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A l'inverse du
second auteur présenté, un très vieux routier de la plume et de la presse, le
premier, à le voir, on n'arrive pas à croire qu'il a déjà parcouru un long, un
très long chemin dans la gouvernance du pays. Il fait encore jeunot ! Si jeunot
que les «vieux loups» de la politique» ont cru, un moment, qu'il pouvait en
faire ce qui leur plairait, le manger «à leur sauce» en cas de?La surprise a dû
être de taille, de ce côté ?ci, pour tous d'ailleurs, lorsqu'il a démissionné du
poste de Chef de gouvernement. Eh oui ! Nos «anciens» avaient totalement
oublié, enfermés dans leurs multiples bulles avec leurs «conseilleurs», que la
plupart des (bons) cadres gestionnaires du pays sont des personnes d'une toute
autre génération et, surtout, doués d'autres comportements beaucoup plus moraux
(en tout cas moins «intéressés») et assez technocratiques, c'est-à-dire voulant
accomplir leur mission avec responsabilité et avec le maximum d'efficacité et
de rationalité.
Il en a été ainsi avec Ahmed Benbitour. De 1991 à 2000, la période du pays la plus difficile pour ce matheux, commis de l'Etat, mais aussi période la plus formatrice, il a travaillé avec cinq chefs d'Etat dans trois modes de gouvernement différents, avec cinq chefs de gouvernement, avec trois portefeuilles différents? lui-même chef de gouvernement, sénateur et président de commission... Officier de réserve de l'ANP dans le cadre? de son service national? Retraité... à 54 ans. Qui dit mieux ? (Si, pour les retraités, ce n'est pas ça qui manque. Allez à la rue Ferhat Boussâad, ex-Meissonnier, à Alger, entre autres lieux, tous les vendredis matins, et vous ferez votre «marché»). Aujourd'hui, il a déjà «commis» plusieurs ouvrages dont le plus important, à mon sens, est bien celui dans lequel il se livre et se raconte : Radioscopie de la gouvernance algérienne, un livre édité en 2006, mais revu et augmenté en 2011. Il dit tout?ou presque tout avec cette fâcheuse manie de ne pas donner les noms des protagonistes, ce qui rend difficile aux très jeunes lecteurs, ainsi qu'aux vieux, déjà oublieux d'un passé récent qu'ils n'aiment peut-être plus, de mettre un nom sur un responsable évoqué. Voilà qui ne fait pas avancer l'Histoire, tout ça ! Lucide, réaliste, raisonné, compétent, capable, sincère... mais, un «peu beaucoup» politiquement naif (comme nous tous, alors «jeunes cadres dits supérieurs de l'Etat», mis à part quelques «loups» et «autres clones» déjà aux dents bien longues ). En tout cas, au moment où il s'est «lancé» en politique. Il pensait sincèrement que le système «ne pouvait changer que de l'intérieur». Ses propositions se tenaient, théoriquement et mathématiquement, presque toutes, à l'exemple de celle des «trois étapes» (2001-2017 : Endiguement de la crise d'un an / Transition politique et économique vers la démocratie et vers l'économie de marché de cinq ans / Consolidation de la transition de dix ans), mais elles n'ont reçu aucun écho de la part de la hiérarchie. Trop compliquées et surtout, trop longues pour ceux qui géraient l'instant plus que le futur et administraient plus qu'ils ne gouvernaient... et pour ceux, de la fameuse société civile (citoyens y compris) qui pensaient surtout à «survivre». Beaucoup trop de «transitions». Beaucoup trop de schémas directeurs. Sur-évaluation excessive des capacités d'écoute des uns et des capacités de mobilisation des autres. Ne lui (nous) reste plus qu'à «prier pour le bien de la nation et à prendre le peuple à témoin»? et à écrire. Amen ! Boubekeur Hamidechi est un véritable «écorché vif». Râleur impénitent, éternel «indigné», lecteur essentiellement et pas du tout écrivain, dit-il, mais modeste comme «pas un». Il a toujours refusé de «sortir» de sa page de journal et d'éditer ses chroniques, trouvant l'écriture journalistique plus en phase avec ses lecteurs et les idées et les impressions qu'il veut transmettre. Il a donc fallu l'insistance des ses amis comme Zoubir Souissi qui a, d'ailleurs, signé une succulente préface. De 2004 à 2010, il a «balayé», sans pitié, le champ politique et socio-économique du pays, souvent avec humour et dérision, parfois avec une rage contenue, mais toujours avec art. Et, Dieu sait que ce champ était (il l'est encore !) difficile à appréhender, et non sans risques. Pour le journal qui prend l'immense et délicate responsabilité de publier les écrits. Pour l'auteur qui peut être «attendu au tournant», lorsque l'on s'en approche un peu trop. Encore que, dans notre pays, il faut le reconnaître, le champ politique est devenu, malgré les lacunes encore existantes, bien moins «miné» que le champ économique, commerçant et affairiste. Pour bien moins que ça, des journalistes ont «vécu l'enfer» Quelques titres (ou sujets) : «La Démocratie veuve», «Le terrorisme, guest-star de la paix», «Exils définitifs et mirages du pouvoir», «Le président entre avant et après», «La tragique solitude d'une presse libre», «Deniers du culte et monumentale tartuferie»», «l'arabisme, une malédiction identitaire», «Berbérité, l'éternelle suspicion des régimes», «Foot-foutoir», «Boumediène est-il une référence taboue ?», «Mirage des stades, misère d'un peuple»,? 114 chroniques. 114 problèmes présentés et disséqués avec des solutions ou esquisses de solutions. La chronique est, avec le billet, un genre consommé du journalisme, destiné surtout aux fins gourmets de l'info'. B.Hamidechi, Z. Souissi (il y a si longtemps...), M. Farah (de nouveau), K. Benkara, H. Lâalam, M. Hemici, S. Bouakba, M. Hammouche, C. Amari, K. Daoud... et bien d'autres. Avec nos caricaturistes. Les «snippers» du journalisme. Longue vie à tous... ainsi, d'ailleurs qu'aux cibles ! |
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