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![]() ![]() ![]() ![]() Entre les départs de certains ministres et le maintien d'autres, il y a
une manière de gérer les affaires de l'Etat que Bouteflika est seul à
comprendre.
Ce qui n'empêche pas les observateurs de se trouver des grilles de lecture qui, disent-ils, doivent inévitablement reposer sur tout ce qui s'est passé depuis 1999, année de l'arrivée de Bouteflika à la tête de la présidence de la République, pour pouvoir être « quelque peu » précises. Le départ d'Abdelhamid Temmar du ministère de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement (MIPI) laisse croire que le président a voulu l'empêcher de «toujours contredire» l'ordre disciplinaire qu'il a imposé au sein de l'Exécutif et dont Ahmed Ouyahia en est le surveillant. Il est utile de rappeler que Temmar n'a pas géré le processus de privatisation comme le voulait Ouyahia. On en veut pour preuve le rapport fait l'été 2008 par ses soins et qui a donné des arguments au président pour tomber à bras raccourci sur Temmar. L'on remarque que ce dernier, s'il n'est pas conseiller à la présidence, il est ministre «quelque part». Ce qui laisse admettre que quel que soit le poste qu'il occupe, il reste, disent ceux qui connaissent les rouages du pouvoir, l'ami du président même s'il trouve un malin plaisir à le tancer quand il s'agit d'expliquer les inepties qui caractérisent la gestion du gouvernement dans son ensemble. Ceux qui le connaissent disent de Temmar que c'est l'un des rares ministres qui osent prendre des décisions. «Il est comme l'a toujours été Abdelatif Benachenhou qui n'attendait pas qu'Ouyahia l'autorise pour décider», nous dit-on. Le rappel du rejet par le Premier ministre de la stratégie industrielle confectionnée sous les auspices de Temmar conforte cet état d'esprit. Si Ouyahia l'avait jugée comme étant une non stratégie pour n'avoir pas bénéficié de l'aval du Conseil des ministres, Temmar l'a bel et bien mise en exécution avec cependant un léger bémol, celui de l'avoir amputée du chapitre consacré à la place des investissements directs étrangers (IDE). Chapitre qui, rappelons-le, avait irrité les hommes d'affaires qui refusaient de voir l'économie nationale en attente d'hypothétiques IDE. L'on dit cependant que la décision qui a le plus exaspéré le Premier ministre, c'est celle de l'accord qu'a conclu Temmar avec la firme française Renault par lequel cette dernière devait venir construire des automobiles en Algérie. «Temmar fera de la prospective comme il l'a fait de la stratégie industrielle» «Si le contrat avait été retenu, Renault avait promis de faire sortir sa première «Logan» algérienne en cette fin d'année suivie de la «Symbol» mais il a été annulé sous prétexte qu'il a été conclu en contradiction avec les lois du pays», nous dit-on. Temmar a aujourd'hui «la prospective» qu'il gérera avec l'aide de Sid Ali Boukrami qui était commissaire à la planification. Il est donc demandé aujourd'hui à l'ex-MIPI de faire de la prospective, de planifier pour l'économie «comme il a élaboré la stratégie industrielle à la mise en œuvre de laquelle tous les ministères contribuent», disent nos sources. Son remplacement par Mohamed Benmeradi prouve, s'il en est, que le MIPI a besoin d'un «bon exécutant» des directives du pouvoir et non d'un politique. Connu pour avoir été à la tête de la direction des Domaines depuis de longues années, Benmeradi est jugé «bon gestionnaire» à qui on rajoute le qualificatif de «fils de famille.» Comme tout commis de l'Etat, Benmeradi est connu pour acquiescer et non pour contredire. Sa nomination est, faut-il le reconnaître, est une bonne chose pour quelqu'un qui a su gérer convenablement une carrière de technocrate. Le départ de Chakib Khelil du ministère de l'Energie est tout de suite lié aux effets des scandales qui ont secoué le groupe Sonatrach. Mais, en haut lieu, il n'est pas vu ainsi, même si l'on soutient que «c'est mieux qu'il soit en dehors qu'en dedans». Mais c'est justement ce qui intéresse Khelil qui, selon nos sources, avait demandé à partir « dès que je terminerais les travaux du GNL 16.» Un haut responsable nous disait hier que «dans les grandes démocraties, l'inculpation d'un ministre est un signe de bonne santé du système même s'il ne fait pas de la prison, mais chez nous, on fait tout pour dégager sa responsabilité, alors on le fait partir». Parce que, relève-t-on, «si on voulait faire du départ de Khelil une sanction, on aurait aussi fait partir Ghoul pour les scandales de l'autoroute Est-Ouest, Smaïl Mimoune pour ceux de la pêche avec les Turcs ou alors Khalida Toumi pour tout ce qui s'est dit et a circulé à propos de l'année de l'Algérie en France, on aurait dû au moins ouvrir des enquêtes, mais rien n'a été fait, le pouvoir voit les choses bien autrement.» Halim Benattallah, cet autre commis de l'Etat, revient par la grande porte après avoir été dernièrement ambassadeur d'Algérie dans la capitale de l'Europe, Bruxelles, mais après avoir surtout eu à négocier l'accord d'association en tant que chef de la délégation des négociateurs algériens alors qu'il était directeur général Europe au niveau du ministère des Affaires étrangères. Le retour d'un négociateur A ceux qui lui reprochent d'avoir «mal négocié» l'accord, ses responsables répondent que sa signature n'a jamais dépendu de lui mais «c'était une décision politique que Bouteflika voulait consacrer comme premier acte de la levée de la mise en quarantaine que l'Algérie avait longtemps supportée.» Benattallah, s'il a à s'occuper de la communauté nationale à l'étranger, il sera certainement sollicité par le MAE pour renégocier l'accord comme convenu avec l'Union européenne, lui qui en connaît tous les tenants et aboutissants. La (ré) institution du ministère de la Communication est un acte en soi qui n'augure pas forcément de bons lendemains pour la liberté de la presse et de la parole. Il était devenu cependant nécessaire de le faire pour faire taire le ridicule. Il faut savoir en effet que, depuis la disparition du ministère de la Communication, la nomination du secrétaire d'Etat pour le secteur n'a jamais été faite juridiquement. Le secrétaire d'Etat n'existait ainsi qu'en appellation. Mieux, ce dernier continuait de travailler avec une documentation et des cachets du ministère de la Communication. Au-delà des inepties administratives dans lequel il a été précipité, le secteur de la communication est aujourd'hui dirigé par Nacer Mhel, l'ex-DG de l'APS pour réanimer une fonction, «le service public» qui s'est dangereusement confondu à des effets d'opportunisme sans pareils. C'est une nomination qui est vue comme une consécration tant Mhel est l'un des rares de la communication qui y est resté alors que tous ses pairs ont versé dans les affaires, y compris en éditant des journaux privés. L'on ne doute pas, comme le soulignent nos sources, que l'ex-DG de l'APS est aujourd'hui ministre pour «servis rendus.» Mais il faut lui reconnaître que, disent-elles, «c'est un professionnel qui, de surcroît, n'a jamais quitté le métier. On attend de lui qu'il réhabilite le service public, si le pouvoir le lui permet, bien sûr.» |
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