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Vieux bâti: Des habitants bloquent la rue Larbi Ben M'hidi

par Houari Barti

La rue Larbi Ben M'hidi, une des principales artères du centre-ville, a été complètement fermée à la circulation hier, au moins durant trois heures, par des familles habitant une bâtisse menaçant ruine située à la rue Mahatma Gandhi. Tout indiquait les prémices d'une émeute. Des pneus sont brûlés et des blocs de pierre sont déposés au milieu de la chaussée. Située au numéro 9, rue Mahatma Gandhi, la bâtisse en question est connue par les différents services chargés du vieux bâti. Le secteur urbain, les services de la daïra ou encore ceux de la wilaya d'Oran connaissent très bien les quelque 30 familles qui y habitent. Elles ont été à maintes reprises recensées et même priées d'évacuer sans délai les lieux qualifiés de « hautement dangereux » comme l'attestent les différents arrêtés de péril établis par les services techniques. D'ailleurs, certaines familles avaient été contraintes d'élire domicile depuis mai 2008 et pour plusieurs mois sous une tente dressée devant l'entrée de l'immeuble, avant qu'elles ne décident de regagner de nouveau leurs logements en ruine vu que les conditions météo ont été assez clémentes ces derniers mois. Mais, depuis hier, la situation a de nouveau empiré dès la chute des premières pluies pour leur rappeler leur triste réalité. Aux environs de 10 heures, un incendie, dont l'origine serait un court-circuit survenu au niveau des câbles électriques, se déclare au niveau de l'immeuble. Une grande panique s'empare des familles. Selon certains témoignages, les flammes menaçaient même les commerces mitoyens et les dégâts auraient pu être graves s'il n'y avait pas l'intervention rapide de la Protection civile. Une quinquagénaire en état de choc a dû être évacuée par les riverains au service des urgences médicales du CHU d'Oran. C'est la goutte qui a fait déborder le vase. « Jusque là, on avait décidé de prendre notre mal en patience. Nous recevons des promesses depuis mai 2008.

 On a bouclé l'année et entamé une nouvelle et on ne voit toujours pas le bout du tunnel. C'est facile de demander aux gens de faire preuve de patience quand on est soit même à l'abri. C'est facile de dormir tranquillement quand on est avec ses enfants bien au chaud. Ce n'est pas notre cas. Nous on vit constamment sous la menace. Cela ne peut plus continuer. Et s'il faut aller en prison juste pour avoir défendu le droit de vivre en paix, je suis prêt à y aller », lâche un des jeunes à l'adresse du représentant des services d'ordre, venu négocier avec les protestataires pour les convaincre de libérer la voix publique à la circulation.

Tout au long de ces discussions, les policiers font preuve de beaucoup de psychologie. Des personnes parmi les familles tentent également de calmer les esprits chauffés. Personne n'a intérêt à ce que les choses dégénèrent.

Les protestataires demandent à parler au chef de daïra en personne.

 Les représentants des services d'ordre continuent d'exiger d'abord de libérer la voie publique à la circulation. « Pas question. On ne bougera pas d'ici tant que le chef de daïra n'est pas là pour nous donner un engagement ferme de relogement ». C'est l'impasse ! Peut-être que non. Le maire d'Oran arrive. Sa simple présence apaise les tensions. Il s'engage à intercéder auprès du chef de daïra afin de recevoir les représentants des familles. Il s'engage également à recaser temporairement les familles dont les habitations représentent une grande menace. Le calme revient. Un calme précaire.