
D'une voix timide
et la sensibilité de l'artiste passionnée de son métier de plasticienne
professionnelle, comme elle le précise, Mounira Bouras nous reçoit dans son
atelier, l'unique du genre, dans la wilaya, et qui fait aussi office d'une
petite galerie d'art, un lieu de travail bien entretenu, situé dans l'une de
ces ruelles de la vieille ville.
Elle nous parle
de ses débuts dans les années 2000, avec tout ce que cela comportait «de
difficultés, dans une ville où la culture en général demeure mineure»,
dit-elle. Après des études en architecture, notre future artiste peintre
s'oriente très vite, vers les arts plastiques, par vocation sûrement, des
études qui lui seront bénéfiques, plus tard, tant les deux disciplines se
recoupent, ainsi donc par le biais de cette forme d'expression artistique, B.M
veut se rendre utile pour ses semblables, une façon d'engagement pour mettre
son art au service des causes nobles, décrire la souffrance humaine, les
aspirations des petites gens, tout cela est mis en évidence, à travers les
travaux exposés dans son atelier ouvert aux visiteurs, qui parfois, par simple
curiosité viennent apprécier ses toiles d'une limpidité qui n'a d'égale que «l'âme
sincère de l'artiste fidèle à ses convictions, comme gardien des traditions
séculaires certes, mais en même temps, dans la vision dépasse l'horizon». Le
«sort du journaliste», c'est ainsi que l'artiste a intitulé l'un de ses
tableaux, inspiré d'un fait réel, la mort tragique d'un confrère, rappelle à
tous le sacrifice suprême, rien que pour dire la vérité. «Rendre hommage à la
profession ô combien risquée de journaliste, témoin de son époque». La
discussion à bâtons rompus s'étend, peu à peu, à d'autres facettes de la vie
dont B.M en a fait un filon intarissable. Ses faits divers dramatiques qui font
l'actualité lui inspirent une palette de sujets qu'elle traite dans des œuvres
avec respect. Au détour de la discussion, elle nous dira «j'ai une pensée grandiose
pour tous ceux qui se sont sacrifiés pour les autres et parmi eux les artistes»
et d'ajouter «mon œuvre aussi modeste soit-elle est également une
représentation de moi-même, telles les pièces d'un puzzle qui, une fois
assemblé, laisse extérioriser ce qui me touche le plus, dans mon esprit, ma
sensibilité». Beaucoup de valeurs universelles lui tiennent à cœur, ainsi l'art
est une chance unique, très intime pour communiquer des préoccupations. «Je
cherche la reconnaissance et non la célébrité, chose éphémère à mon sens, la
simplicité et non l'apparat» dit-elle. De son regard, elle montre, deux toiles
sorties directement d'une quotidienneté pas toujours rose, le drame des
«Harraga» et celui du divorce où la femme réapparaît dans sa douleur, son
combat, pour s'émanciper du carcan des faux jugements. Ainsi B.M pense être en
phase avec la société. Originalité et créativité technique et thématique
semblent être son crédo. Son exposition personnelle, en 2011, à Sétif était une
nouvelle expérience dans son parcours. Mounira Bouras a la tête pleine d'idées,
en dépit des contraintes financières, d'aller de l'avant, écrire des poèmes
pour enfants, amorcer une carrière de critique d'art, l'analyser, le commenter,
c'est son espoir. Ammi Larbi, le poète intervient pour apporter son grain de
sel, lui qui a vu démarrer l'artiste. «Mounira mérite toute l'attention qu'il
faut ne serait-ce que pour sa gentillesse et surtout son talent»