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Débat :
Quand l'Amérique détourne le regard : pour un rapport annuel indépendant sur les Droits de l'homme aux États-Unis
par Salah Lakoues ![]() Alors que Washington multiplie
les leçons de morale aux autres nations, les voix critiques rappellent que les
États-Unis ne sont pas exempts de graves atteintes aux Droits de l'homme et à
la liberté d'expression.
S'inspirant de la réflexion d'Akli Ourad, certains appellent désormais à la création d'une ONG internationale chargée de produire, chaque année, un rapport indépendant sur la situation réelle des libertés aux États-Unis. L'analyse d'Akli Ourad, centrée sur le rapport 2024 du Département d'État américain sur les Droits humains, dénonce une posture illégitime, biaisée et profondément hypocrite des États-Unis lorsqu'ils s'arrogent le droit de juger les autres nations. Le « rapport 2024 » du Département d'État, comme ses prédécesseurs, illustre une instrumentalisation politique des Droits humains par les États-Unis. En s'érigeant en juge suprême, sans mandat international, tout en faisant preuve d'un double standard flagrant, notamment en ménageant Israël au Moyen- Orient, les États-Unis sapent leur propre crédibilité et compromettent la cause universelle des Droits humains. L'analyse d'Akli Ourad, centrée sur le rapport 2024 du Département d'État américain sur les Droits humains, dénonce une posture illégitime, biaisée et profondément hypocrite des États-Unis lorsqu'ils s'arrogent le droit de juger les autres nations. Akli Ourad invite ainsi à s'interroger non seulement sur la vérité des faits mais aussi sur la légitimité de ceux qui prétendent porter la parole morale internationale. Cette remise en cause est d'autant plus cruciale dans un contexte où la souffrance des peuples comme celui de Gaza est occultée ou instrumentalisée pour des intérêts géopolitiques. Quand les États-Unis jugent le monde, qui les juge eux-mêmes ? Vers une ONG indépendante pour les Droits humains aux États-Unis inspirée par l'analyse incisive d'Akli Ourad sur le rapport 2024 du Département d'État américain, cette tribune interroge la légitimité de ces rapports unilatéraux qui jugent le monde en matière de droits humains, tout en occultant scandaleusement les réalités à Gaza et en fermant les yeux sur les propres failles des États-Unis. Chaque année, le Département d'État américain publie un rapport mondial sur les Droits humains. Ce document se présente comme un baromètre universel de la liberté et des atteintes aux droits fondamentaux sur tous les continents. Pourtant, qui a donné aux États-Unis le droit exclusif de jouer ce rôle de juge moral planétaire ? Plus encore, qui surveille les droits humains sur le sol même américain ? Ce rapport annuel, loin d'être un simple état des lieux, est avant tout un instrument politique. Il dénonce régulièrement les « États voyous », mais épargne systématiquement Washington et ses alliés stratégiques, même lorsque ceux-ci sont auteurs de violations graves du Droit international. L'exemple le plus frappant est le rapport 2024, qui, sous couvert d'objectivité, fait fi des massacres à Gaza, de la famine organisée par le blocus israélien, des destructions d'hôpitaux, ou encore des assassinats ciblés de civils et de journalistes. Pire, il passe sous silence plusieurs mandats d'arrêt internationaux, émis contre des responsables israéliens pour crimes de guerre. Cette posture à deux poids deux mesures révèle une hypocrisie politique flagrante. En prétendant défendre les Droits humains universels, ces rapports servent, avant tout, la diplomatie américaine, protégeant ses alliés et stigmatisant ses adversaires. Ils deviennent alors de puissants outils d'influence, mais perdent leur capacité à être une source crédible et juste d'information. En parallèle, les États-Unis ne sont pas exempts de graves atteintes aux Droits humains. En 2025, des ONG indépendantes ont documenté plusieurs violations particulièrement préoccupantes : un recours disproportionné et meurtrier à la force policière, notamment envers les populations noires ; des interdictions d'entrée arbitraires envers des ressortissants de plusieurs pays affectant familles, étudiants et travailleurs ; de fortes restrictions des droits reproductifs, dont des interdictions partielles de l'avortement dans plusieurs États ; la répression de manifestations pacifiques ; des détentions arbitraires prolongées, notamment à Guantánamo ; ainsi que des discriminations structurelles persistantes envers les minorités et des populations autochtones, sévèrement exposées à des inégalités environnementales. Ces faits soulignent la nécessité urgente d'une évaluation impartiale de la situation intérieure américaine. Face à cette asymétrie, la question majeure se pose : si les États-Unis aspirent à jouer ce rôle de « gardien des Droits humains », ne doivent-ils pas d'abord être prêts à regarder leur propre maison ? C'est pourquoi la création d'une ONG indépendante, chargée de produire un rapport annuel rigoureux, transparent et participatif sur les Droits humains et la liberté d'expression aux États-Unis, apparaît comme une nécessité vitale. Cette organisation pourrait favoriser un travail d'autocritique démocratique, mobiliser la société civile américaine, entendre toutes les voix et exposer, avec impartialité, les défis réels du pays. Un tel rapport alternatif renforcerait la crédibilité même de la cause des Droits humains. Il ouvrirait un dialogue sincère sur les progrès et les réformes indispensables, encourageant enfin une défense universelle et juste des droits fondamentaux à l'échelle mondiale. Dépassement des rapports officiels partis-pris et soumis aux ambitions géopolitiques, l'initiative ouvrirait la voie à une authentique responsabilité morale, aussi bien envers autrui qu'au sein même des puissances qui veulent prétendre à un rôle de modèle. Car la défense des Droits humains ne saurait se réduire à pointer les failles à l'extérieur. Elle commence par un travail de vérité, de transparence et d'exemplarité à l'intérieur, avant de prétendre à juger le monde. |
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