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L'espace vert, une requête citoyenne

par El Yazid Dib

L'assemblée nationale est élue. Elle a son président. Il fait partie d'une génération appelée pourtant à partir. C'est le Président qui l'avait dit dans le discours de Sétif. Le FLN a ainsi fait perdurer un constat réprouvé par son président d'honneur.

Mais, lassitude en bout, frustration et semaine blasée la chronique va se dévier de son amorce. Parlons d'autres choses. Plus en sérieux. L'environnement. L'homme est une entité capable de vivre sous toute contrainte. Son intelligence fait de lui une espèce privilégiée par rapport à celles autour desquelles il gravite. Il évolue donc dans tout un environnement. L'environnement qui est «l'ensemble des éléments biotiques ou abiotiques ; qui entourent un individu et qui s'intéressent à la nature au regard des activités humaines, et aux interactions entre l'homme et la nature» n'est pas un vain mot. Toute la stratégie environnementale nécessite l'étude des milieux naturels, pour mieux cerner l'impact humain ainsi que la démarche à adopter afin de provoquer les éléments réducteurs à cet impact dans son volet négatif. A Sétif la nature est une autre nature dans le comportement quotidien du citadin. Depuis peu, l'on s'initie à des actions d'envergure, se disant ayant une étroite relation avec les notions de l'environnement. Planter des arbres, prévoir des bacs à ordures, semer et tailler des pelouses n'est pas en fait ; une fin en soi.

CADRE LEGAL : DES AVANCEES PROMETTEUSES

Les EIE (études d'impact de l'environnement) ont trouvé toute leur substantialité légale dans les dispositions de la loi cadre no 83-03 du 5 février sur la protection de l'environnement. Le détail applicatif s'est cependant mis en évidence subséquemment par un texte à valeur réglementaire le 27 février 1990. (Décret exécutif 90-78). En matière de texte, l'Algérie a commencé à se doter des 1974 de tout un panel juridique. Le conseil national de l'environnement a vu, après sa dissolution, le transfert de ses attributions au profit du Secrétariat d'Etat aux forets et à la mise en valeur des terres. Une Agence Nationale pour la Protection de l'Environnement (ANPE) fut créée en soubassement à ces missions en 1983. C'est dire que l'effort ne s'est point figé. Le souci de cet aspect d'environnement a fait de multiples migrations d'un ministère à un autre. Il fallait rajouter à tout cet arsenal juridique encore balbutiant toute une batterie de mesures allant de la protection de l'environnement au développement durable. Le ballotage de rattachement missionnaire se faisait du ministère de l'intérieur, à celui de l'éducation nationale, aux universités, à la recherche scientifique, jusqu'en 2007 où il fut institué organiquement un ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement. La législation nationale rentrait en droite symbiose avec les exigences universelles en la matière et se mouvait dans une flexibilité apte à satisfaire le besoin factuel.

ECOSET: «POUR UNE ECOLOGIE URBAINE»

Pour l'exemple de Sétif, ville carrefour avec le million et demi d'habitants, la tâche quant à cette protection n'est pas une aisance managériale. L'existence d'un CET (centre d'enfouissement technique), érigé en entreprise à caractère industriel et commercial, dépendant du secteur public et fonctionnant en conseil d'administration dont le wali en assure la présidence ; est une réponse adéquate et spontanée à une forte demande en la matière. Ce centre, à la raison sociale, sonnante et pimpante «ECOSET» vient tout juste de se mettre en place. Situé à quelques encablures du chef lieu de la wilaya, il s'étend sur une superficie de 54 hectares. Il dispose déjà d'une unité de tri. L'acharnement de quelques travailleurs nouvellement recrutés vient en assistance à la petite machine de presse, acquise par la direction de l'environnement ; pour nous afficher tout leur challenge à relever le défi qui s'impose à tous. Vivre mieux, sous un climat sain. Cette unité naissante, qui nécessite d'ailleurs une nouvelle ligne de traitement, fait dans la récupération et le tri, du plastique, carton et PET, en attendant leur recyclage. Cette action « participe activement d'abord à améliorer le cadre de vie du citoyen» dira son Directeur général. Car selon ce responsable, la phase récupération que ses services effectuent de concert avec les différentes communes, tend à s'inscrire outre «dans une mission économique, mais aussi dans un objectif de réduction et d'élimination de tout effet néfaste et négatif sur le milieu environnemental.» Il est unanimement connu et reconnu que la dégradation du milieu naturel au sens écologique reste invariablement sous une culpabilité humaine. Voire à son activité.

 Cette détérioration, selon certaines normes établies se mesure essentiellement par les pollutions apparentes, les traces de composés synthétisés par l'homme dans les sols, l'air et l'eau, la raréfaction des ressources naturelles, renouvelables ou pas ainsi que par la perte de la biodiversité. C'est dans ce cadre que notre interlocuteur s'évertue à nous clamer «il faudrait assurer la protection des terres, des eaux et de l'air, ce qui nous permettra de ne pas mettre en situation d'otages les futures générations. On ne doit pas les étouffer, les affamer ou les assoiffer» à faire cette similitude ô combien symbolique entre l'objet à protéger et l'effet à éviter.

ZONES ET SITES HUMIDES A PROTEGER :

Sétif est aussi une importante assiette comprenant des zones humides. Il existe selon la liste Ramsar prés de 20 sites humides naturels et artificiels dont trois seraient classés parmi les 47 sites algériens. Il s'agit du chott Melloul dans la daïra d'Aïn Oulmène, chott El Frein dans la daïra d'El Eulma et chott El Beïda dans la daïra de Hammam Sokhna. Ici les zones humides sont très nombreuses et certaines sont très importantes et n'attendent que leur valorisation et leur protection. Parmi les 21 sites humides naturels et artificiels recensés à travers l'ensemble de la wilaya, trois ont été classés parmi les 47 sites algériens sur la liste Ramsar des zones humides d'importance internationale en 2010. Il s'agit du chott Melloul dans la daïra d'Aïn Oulmène, chott El Frein dans la commune de Bazer Sakhra, daïra d'El Eulma et chott El Beïda dans la daïra de Hammam Sokhna. Ces espaces sont d'une valeur écologique inestimable. Ce qui avait poussé les autorités, d'élaborer en 1995 un riche programme à même de réduire sinon circonscrire l'avancée de l'eau saumâtre. Celui se confinait alors dans une action forestière d'envergure consistant en la plantation d'arbres appropriés, tenant lieu de digue naturelle. Cependant l'eau salée gagne toujours du terrain. Qu'en est-il aujourd'hui ? C'est l'oubli total. La tête est ailleurs, dans le centre-ville, les boulevards et la décoration futile.

UNE CITE GEREE EN CO-PROPRETE :

Quant à monsieur le Président de l'Assemblée Populaire Communale de Sétif, énarque et ancien cadre de l'Etat, il ne se prive pas de faire apparaitre tout son honneur à avoir piloté d'innombrables opérations, toutes peut être sont à son sens anodines, mais qui contribuent grandement à l'éco-équilibre des systèmes. Faire des pelouses, de l'espace vert, des jardins est un acte de suivi quotidien et son principal point fort. Le maire de la ville, justement en étroite collaboration avec le Directeur général d'ECOSET, qui ne se trouve d'ailleurs que le vice-président communal ; tient à mettre tout en œuvre afin de rendre sa ville, à la légendaire propreté, une cité où il fait bon vivre. Malgré certains hurlements de bison-futé qui ne cessent de clabauder les crevasses par-ci les nids de poules par là, la cité est propre et il fait meilleur d'y vivre. Avec ces milliers de visiteurs/jours, elle offre un beau label d'une ville qui se veut agréable, écologique et saine. «Nous avons voulu moderniser cette démarche classique qui est dévolue pratiquement à toutes les communes par un passage réussi de l'usuelle collecte à la notion de la co-propreté de la ville» nous dira le maire. Ainsi le citoyen est responsabilisé quant à la préservation des actions d'appui à l'hygiène collective. «L'espace vert est devenu maintenant une requête citoyenne» continue-t-il à nous affirmer.

LE MURIER, LE PLATANE, LE MICOCOULIER ET NON LE PALMIER !

Nous saurons qu'un programme important est inscrit au titre de l'année en cours à la charge de l'APC. Consciente de l'enjeu majeur qu'impose une telle préoccupation quant à la protection de l'environnement, la municipalité, outre ses fonctions ordinaires de salubrité publique ; aspire à édifier une pépinière dans la vallée d'Oued Boussalem. Le besoin en matière de produits végétaux serait ainsi satisfait. Il en est de même pour que le jardin Emir Abdelkader (ex-jardin d'Orléans) situé en plein centre-ville soit transformé en jardin botanique et pédagogique. Planter c'est bien, mais bien planter serait mieux si l'on s'inscrit dans une logique végétale locale. Le palmier n'est pas une espèce viable dans ces hautes plaines. Ce type, n'est pas approprié au paysage forestier et végétal de la région. Le caroubier, le mûrier, le platane, le micocoulier, forment entre autres, l'espèce la mieux indiquée qui lui sied. Ce constat es-qualité aurait été l'objet d'un rapport fait à la Société d'utilité publique sur les colonies suisses de Sétif en 1855.

LES GRIEFS D'UNE COMMUNE

On ne peut demeurer indifférent face au gâchis qui vous agresse à longueur de journée. Votre rôle de scrutateur national, voire de chroniqueur vous ébranle méchamment pour vous pousser tel un correspondant talentueux à dire, décrire, crier et décrier les affres d'une cité qui continue malheureusement à mourir. De surcroît un esprit désuet ne pourra oncques mâter la misère urbaine et le dénuement périphérique. La doctrine Universalis et la théorie sont loin de pouvoir constituer des garanties quant à la bonne gestion d'une ville. Le maire qui devait officier aux destinées de cette antique cité, métropole culturelle et industrielle ; de l'avis de tous ses enfants, jouissant d'une assise populaire due, non pas aux magouilles électorales d'une époque révolue, mais à sa hauteur de vue, sa sagacité, gagnerait à sauver le peu de nostalgie qui subsiste. L'on ne peut dessiner l'avenir d'une ville sans l'apport de ses propres enfants. Si elle meurt, c'est que ses trottoirs jadis bornés d'une pierre taillée, le sont actuellement à coup de béton, de carrelages et de dalles de sol. L'effort peu louable ainsi consenti, ne se voyait qu'au niveau des alentours de la wilaya, dire qu'il n'existe qu'un seul et unique citadin le locataire de la wilaya. Tandja, Kaaboub, Bel-air, les cités dortoirs de la ZHUN, Fermatou, El hassi, Ain etrik et autres espaces éloignés du regard «du dépositaire légal de l'autorité de l'Etat» sont dans un état tellement piteux qu'il ne peut être laconiquement exposé. La commune ne devrait pas être une situation d'égout mais de niveau. Elle sera l'expression d'un savoir-faire et une oreille attentive aux doléances mêmes intempestives de tous les électeurs. Elle ne peut dans ces cas se prévaloir d'être le cénacle de groupes ou d'un parti encore de familles. Au plan culturel, il y a tout ce qui peut vous donner l'envie ardente de changer de résidence. Au pire, se cantonner dans la parabole ou s'immobiliser dans la connexion satellisée à n'importe quel site, demeure une évasion des registres d'enregistrement des naissances. Heureusement que quelques brins d'herbettes vous enjolivent parfois la vue.