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En l’absence d’une prise en charge effective dans notre pays, des patients algériens découvrent une nouvelle destination pour se soigner, plutôt pour survivre à la terrible maladie, le cancer. Après la France et la Belgique, destinations les plus fréquentés jusque-là par les Algériens, les regards sont aujourd’hui braqués sur la Turquie. Pas moins de 700 patients algériens se sont faits traiter en 2014, à titre particulier, au centre médical Anadolu à Istanbul. Ils ont sollicité les services de cette structure pour des traitements de radiothérapie et de chirurgie cardiaque.
Le centre de médical Anadolu, qui a une affiliation avec le meilleur hôpital aux Etats-Unis «Johns Hopkins Medicine», offre aux malades turcs et étrangers les dernières technologies de pointe pour combattre le cancer et un traitement de qualité pour la chirurgie cardiaque. Du point de vue des moyens et de la qualité de soins, l’hôpital Mustapha Pacha et le centre Pierre et Marie Curie (CPMC) sont loin de rivaliser avec Anadolu mais, faut-il le souligner, le séjour et le traitement thérapeutique dans cette structure coûte une fortune. Même les plus nantis ne peuvent pas se le permettre. Mais une question se pose : les parents des patients peuvent-ils résister, en restant impuissants, à la souffrance de leurs proches, en attendant la mort ? Mais comment se fait-il que des patients puissent avoir à débourser des sommes aussi importantes pour se faire traiter ? Et où s’arrête la responsabilité de l’État en matière de couverture des soins médicaux notamment pour le traitement du cancer ? Et qu’attendent les organismes de sécurité sociale en Algérie pour venir en aide à plusieurs familles qui ont été obligées de faire une collecte d’argent auprès de leur familles, amis, voisins et certains dans les mosquées pour survivre au cancer. L’ambassade de Libye a signé en 2014 une convention avec le centre Anadolu pour faire soigner les cas les plus compliqués de patients libyens. Idem pour l’Irak qui, depuis 2008, traite ses patients en Turquie sur la base d’une convention signée entre les deux pays. Les parents d’un jeune Algérien âgé de 20 ans de Baraki, rencontré au centre médical d’Anadolu ont affirmé qu’ils ont été obligés de vendre leurs biens, et sollicité leurs proches et les fidèles dans les mosquées pour collecter de l’argent afin de payer les frais d’hospitalisation. Tout a commencé par une simple infection dentaire pour que le jeune Algérien après avoir traîné d’une structure sanitaire à une autre, a découvert qu’il a été atteint d’un cancer. La maladie lui a fait perdre sa mâchoire et elle devait lui prendre son œil. «Lorsque j’ai appris que les médecins ont décidé de lui enlever un œil pour traiter le cancer, j’ai donc sollicité toutes les personnes que je connaissais pour m’aider à soigner mon fils à Anadolu», affirme avec amertume le père du jeune qui n’a pas voulu dévoiler son identité. Il faut savoir que ce cas n’est pas une exception. Il n’est en effet pas rare que des patients aient à payer de faramineuses factures pour s’offrir un traitement dans ce centre. Kadour Benkada a, pour sa part, accompagné son frère, atteint d’une tumeur rare, «le Sarcome» au centre médical Anadolu. Dans son témoignage, Kadour Benkada raconte que son frère a été victime d’une erreur médicale qui a été suivie de 16 opérations consécutives en un an, à Oran. Il fut transféré pour des soins en France par le biais de la sécurité sociale en Algérie. Mais, le patient a décidé de retourner en Algérie, avant la fin du traitement. Un coup de tête qui lui a fait perdre une couverture sociale et une prise en charge dans les hôpitaux de France. Pour le frère de Kadour, le centre médical d’Anadolu était son ultime recours, mais cette fois-ci, le patient devait lui-même supporter tous les frais du traitement. Le frère du patient a affirmé que son frère a eu le soutien de toute la famille et de son patron mais, dit-il, «on aurait souhaité que les services de sécurité sociale supportent ne serait-ce qu’une partie des frais». Et de poursuivre «sincèrement, je pense à ceux ayant un revenu faible et à ceux qui n’ont pas le soutien de leurs proches», a-t-il souligné en regrettant le fait que notre pays n’a pas pu se permettre un hôpital comme celui du centre médical «Anadolu». Un autre patient algérien venant de Larabaa, a affirmé en pleine séance de chimiothérapie qu’au bout de trois séances, il trouve du mal à poursuivre le traitement, faute de moyens. Pourtant, affirme-t-il, «je suis issu d’une famille aisée». Nous avons rencontré une femme atteinte d’une tumeur qui, après avoir effectué deux opérations en Algérie, a fui les structures hospitalières refusant d’effectuer une radiothérapie en Algérie. Ayant traîné quelques semaines, et en l’absence de «communication constructive» avec son médecin, la tumeur à vite repris et elle se trouve à Anadolu pour une autre chirurgie. A la veille de son opération, la patiente a voulu lancer un appel pour les autorités algériennes. «Je les sollicite pour qu’elles donnent une chance au malade pour survire». Les patients algériens rencontrés en Turquie ont tous affirmé qu’en Algérie, les doses de traitements pour des séances de chimiothérapie ne sont pas souvent respectées. Et pour la radiothérapie, le manque de moyens modernes est parfois à l’origine de destruction des cellules saines. VERS LA SIGNATURE DE CONVENTIONS ENTRE ANADOLU, L’HOPITAL DE AÏN NAADJA ET LA CNAS La directrice du service international du centre médical Anadolu, Asli Akyavas, a affirmé que des discussions ont eu lieu avec les responsables de la sécurité sociale en Algérie et avec un professeur de l’hôpital militaire d’Aïn Naadja. Des discussions et des négociationspour la signature de conventions entre le centre et les autorités algériennes. Mais, la directrice précise que les autorités algériennes veulent une convention pour la chirurgie cardiaque pédiatrique. Elle explique que les autorités algériennes ne semblent pour le moment pas intéressées par des conventions dans le domaine de l’oncologie. Pourtant la demande est importante dans le domaine. Et le centre dispose des dernières technologies de pointe pour combattre cette maladie. LE CYBERKNIFE POUR UN TRAITEMENT DU CANCER CIBLANT SON OBJECTIF Le centre médical Anadolu dispose des moyens technologiques les plus révolutionnaires dans le traitement du cancer. Le professeur de département d’oncologie, Kayihan Engin, explique que le système cyberknife utilisé pour appliquer des procédures de planifications basées sur l’image, est l’une des formes les plus avancées de la radiothérapie médicale. Il précise qu’il est l’un des moyens les plus sûrs pour traiter les tumeurs de façon non invasive. En fait, le cyberknife est conçu pour détruire les tumeurs en provoquant un dommage minimum aux tissus environnants. Le centre médical Anadolu est le quatrième centre médical en Europe à acquérir cette technologie. Le professeur a affirmé que le cancer en Turquie n’est plus une maladie mortelle, comme ce fut le cas depuis 15 ans, notamment avec l’acquisition des traitements et de moyens de pointe. DES AVANTAGES POUR ATTIRER DES PATIENTS ALGERIENS Le centre médical Anadolu veut renforcer sa position en Algérie en attirant davantage des patients algériens, notamment en chirurgie cardiovasculaire et en oncologie. Le but est de concurrencer les hôpitaux français qui jusque-là sont très sollicités par les Algériens. Les prix des traitements des différents domaines et d’examens sont 20 à 30% plus bas qu’en Europe. Pour séduire, Anadolu collabore avec la Turkish Airlines pour accompagner les patients algériens, une réduction de 30 à 40 % est offerte pour les patients du Maghreb. Contrairement à la France, la Turquie octroie des visas en 24 heures au patient et à deux de ses accompagnateurs. Un hôtel pas très loin de l’hôpital est au service des patients, avec une navette gratuite qui achemine tous les jours les patients de l’hôtel à l’hôpital avec l’assistance permanente d’un traducteur (arabe, français, anglais). |
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