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Festival de la chanson oranaise : Les vétérans toujours au rendez-vous

par Ziad Salah

Dans un lieu transpirant de tous ses pores, le raï, au théâtre de Verdure portant le nom de Hasni Chakroun, la direction de la Culture d'Oran, organisatrice du Festival de la chanson oranaise, tente de promouvoir un autre style dit authentiquement oranais. La seconde soirée de cette manifestation, celle du vendredi à samedi, a confirmé cette volonté de supplanter un genre et du même coup faire oublier la délocalisation de son festival d'Oran vers Sidi Bel Abbés. Mais visiblement, le style qu'on cherche à ressusciter de sa belle mort n'a pas produit de relève d'une part et ne séduit pas le public, presque juvénile, qui a pris l'habitude d'investir le théâtre de verdure durant les festivités estivales. Ce qui a donné une soirée digne des années soixante dix que diffusait la défunte RTA à l'ère du You tube et du téléchargement numérique.

Cependant, il faut préciser que jusqu'à minuit, les jeunes et mêmes les familles, en groupe le plus souvent, ont continué à affluer pendant que d'autres quittaient les lieux. Un paramètre qui plaidera à coup sûr en faveur de la réussite de la manifestation aux yeux des organisateurs.

La soirée a démarré avec l'éternel jeune Baroudi Ben Khadda. Comme tous les autres programmés, il a chanté deux chansons, une consacrée à l'Algérie et la seconde à Oran. Tous les noms « rdjals lebled » (marabouts) ont été égrenés. En se produisant en ouverture de la soirée, ce cheikh avait un dessein derrière la tête : assurer la promotion de son propre fils, Mohamed Lamine, qui l'accompagnera durant sa prestation. L'on apprendra de la bouche du père que la composition musicale de ses deux chansons est la signature de son fils. Récompensé par un bouquet de roses, Baroudi cédera la place à El Habri, avec son accordéon. Il chantera entre autres un vieux tube de feu Benzarga, avec une tonalité franchement raï. Malheureusement, le public présent restera de marbre. Un groupe d'africains a essayé de s'accrocher à la musique mais le désintéressement du public l'a dissuadé. Une autre permanente à ce genre de manifestation a été appelée à la scène, il s'agit de Houria Baba. En déployant sa voix, lors de son exécution de la chanson « ya ould essahel » (fils de la côte), écrite par feu Sayem El Hadj, elle n'a pas réussi, ni arracher des youyous aux femmes clairsemées dans le théâtre de verdure, ni à faire bouger l'applaudimètre. C'est aussi le cas de Bachir Houari, un vétéran amateur, qui a repris une chanson d'Ahmed Wahbi. Pendant que les artistes défilaient sur la scène, le public, au lieu de sombrer dans l'ennui, a réussi à retourner la situation en sa faveur. Ainsi, le lieu, où il faisait frais, s'est transformé en espace de rencontres. Profitant de l'occasion, une nuée de gosses se sont mis à vendre les cigarettes, l'eau minérale et quelques sucreries. Pour insuffler un peu d'entrain à la soirée, les organisateurs ont fait appel à Hindo, qui s'est fait connaître en imitant les chanteurs du cinéma indien. Innovant, il a cette fois- ci parodié des poètes de différents horizons, dont un émirati, un français et un japonais. Pour retenir le public, l'animatrice a annoncé Cheb Zinou pour clôturer la soirée. Mais la lassitude, la fatigue et les problèmes de transport ont incité certains à écourter leur attente. Ainsi, la seconde soirée de la cinquième édition du festival de la chanson oranaise a été, au mieux, un remake d'une autre précédente édition.