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Mercredi 8 juin, «France
24», la chaîne française d'information continue, annonce que l'ambassadrice de
Syrie en France a démissionné. La nouvelle est fausse. L'ambassadrice syrienne
accuse France 24 de désinformation. «France 24» veut minimiser les faits en se
posant comme victime d'une «provocation». Il s'agit de la Syrie. Mais Libye et
Syrie sont associées dans la même intense pression médiatique des puissances de
l'OTAN. Cette pression sur la
Syrie participe, pour l'instant, à maintenir celle sur la Libye et à y justifier
l'intervention militaire. Jeudi 9 juin, France 24, toujours, relaye le
procureur du Tribunal pénal international, et nous annonce, toute la journée, que
«la nouvelle arme de El Gueddafi est le viol». La
chaîne n'est pas avare de détails. Elle précise même qu'El Gueddafi
fait donner à ses hommes du viagra dans ce but. Peu importe l'absurdité
médicale et scientifique d'un tel argument. L'essentiel est de frapper les
esprits. En même temps, la chaine annonce que «les
forces d'El Gueddafi» ont repris l'offensive. Simultanément
à cette intense campagne de propagande les bombardements de l'OTAN sur la Libye montent eux aussi en
intensité.
LE TERRIBLE ENGRENAGE En réalité, tout cela est le signe de l'exaspération de l'OTAN devant la résistance libyenne à ses attaques. Celles-ci deviennent de plus en plus forcenées, au fur et à mesure que la crainte d'un enlisement augmente aux Etats Unis, en France, et en Angleterre. Il y a donc un engrenage qui est en train de se mettre en place pour rendre la guerre en Libye de plus en plus terrible. Tripoli est soumise désormais à un déluge de feu et on peut prévoir que l'horreur et les souffrances de la population ne vont cesser de grandir. Obama aura beau exprimer «son chagrin» ( !) comme récemment, pour les victimes civiles, pour la plupart des enfants, d'un bombardement US en Afghanistan, ou l'OTAN pourra «regretter» les «dégâts collatéraux», il sera de toute façon toujours trop tard pour tous ceux qui auront disparu dans ce bain de sang, aux frontières mêmes de notre pays. On parle déjà de 20 000 morts. Personne ne peut rester silencieux devant ce massacre, devant cette tragédie au risque d'en être complice. Il ne s'agit plus de se voiler les yeux ou de fuir le problème, en disant que c'est « El Gueddafi qui est responsable de la situation» afin d'éviter de prendre position sur la vraie question, celle de l'ingérence étrangère et de ses conséquences multiples et incalculables immédiatement et sur le long terme. Certains nous disent que «l'essentiel est d'éliminer un tyran, El Gueddafi, y compris si c'est grâce à l'intervention militaire étrangère». L'inconvénient de ce raisonnement est qu'il suppose le problème à résoudre résolu, c'est qu'il fait de l'hypothèse (la liberté pour la Libye) en même temps la conclusion, c'est qu'il présuppose que l'intervention étrangère a pour but d'instaurer la démocratie en Libye, et non une nouvelle domination. C'est la vieille thèse angélique, ou perfide, c'est selon, de l'exportation de la démocratie, thèse qui n'a jamais été vérifiée nulle part. Et pourtant, elle devrait être d'autant plus suspecte qu'elle vient des anciennes puissances coloniales. Les réunions du «Groupe de contact sur la Libye» ne sont pas d'ailleurs sans rappeler les conférences coloniales du début du 20eme siècle pour dépecer des pays ou des régions entières. Il faut rappeler que les pays occidentaux en guerre actuellement en Libye soutenaient, il y a à peine quelques mois, des régimes antidémocratiques, en Egypte, en Tunisie, et ailleurs. SOMMES-NOUS SI INGRATS ?. Aucune raison, aucun argument ne peut justifier, de quel côté du conflit et des belligérants que l'on se place, qu'on punisse toute une ville , qu'on tue des innocents, qu'on terrorise les habitants, un peuple, qu'on détruise ses infrastructures, le fruit de son labeur, et qu'on le fasse revenir des dizaines d'années en arrière comme cela a été le cas en Irak. Il n'est plus question d'El Gueddafi. Il est question désormais de la Libye, des Libyens, de tous les Libyens, de Benghazi, comme de Tripoli. Pour tourner définitivement la page d'El Gueddafi, pour la démocratie, les Libyens ont besoin de parler entre eux, et non de guerre civile et de haine avec ses conséquences sur de longues années. Ce dont ils ont besoin, c'est de se rencontrer et non de s'entretuer, et de trouver ainsi une solution qui sera nécessairement en faveur de la démocratie, de l'unité et de l'indépendance de la Libye, pour la raison bien simple que personne ne peut avoir le front d'en proposer une autre. Or il est déjà visible que l'ingérence étrangère n'a fait que créer, comme toujours, de bien plus grandes souffrances et compliquer les choses. Toute l'énergie utilisée actuellement pour soutenir une partie contre l'autre, et n'aboutir qu'à la mort de Libyens de tous côtés, aurait pu être bien mieux utilisée à imposer un compromis pacifique. L'ingérence militaire étrangère ferme toute porte de sortie du côté du régime libyen, ne lui laissant d'autre alternative que de se battre pour sa survie, tandis qu'elle réduit ou empêche l'autonomie de décision au CNT de Benghazi, dont celle de rechercher un compromis pacifique, qui se heurterait d'évidence à l'opposition des puissances de l'OTAN. Il faut donc que les peuples, mais avant tout les peuples voisins interviennent, eux, en faveur d'une solution pacifique, à laquelle aspire, sans l'ombre d'un doute, l'immense majorité des libyens. Les Libyens ont été à nos côtés pendant notre guerre de libération. Ils étaient là quand nous avions besoin d'eux. Et maintenant, nous les laissons être bombardés par les avions français, comme nous l'étions, nous. Sommes-nous si ingrats. Le peuple libyen nous envoie un SOS tous les jours, un immense cri de douleur que personne chez nous ne relaye. Va-t-on longtemps se boucher les oreilles? Pourquoi les personnalités nationales en Algérie, pourquoi les partis, les courants, les différentes sensibilités politiques nationales, les organisations algériennes de droit de l'homme n'interviennent-elles pas et gardent- elles le silence actuellement. Ce silence est plus assourdissant que le fracas des armes et des tomahawks sur la Libye. Et s'il se prolonge, il sera, un jour, très lourd sur nos consciences à tous. |
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