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Les Algériens n'ont pas démérité

par Adjal Lahouari

Comme on ne change pas une équipe qui gagne selon le principe quasi sacré, Benchikha a reconduit le même onze qui a entamé le quart de finale contre l'Afrique du Sud. Il restait à savoir si les paramètres énoncés avant ce derby maghrébin allaient faire pencher la balance du côté algérien. A savoir, le jour de repos supplémentaire dont ont bénéficié les Verts, le tartan où ils avaient forcément des repères par rapport à leurs rivaux tunisiens, et, enfin, le fait que le onze de Tunisie n'est pas un inconnu pour le coach Benchikha. Celui-ci a insisté sur plusieurs points, à savoir gagner les duels et soigner le jeu collectif. Or, comme sept de ses poulains étaient sous la menace d'un second carton jaune qui les priverait d'une finale éventuelle, l'entraîneur algérien a balayé ce paramètre, demandant à ses poulains de donner le meilleur d'eux-mêmes. L'écho qui lui a été renvoyé par les joueurs a dû le réconforter en ce sens que chaque élément a fait abstraction de cette «épée de Damoclès», en ne pensant qu'à l'intérêt de l'équipe.

 Sur le plan de la stratégie, Benchikha a opté carrément pour le 4-4-3 lorsque l'équipe d'Algérie était en possession du ballon. Cette disposition devait se transformer en 4-5-1 lorsque le ballon était dans les pieds adverses. Des consignes individuelles ont été données à Meftah chargé de surveiller le plus dangereux attaquant, à savoir Dhaouadi, tandis que Laïfaoui avait pour mission de muscler l'autre attaquant, Gasdaoui. Il va sans dire que c'est sur l'application de ces consignes que l'on devait juger nos représentants, surtout ceux du trio du milieu Metref, Lemouchia, Messaoud. Le premier très technique et doté d'un tir puissant aura été dispensé des tâches défensives, même si par réflexe, il a fait sa part de boulot dans ce domaine.

En fait, et ce n'est un secret pour personne, c'est à Lemouchia, en raison de ses qualités et de son expérience, que revenait le rôle de «premier écran» devant la défense, alors que Benchikha misait beaucoup sur Messaoud pour être l'animateur du milieu derrière le duo Djabou-Soudani. Et si le Sétifien Hadj Aïssa n'a pas été titularisé au coup d'envoi, c'est parce que Benchikha misait sur le scénario qui a plané sur le match Algérie-Afrique du Sud où Hadj Aïssa a été le stabilisateur de son équipe face à des Bafana-Bafana qui sont tombés dans le piège de la précipitation.

Le match a tenu toutes ses promesses entre deux équipes aux styles différents. Dans ce genre de débat, et en dépit de l'aspect éminemment collectif, ce sont les individualités qui font la décision. Du côté tunisien, c'est Gasdaoui qui s'est infiltré dans la défense algérienne, déjouant la surveillance de l'axe central Laïfaoui-Maïza. Quant à l'égalisation algérienne, elle fut un modèle du genre et s'est matérialisée par un maître tir des 35 mètres de Djabou. Cette réalisation fut des plus méritée, dans le sens où c'est l'équipe algérienne qui a développé le meilleur jeu et acculant la défense tunisienne qui fut très peu regardante sur la façon d'écarter le danger. La fatigue s'est fait sentir dans les deux camps dans des prolongations crispantes au possible, marquées par des maladresses devant les deux gardiens et des arrêts de jeu. Il restait l'épreuve des tirs au but où ironie du sort, c'est sans doute le joueur algérien le plus habile techniquement qui donna le ballon dans les mains du keeper tunisien Jediri. Certes, la déception de rater la finale est réelle, mais il n'empêche que ce groupe a montré son potentiel. C'est dans ce dernier que Benchiha pourra puiser pour étoffer l'effectif de l'équipe nationale A.