au resserrement inévitablement salutaire des crédits en devises achetées à la Banque d'Algérie pour couvrir les importations, s'avère incontestablement indispensable. Autrement, une abrupte asphyxie menacerait l'économie algérienne. Il est vrai qu'il s'agit d'une soupape de sécurité peu orthodoxe, mais, transitoirement, elle est fort protectrice contre le naufrage massif de l'économie nationale. Même si le sauvetage a très bien réussi en 2020/2021, celui-ci serait difficilement reconductible. Mais il demeurerait, au besoin, le temps de la traversée, sans grands accros, de l'étape fatidique «2025-2027,» un recours inévitable si la dépression des prix du pétrole persistait ; le tout étant sans remettre en cause l'esprit de sortie de l'immobilisme que combat la nouvelle loi monétaire et bancaire (n°23-09 de juin 2023). L'exemple de l'importation des voitures de moins de trois ans, en constitue, à cet égard, une avancée perfectible et extensible à d'autres importations en regard des rassurances quant aux rentrées en moyens de paiements extérieurs du pays et qui devront le protéger contre le retour des malheurs de tout retournement possible du marché pétrolier. La chute du cours de pétrole que vit le marché pétrolier jusqu'au 12 juin 2025, en constitue un avertissement à ne pas sous-estimer, même après un heureux et subit redressement du cours à la faveur de la conjoncture exceptionnelle née de l'agression israélienne contre les installations nucléaires iraniennes à compter de la nuit du 13 juin 2025. Mais ce redressement conjoncturel semble sérieusement s'estomper depuis l'arrêt des hostilités israélo-iraniennes comme nous le verrons ci-après. En dépit des restrictions drastiques à compter de 2020 des budgets en devises alloués aux importations par la Banque d'Algérie, par réaction trop tardive à la chute des réserves de change liée à l'effondrement des cours de pétrole qui, elle, était réelle et permanente de juin 2014 jusqu'au début de leur redressement progressif moyennement satisfaisant et ce, à compter de la fin 2021 et tout particulièrement à compter du mois de janvier 2022. Ceci en dépit de leur profond recul d'une moyenne de 100,76 dollars/le baril en 2022 à un cours qui avait atteint un fond de 59,74 dollars/le baril le 5 mai 2025. Heureusement, des questions de sécurité de navigation sur le détroit d'Ormuz dans le Golfe arabique, provoquèrent un léger redressement du cours du baril de pétrole «Brent» qui le porta à 62,719 dollars/le baril le 30 mai 2025 et à 66,57dollars/le baril le 11 juin 2025. L'agression israélienne contre l'Iran sus évoquée, porta ce cours à 76,79 dollars/le baril en date du 16 juin 2025, à 72,40 dollars/le baril en date du 21 juin 2025 et à, seulement 66,44 dollars/le baril le 30 juin 2025. Nos anticipations sont plutôt craintives avec les prévisions de différentes sources spécialisées pour le restant de l'année 2025 qui projettent, en moyenne, un cours instable variant entre 60 et 70 dollars/le baril si, toutefois, les hostilités israélo-iraniennes ne reprenaient pas. Le redressement de ces cours (de pétrole) enregistré à compter de la fin de l'année 2021 constituait certes, une source d'apaisement financier et budgétaire du pays, mais aussi et surtout, une source d'une meilleure visibilité quant à la mise en œuvre idoine du programme de développement économique et social que l'Algérie s'était tracée pour le moyen et long terme. Ce programme qui fut engagé en réalisation depuis lan 2020 avec une actualisation, en plus ambitieux en 2024 à l'occasion des élections présidentielles du 7 septembre 2024, commençait, malheureusement, déjà à compter de décembre 2022, à sentir les effets de la profonde dépression des prix du pétrole. Mais étonnement, l'observateur ne se pose pas la question sur le secret de la permanence de la disponibilité globalement satisfaisante, des biens et services sur le marché algérien et ce, malgré la chute des rentrées de devises conséquente de la chute des cours de pétrole. Il ne se pose pas, non plus, de questions sur la disponibilité quasi permanente des réserves de change de l'ordre de 68-70 milliards de dollars (hors stock d'or de 173,6 tonnes) couvrant de façon permanente, quelques 16 à 18 mois d'importations, sauf tout récemment où la chute des prix de pétrole s'est aggravée. Le consommateur, lui, continue à y être satisfait selon ses goûts et au niveau de sa bourse ; la notion de biens et services d'utilité sociale spécifique à chaque bourse semblant de plus en plus s'affirmer. Les autorités du pays paraissent ainsi se rendre à l'évidence d'un divorce «soft» avec l'égalitarisme aveugle de tous les citoyens devant tous les biens et services quelle que soit la différence de leurs bourses et quel que soit le niveau de l'utilité sociale de ces biens et services. Toutefois, la prudence y est de mise en imposant le passage par le système bancaire, c'est-à-dire par des «comptes devises «particuliers,» ouverts auprès des banques commerciales (banques primaires) même si cette obligation pouvait être reconsidérée, au profit d'une meilleure cohérence avec les assouplissements procéduriers qui sont en cours d'introduction ; le système bancaire, l'administration des douanes et le système fiscal, continuant, quant à eux, à exercer leurs pleines prérogatives institutionnelles sur ces importations sans «paiement». Les biens qui, à un moment donné à la fin de 2019 et au début de 2020, commençaient à se faire cruellement rares sur le marché et sur les étals des grandes surfaces, refirent abondamment surface. Les rares «récidives,» furent vite rattrapées. Les mécanismes de régulation tant à l'importation qu'à l'exportation, déjà opérationnels ou en cours d'installation, devraient apporter les améliorations attendues si on leur assurait les outils nécessaires à l'accomplissement de leurs missions. Le secret de cette satisfaction est le recours aux importations «sans paiement», c'est-à-dire le recours, par les importateurs, aux devises en circulation sur le marché parallèle de la devise. Ce marché devient ainsi plus que salvateur. Les importateurs de tous biens y font recours. Les biens destinés à la consommation directe, les équipements de production, les biens semi-produits y compris les biens de très faible utilité sociale ou d'utilité sociale relativement négligeable, y émargent également. On parle, alors, d'un marché parallèle (ou marché noir) de la devise qui s'active démesurément et les importateurs de tous biens et services y activent proportionnellement à la disponibilité des devises. Celles (les devises) qui y sont échangées atterrissent, pour les importateurs, dans leurs comptes bancaires devises «particuliers» pour être légalement utilisés pour leurs importations. L'apparition de ventes «au poids ou au kilo,» des effets vestimentaires importés selon ce procédé, confirme l'existence de ces importations «sans paiement» où l'on peut, également, imaginer une autre forme de marché informel de la devise qui échappe à tout contrôle ou suivi officiel. Ces ventes sont sur toutes les langues et dans l'entourage familial. Elles sont pratiquées dans des locaux commerciaux à adresses fixes et à publicité numérique efficace. C'est une manière de «régulariser» le marché parallèle de la devise que nous avons, dans une contribution spécifique, préposé de transitoirement nommer «marché informel autorisé» des devises. (5) Le glissement continu du dinar (baisse de la valeur relative du dinar) est profond sur le marché parallèle (marché noir) auquel font appel les importations «sans paiement», comparativement aux devises vendues par la Banque d'Algérie aux importateurs «accrédités» qui, elles, sont stables et connaissent même, conjoncturellement, de légères baisses. La demande sur la devise du marché parallèle (le marché noir) destinée aux «importations sans paiement», augmente par voie de conséquence. Les besoins en dinars pour l'acquisition de ces devises pour ces importations «sans paiement», les importations du «cabas» et d'autres spéculateurs telle la remise des dinars en Algérie contre une remise des devises à l'étranger pour blanchir et les dinars et les devises mal acquis, démesurément augmentent par voie de conséquence. La loi de l'offre et de la demande sur la devise, normalement dévalue la parité du dinar ou consacre une dévaluation de fait. C'est ce que nous vivons depuis l'apparition de la double parité du dinar admise pour l'Algérie même par les Institutions financières internationales, dès le début des années 1990 jusqu'à nos jours. C'est la tendance «soft» à la vérité du fait accompli «économico-monétaire» que nous connaissons depuis les fortes dévaluations formelles des décennies 1980, 1990, 2000, 2010 jusqu'à l'année 2020 qui virent, à titre d'exemple, le dollar globalement s'échanger officiellement à 4,21 dinars en 1980 ; 44,61 dinars en 1995 ; à 76,87 dinars en 2000 ; à 107,27 dinars en 2015 à 132,07 dinars en 2020 et à 136,24 dinars au 22/28 juin 2025. De même, l'euro s'échangeait officiellement à 71,53 dinars en 2000 ; à 116,79 dinars en 2015, à 161,31 dinars en 2020 et à 156,29 dinars au 22/28 juin 2025. Sur le marché parallèle (le marché noir), le même phénomène d'évolution est observé toujours à l'avantage de la devise avec un écart entre le marché officiel et le marché parallèle de l'ordre de 66,36% pour l'euro/dinar et de 72,50% pour le dollar/dinar calculés pour le 12 juin 2025 et qui, globalement, se vérifient à tout moment. Ce processus ne s'arrêterait qu'au moment où les parités officielle et parallèle du dinar, économiquement s'égaliseront ou presque ; c'est-à-dire quand les exportations de l'Algérie hors hydrocarbures égaliseront ses importations de même ordre et/ou quand l'offre des devises de la Banque d'Algérie à toutes les importations, sera librement accessible aux importateurs sans risque de déséquilibre structurel de la balance des paiements du pays, en exclusion, toutefois, de toute surfacturation des importations et/ou sous-facturation des exportations par avidité des rapaces et incorrigibles importateurs et exportateurs. Il paraît, ainsi, nécessaire, pour tenir compte d'un réalisme irrésistible, de chercher des démarches complémentaires dans la gestion de ces contraintes aussi rigides, les unes que les autres. Car laisser, pour une économie encore en réorganisation et en profonde relance, l'arbitrage à la seule disponibilité des devises pour réguler les importations dites «sans paiement,» peut conduire au gaspillage effréné des ressources en devises procurées sur le marché parallèle de la devise au prix d'une inflation incontrôlable (même si celle-ci est actuellement maitrisée), en s'accommodant des importations sans utilité sociale, dans la production et dans la consommation. (6) Car pour l'importateur et pour l'exportateur privés formel ou informel, seul compte le profit maximisé qu'ils réalisent. Il s'agirait, alors, d'une permissivité politiquement admissible mais, à terme, elle est ruineuse de l'économie nationale en se bandant les yeux pour se donner toutes les excuses de n'avoir rien vu ; l'opportunisme politicien étant, pour l'essentiel, largement servi avant l'effondrement de l'économie nationale au bout du chemin. Ceci peut s'apparenter à une préméditation merveilleusement maquillée sans, à l'origine, s'en rendre compte ou projeter ses malfaits. Un dosage des libres importations dites «sans paiement,» comme indiqué plus haut, mais dans les limites des listes de biens et services à importer en fonction de leur utilité sociale élevée, pourrait conduire vers une optimisation des synergies dans les importations «sans paiement», tenant compte des intérêts des importateurs fabricants, des consommateurs de biens et services socialement fort utiles et une moins forte pression inflationniste qu'engendre déjà le recours débridé aux devises achetées sur le marché parallèle. Le ciblage des biens à importer «sans paiement» et un meilleur usage des licences d'importation, peuvent constituer des palliatifs utiles dans l'état actuel de l'économie nationale. Les deux nouvelles instances dont la création a été décidée le 13 avril 2025 et qui seront chargées d'encadrer les importations et les exportations, sont de nature à apporter plus de transparence et de fluidité au commerce extérieur algérien dans l'état actuel de disette en moyens de paiements extérieurs, tout particulièrement. La régularisation du commerce dit «du cabas» aura, du fait de son recours depuis toujours, au marché parallèle de la devise en concurrence avec «les importations sans paiement,» est de nature à permettre de cerner la taille de ce segment commercial, de soustraire les micro-importateurs au multiforme chantage auquel ils sont soumis à tous les niveaux de leur circuit d'importation et de faire bénéficier le Trésor public d'apports si marginaux soient-ils, sachant que ce marché est assez fructueux mais au prix de pénibles contraintes que rencontraient ses informels opérateurs. La consécration réglementaire de ces agents commerciaux en tant que micro-importateurs, valorise hautement leur statut d'agents économiques en les valorisant socialement par le bénéfice, eux et leurs petites familles, de la couverture sociale (soins et retraite) et, symboliquement, en contribuant au rôle redistributif des systèmes social et fiscal et, éventuellement, en sortant du lot de jeunes bénéficiaires de l'allocation-chômage. Ceci en plus des nobles motifs qu'a mis en valeur l'exposé des motifs du projet de décret finalement pris sous le n° 25-170 du 28 juin 2025 portant régularisation des micro-importations à réaliser par les micro-entrepreneurs, ci-haut visé. Aussi, une telle insertion serait-elle, dans la plage du moyen terme, de nature à inciter chez ces jeunes et dynamiques micro-entrepreneurs, l'esprit d'entreprenariat de nature expansive, les encourageant à créer leurs propres entreprises en tant qu'objectif ultime de la régularisation de leurs activités informelles. Comme il faudrait s'attendre à voir augmenter, sur le marché parallèle, la demande sur les devises en symbiose logique avec la quiétude que leur procurera leur régularisation pour éclore toutes leurs énergies qui étaient, du fait de leur clandestinité, fortement comprimées. La richesse nationale (le PIB) en gagnera deux longueurs : celle issue directement de la régularisation et celle qui est conséquente de l'éclosion des énergies qui étaient fortement comprimées par l'irrégularité. Notes: 1- Décret n°25-170 du 28 juin 2025. JO n°40 du 29 juin 2025. 2- Décret présidentiel n°23-284 du 1er août 2023. 3- Fonds monétaire international 4- Rapport de la Banque Mondiale du printemps 2025. 5- Marché de fait ou de juré. *Economiste, ancien ministre, docteur (Politiques économiques et sociales comparées). |
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