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Rencontre
avec Zoulikha Tahar, la réalisatrice oranaise de la
web-série «El'sardines», à découvrir bientôt sur la
plateforme d'Arte et ses réseaux sociaux.
Quand on l'a rencontrée l'année dernière à Cannes, elle nous avait longuement parlé de son projet de série «El'sardines». Douze mois plus tard, le défi a été relevé. Co-écrite avec la romancière Kawther Adimi, la web-série de la jeune Oranaise sera mise en ligne sur la plateforme d'Arte dès le 2 juin. «Trouville, près d'Oran. À six jours du mariage de sa petite sœur, Zouzou, ingénieure bio-maritime, 30 ans, célibataire, n'arrive pas à annoncer à sa famille qu'elle part le lendemain des noces suivre la course des sardines qui ont mystérieusement déserté les eaux algériennes. Entre médisances sur son célibat, séances chez une psy coiffeuse et amitié en crise, Zouzou partira-t-elle ?». Interview exclusive avec la réalisatrice. LE QUOTIDIEN D'ORAN: Comment est né ce projet ? ZOULIKHA TAHAR : Je venais de finir un court-métrage documentaire qui traite de la charge mentale, et je voulais continuer à explorer ce sujet par le biais du documentaire jusqu'à ma rencontre avec Claire Leproust, productrice chez Fablabchannel, qui m'a encouragé à passer à la fiction et à développer un scénario où les histoires de famille se mêlent à ceux de l'écologie et de l'envie d'ailleurs. LE QUOTIDIEN D'ORAN: Comment as-tu travaillé avec Kawther Adimi ? ZOULIKHA TAHAR : Kawther Adimi est arrivée sur le projet assez tôt. J'avais lu ses livres et notamment Des pierres dans ma poche que j'avais adoré. Je voulais travailler avec elle sur ma première fiction. C'était une évidence. Nous avons commencé à discuter, à échanger autour des thèmes que je cherchais à explorer, proches de ceux qui animent son écriture, et progressivement El'sardines est née. Fruit de nos expériences communes. En terme d'écriture c'était assez fluide, avec Arte qui a rejoint le projet dès le développement et dont les retours n'ont fait qu'enrichir l'univers de la série. On a passé du temps ensemble à Oran pour s'inspirer également. Je dirais qu'écrire avec Kawther a été comme marcher sur de la soie. LE QUOTIDIEN D'ORAN: Le sens de la formule en plus ! L'écriture d'une web-série diffère-t-elle de ce que vous avez écrit auparavant ? ZOULIKHA TAHAR : J'ai fait que du court-métrage documentaire avant. En plus d'être ma première mini-série, c'est ma première fiction et la première fois que je dirige de l'animation aussi. Car c'est ça qui est génial avec les séries courtes d'Arte. La liberté créative y est immense. Je voulais qu'on sente que le personnage principal, qui a envie de quitter sa famille, est déjà dans un ailleurs mental, et pour ça l'animation a été le parfait outil. Et j'ai eu la chance que ce soit fait par Aude Abou Nasr et Juliette Bonvallet, dont j'adore le travail d'illustration et d'animation. LE QUOTIDIEN D'ORAN: Comment s'est passé le tournage en Algérie ? ZOULIKHA TAHAR : Intense mais jouissif. J'ai pu tourner à Aïn El Turck, mon petit patelin, grâce à Hugo Legrand Nathan et Yacine Medkour de 2 Horloges, qui sont coproducteurs et producteurs exécutifs de la série. Ça n'a pas été de tout repos mais rien ne vaut un tournage dans l'endroit où l'histoire est née. LE QUOTIDIEN D'ORAN: Meriem Amiar tient le rôle principal, celui de Zouzou. ZOULIKHA TAHAR : Une évidence pour moi. Zouzou est un torrent d'émotion. Chercheuse en bio maritime, comme Meriem dans la vraie vie. Une pure coïncidence. Au moment du casting, quand je l'ai appris, c'était comme un signe que j'avais en face de moi la bonne personne pour ce rôle. Zouzou s'apprête donc à quitter son pays, l'Algérie, pour la première fois de sa vie, pour participer à une expédition scientifique d'une année, sur les traces des sardines. On est dans une Algérie, un brun dystopique, où depuis des mois, la sardine, le poisson le plus consommé du pays, a déserté les eaux algériennes sans que personne ne se l'explique. La famille de Zouzou ignore son projet de départ qui est pourtant prévu le lendemain du mariage de sa sœur cadette. Pour Zouzou, cette expédition est la chance d'une vie, une aubaine pour sa carrière, mais pour sa famille c'est l'enfer : elle part une année sur un bateau où elle sera la seule femme, qui voudra d'elle à son retour ? Pour les parents de Zouzou le mariage est le seul moyen de couper le cordon. Sur six épisodes on suit alors les derniers jours de cette jeune femme dans son village, son odyssée jusqu'au passage vers l'âge adulte. LE QUOTIDIEN D'ORAN: Que fais-tu à Cannes cette année ? ZOULIKHA TAHAR : Je suis venue pour animer un live podcast pour Rawiyat - SIF avec Erige Sehiri dans le cadre de la journée du documentaire au marché du film. Et pour quelques rendez-vous en perspective de mon prochain projet, un documentaire sur Robert-Houdin, star de la magie parisienne, envoyé en Algérie par Napoléon III pour effectuer de faux miracles face à des Marabouts, et démontrer ainsi la supériorité de l'Etat français sur Dieu. Mystification est un documentaire horrifique qui déplie les apparences de cette histoire, pour en sonder les horreurs cachées. Un film en co-réalisation avec William Laboury, ancré dans une volonté de dialogue. LE QUOTIDIEN D'ORAN: Après l'écofeminisme le post-colonialisme, est-ce que tu te considères comme militante des nouveaux combats ? ZOULIKHA TAHAR : Faire des films coûte cher, alors autant que cela serve des causes urgentes. |
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